L’Eglise protestante de Genève veut fixer les règles pour les prédicateurs-laïcs

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L’Eglise protestante de Genève veut fixer les règles pour les prédicateurs-laïcs

Joël Burri
16 mars 2015
Le Consistoire de l’Eglise protestante de Genève a adopté des définitions théologiques des différentes fonctions dans l’Eglise et a soulevé plusieurs questions quant aux différents rôles joués par les collaborateurs de l’Eglise, en particulier en ce qui concerne la nouvelle fonction de prédicateur-laïc.

Qu’est-ce qu’un diacre? Qu’est-ce qu’un pasteur? Réuni jeudi 12 et vendredi 13 mars au Temple de Malagnou (photo), le Consistoire, organe délibérant de l’Eglise protestante de Genève (EPG), a adopté un rapport sur la «théologie des ministères». Pour répondre à ces questions, il aura fallu près de huit ans, puisque le mandat de «donner une définition théologique des ministères» avait été soumis à une commission en 2007. Depuis, sont en plus apparus les prédicateurs-laïcs ouvrant de nouvelles questions.

La mouture du rapport soumise la semaine passée au Consistoire a été adoptée à une très large majorité (28 pour, 1 contre, 4 abstentions), mais sans enthousiasme. Durant le débat, Patrick Baud, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres a souligné les défauts du texte proposé, dont une mauvaise utilisation du sacerdoce universel, et le fait que la direction d’Eglise n’y apparaisse pas comme un ministère. Mais il excuse: «le diaconat est un serpent de mer. Personne ne sait exactement ce que c'est. Et je crois que Calvin lui-même n’a pas proposé de définition sur laquelle nous pourrions nous appuyer.»

Ayant pris le pouls auprès de ses collègues prédicateurs-laïcs, Juliette Buffat a souligné qu’ils n’avaient pas été consultés, mais qu’ils se disaient «globalement satisfaits de ce texte» alors que pour le pasteur Nicolas Lüthi, ce rapport «donne l’impression que nous avons un état des lieux des ministères auxiliaires, mais que cela manque de perspectives et d’ouvertures»

L’adopter pour mieux l’oublier

Après un long soupir, Blaise Menu, le vice-modérateur a qualifié ce texte de «produit, hélas, un peu trop réchauffé de celui de 2012.» Cette année-là, un précédent rapport avait été refusé par le Consistoire. Il a ensuite conclu: «peut-être est-il sage de voter ce rapport tel quel, pour mieux l’oublier, pour être sûr qu’on n’y fera pas référence.»

Au-delà de la définition théologique des ministères, le Conseil du Consistoire, exécutif de l’EPG, a également listé des questions nouvelles qu’il soumettait au Consistoire. Elles portaient notamment sur les prédicateurs-laïcs, le nom à donner à cette fonction et leur champ d’action.

La fonction de prédicateur-laïc

Habituée des enquêtes de par sa profession de sexologue, Juliette Buffat a rapporté d’un questionnaire qu’elle avait soumis à l’ensemble des prédicateurs-laïcs, dont elle fait partie: si les rapports avec les pasteurs avec lesquels ils travaillent sont bons, la majorité manque d’une certaine reconnaissance. Ils souhaiteraient, par ailleurs, pouvoir présider à des mariages, baptêmes ou services funèbres. Des demandes auxquelles Emmanuel Fuchs, président de l’EPG a répondu fraîchement: «est-ce que la compréhension de ce que doit être un prédicateur-laïc doit être construite par les prédicateurs-laïcs? Ou n’est-ce pas à nous, en tant qu’Eglise, de fixer les règles et d’imposer parfois des limites?»

Finalement, Patrick Baud a annoncé que la Compagnie des pasteurs, autorité théologique de l’EPG, avait fixé une rencontre sur la question des ministères attribués à chaque fonction. Annonce à laquelle Emmanuel Fuchs a répondu, non sans ironie, qu’il était heureux de «voir la Compagnie participer au débat», mais également «surpris de la voir sortir de sa léthargie seulement maintenant.» Il a rappelé que l’objectif du Conseil du Consistoire était de voir les réponses aux questions posées entrer en force lors de la rentrée de septembre.