Les couples partenariés pourront célébrer leur union dans l'Eglise vaudoise cette année encore

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Les couples partenariés pourront célébrer leur union dans l'Eglise vaudoise cette année encore

23 septembre 2013
Les réformés vaudois ont inscrit dans leur règlement un rite pour les partenaires enregistrés. Les premiers couples de même sexe pourront célébrer leur union dans l'Eglise vaudoise cette année encore. Les pasteurs qui ne souhaitent pas pratiquer cette nouvelle célébration pourront invoquer une clause de conscience.


Le principe d'une célébration avait été accepté lors d'un synode en novembre dernier, mais la question de la forme de ce nouveau rite était restée ouverte. Faut-il s'échanger des alliances? Remettre une Bible au couple? Faut-il une cérémonie spéciale ou l'inclure lors d'un dimanche ordinaire? La petite centaine de membres du synode, réunis vendredi et samedi à St-Sulpice, a répondu à quelques-unes de ses interrogations. (lire encadré) (photo: www.lexpress.fr)

Traiter de l'union d'un couple partenarié dans une Eglise, même réformée, n'est pas anodin. La question de ce nouveau genre de célébration a ravivé des tensions qui existent dans l'Eglise vaudoise entre des ailes conservatrices ou de tendance évangélique et d'autres plus en phase avec l'évolution de la société civile.

«Il (le synode) a montré qu'il n'était en soi pas fermé à l'accueil des personnes qui ont une autre forme de vie, en l'occurrence reconnue par le droit civil», a déclaré l'ancienne conseillère nationale libérale et membre du synode, Suzette Sandoz, sur les ondes de la RTS.

Pour une Eglise, il n'y a guère de scénario plus difficile que la menace d'une scission. Mais cet écueil semble avoir été dépassé. Une pétition, demandant un moratoire, et rassemblant près de 3000 signatures, avait pourtant fait irruption dans le débat en février dernier.

Vendredi à St-Sulpice, l'Eglise vaudoise a réaffirmé d'entrée de jeu son unité dans la diversité en adoptant une déclaration qui rappelle que «les réformés se définissent par un centre, une foi commune, et non pas par des barrières», selon les propos du conseiller synodal, membre de l'exécutif, Jean-Michel Sordet.

Phase d'apprentissage

Mais conscient de la situation, le conseil synodal a précisé qu’il y aurait une phase d’apprentissage, puis d'évaluation. Les délégués du synode ont fini par accepter le projet, en n'hésitant pas à férailler article après article.

«Pour l'Eglise, il s'agit bien d'un rite et pas d'un mariage. Le mariage reste et restera, quoique la société civile puisse faire par la suite, l'union d'un homme et d'une femme, ce qui est en fait la vision chrétienne», a relevé Michel Henry de la région Riviera-Pays-d'En-Haut.

Mais les avis sont partagés. «Le jour où la société civile rediscutera la question du mariage, pour éventuellement l'ouvrir aux couples homosexuels, alors l'EERV devra ce reposer la question», dit de son côté Nicolas Charrière, secrétaire du synode de l'EERV.

Si les couples partenariés pourront célébrer leur union dans l'Eglise vaudoise depuis le mois de novembre, les pasteurs qui ne souhaitent pas pratiquer ce rite pour des raisons théologiques pourront invoquer une clause de conscience. En revanche, il ne sera pas possible pour une paroisse d'interdire cette nouvelle pratique sur son territoire. Pour dépasser les réticences, le dialogue a été plébiscité.

Selon Jean Martin, membre de la commission nationale d'éthique et député au synode, les positions ont beaucoup évolué sur cette question depuis novembre dernier. «On voit une remarquable évolution, avec beaucoup moins d'antagonisme marqué, plus d'écoute et plus de réalisation», a-t-il relevé à l'issue des débats. Les homosexuels sont nos concitoyens. Il n'est plus acceptable d'en faire des citoyens et des chrétiens de seconde zone.»

  • La deuxième lecture aura lieu lors de la séance de relevé du 8 octobre et la troisième lors de la session ordinaire des 8 et 9 novembre. Le rite, s'il est définivitivement accepté, entrera immédiatement en vigueur.
Quel rite?

Le rite pour les partenaires enregistrés se dessine, mais il n'est pas encore abouti. A ce stade, on sait qu'il comportera les éléments liturgiques suivants: l'accueil des personnes unies par le partenariat enregistré, lecture biblique et prédication, rappel du lien de partenariat, prière pour les personnes unies par le partenariat enregistré. Quant aux éléments symboliques, le synode a renoncé pour l'heure d'en préciser les contours.

«Un geste, le geste reste encore à trouver», a relevé le conseiller synodal Jean-Michel Sordet. L'échange formel de promesse, la remise de la Bible, l'échange d'anneaux ou «Les mains parlent» (le couple se tient par la main et tend l'autre au ministre) sont autant de possibilités, sans oublier celles encore à inventer.

Le rite pour les partenaires enregistrés aura lieu au cours d’un culte dans une église réformée au choix des partenaires, ou dans un autre lieu en accord avec le ministre, qui pourra consulter, si besoin, les conseils des paroisses concernées. La célébration est préparée avec le ministre chargé de la cérémonie, qui veille à mettre en lumière la spécificité de ce rite, distinct du rite de bénédiction du mariage hétérosexuel.

«Les variations (entre les deux rites), si elles existent bien et ce afin de répondre aux demandes de différenciation, ne sont finalement pas majeures et en tout cas pas dévalorisantes», estime Florent Jouinot, membre du Comité de VoGay, association vaudoise de personnes concernées par l'homosexualité.