Des acteurs noirs jouent l’Évangile de Jean

Harry Lennix à la première du film / ©RNS/Adelle M. Banks
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Harry Lennix à la première du film
©RNS/Adelle M. Banks

Des acteurs noirs jouent l’Évangile de Jean

Adelle M. Banks
13 décembre 2018
Le nouveau film «Revival» porte à l’écran l’Évangile de Jean avec un casting majoritairement noir. Sous forme de comédie musicale, la production allie gospels, negro spirituals et compositions inédites.

Pour son auteur Harry Lennix, le nouveau film «Revival» (Résurrection) — un récit de l’Évangile de Jean avec une distribution majoritairement noire — est complètement à la page. «Je pense qu’être capable de s’identifier à quelqu’un comme le Christ est un grand et puissant outil qui nous a été refusé, et pas nécessairement à cause de pressions extérieures», constate Harry Lennix, auteur, producteur et acteur noir dans le film.

Ni Jean ni les autres évangélistes ne décrivent la couleur de la peau de Jésus, mais Harry Lennix, dans une interview accordée juste après la première mondiale du film, mardi 4 décembre au Musée de la Bible, a expliqué que le dépeindre comme un homme de couleur est quelque chose que les noirs «n’ont souvent pas le courage de le faire, et c’est dommage». La comédie musicale, qui met en scène les chanteurs Chaka Khan dans le rôle d’Hérodiade, Michelle Williams dans celui de Marie Madeleine et Mali Music dans celui de Jésus, est sortie vendredi 7 décembre dans dix grandes villes, de New York à Los Angeles. On s’attend à ce qu’elle soit diffusée dans d’autres villes en janvier.

Musique spirituelle et negro spirituals

Harry Lennix, connu pour son rôle dans la série «The Blacklist», a précisé que la production — qui mélange scène, plateau de cinéma et performances technologiques — a été créée à la New Antioch Church of God in Christ à Los Angeles, dans le but d’inclure de la musique spirituelle et des gospels. «L’Église New Antioch rassemble principalement des noirs», a-t-il dit au sujet de la congrégation pentecôtiste. «Quand il s’agit de chanter ce genre de musique, il est vital d’avoir des voix authentiques.»

Les objectifs de Harry Lennix pour l’image et le son du film s’illustrent à travers son choix pour le personnage de Jésus. Mali Music est un artiste de gospel et de R & B nominé aux Grammy Awards qui a ajouté des chansons originales au film, dont «Not my will», chantée dans le jardin de Gethsémani alors que Jésus contemple sa crucifixion en attente. «Agir comme le Christ et le dépeindre est extrêmement puissant. Et le faire à travers une comédie musicale l’est encore plus, car personne ne sait comment il chanterait, quelles paroles il utiliserait et quel timbre aurait sa voix», a ajouté Mali Music avant la première, en présence de 350 responsables religieux, chefs d’entreprise et dirigeants communautaires.

En plus des compositions de Mali Music et d’autres airs de gospel contemporains, des negro spirituals accompagne l’histoire: «Down by the riverside» dans la scène où Jésus est baptisé par Jean-Baptiste; «Oh Mary don’t you weep», alors que Marie et Marthe se lamentent après la mort de leur frère Lazare; et également «Wade in the Water», lorsque les danseurs entourent un bateau sur scène et utilisent des bandes bleues de tissu pour simuler les vagues pendant que Jésus marche sur l’eau.

Une mise en scène poétique

Harry Lennix précise qu’il a choisi l’Évangile de Jean en partie parce que c’était le livre le plus poétique qui comprenait une «imagerie dense, parfaite pour le cinéma», avec le mariage à Cana — où Jésus aurait transformé l’eau en vin — et la résurrection de Lazare. Cet ancien étudiant au séminaire catholique — Harry Lennix a envisagé de devenir prêtre — a cité Romains 8, qui parle de se conformer à l’image de Dieu, comme une motivation clé pour les gens qui ont collaboré à «Revival». «C’est une chose puissante que de pouvoir s’identifier à Son image, et personne ne le fait avec nous», ajoute encore Harry Lennix à propos des noirs. «Alors j’ai pris cette liberté.»

T’Keyah Crystal Keymáh joue Rebah, une femme membre du Sanhédrin, le tribunal traditionnellement masculin des rabbins, qui demande la mort de Jésus. Elle s’est concentrée sur ce qu’elle appelle «la rectification des couleurs» dans le film. «Ce n’est pas un casting daltonien, à mon avis, c’est exact», affirme T’Keyah Crystal Keymáh, qui joue dans la série de sketchs «In living color». «Les gens de l’époque étaient bruns, alors ce n’est pas, pour moi, une version ‘noire’ de quelque chose. C’est juste raconter une histoire.»

«Revival» n’est pas la première mise en scène avec une troupe majoritairement noire. «Black nativity» du dramaturge Langston Hughes, créé il y a plus d’un demi-siècle, a été adaptée dans un film de 2013 qui portait principalement sur l’Enfant Jésus, Marie et Joseph. Il y a plus d’une décennie, Harry Lennix a joué un pharisien dans le cadre d’une distribution entièrement noire de voix pour la Bible audio «Inspired by... The Bible Experience».

Harry Lennix, qui a créé sa propre adaptation de l’Évangile de Jean, s’est soudainement joint à la distribution en tant que Ponce Pilate lorsque l’acteur écossais Angus Macfadyen, vedette du film «Braveheart», n’a pu jouer ses scènes parce qu’une tempête de neige avait annulé son vol. «C’est un grand rôle et j’ai donc dû trouver rapidement quelqu’un capable de le jouer. Étant donné que c’est moi qui l’ai écrit, je me suis dit: «Pourquoi pas?’»

Adelle M. Banks, Washington, RNS/Protestinter

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