L’art d’être pasteur

Les cinq robes créées par Albertine représentent cinq figures pastorales. / © Nicolas Righetti
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Les cinq robes créées par Albertine représentent cinq figures pastorales.
© Nicolas Righetti

L’art d’être pasteur

12 février 2020
Dès le 13 février, la figure du pasteur est mise à l’honneur dans l’exposition temporaire «Silence,on prêche», au Musée international de la Réforme à Genève. Cinq robes créées par l’illustratrice genevoise Albertine et huit extraits de films dévoilent la complexité de la vocation.

Tantot prédicateur, révolutionnaire et médiateur du sacré, le pasteur est une figure aussi multiple que complexe. En cinq robes et huit extraits de films, le ministre du culte protestant donne à voir ses mille facettes dans l’exposition temporaire «Silence, on prêche», au Musée international de la Réforme (MIR) à Genève, dès le 13 février.

Du jamais vu! La robe noire a pris des couleurs. Décliné en cinq modèles, le vêtement traditionnel du ministre protestant devient la toile qui saisit l’âme de celui qui l’habite. Au pinceau, l’illustratrice genevoise Albertine a imaginé cinq créations pour l’exposition. Elle n’en est pas à son coup d’essai. Par le passé, elle avait déjà réalisé des robes inspirées de ces albums. Il n’empêche que cette protestante familiarisée à l’histoire de la Bible dans les bras de sa grand-mère a été confronté à un «défi réjouissant».

Couleurs de l’âme

À partir d’une typologie établie par le théologien français André Gounelle, elle a fait naître cinq personnages de théâtre au look pastoral préservé. «La simplicité de l’image et des symboles a été le fil rouge qui permet de traverser ces figures. Une fois entré, chacun peut en ressortir avec ce qu’il souhaite», explique-t-elle. Sur la figure du berger, «les mains tiennent une fleur. Elles se frôlent, se touchent, communient et la fleur mûri, créant une forme de cohésion sociale», commente l’artiste. Le prêtre, lui, est couvert d’hosties. On repère un calice et un encensoir. Figure du sacré, c’est la plus catholique de toutes, une confession qui touche aussi Albertine.

Il y a aussi le directeur de conscience. Pour illustrer ce curateur d’âme, l’artiste a choisi de peindre un homme assis, l’esprit s’échappant dans le bleu. «Nous sommes aussi faits de psychologie, de spiritualité et de rêve. Le pasteur est là pour nous lier à ce qui est plus haut», précise l’illustratrice qui a vu le processus créatif ouvrir sa réflexion sur la religion et son rapport au pasteur. Aux trois figures s’ajoutent encore celle du prophète qui déclame la parole en chair, et celle du meneur, emprunt de justice, qui porte un monde en feu sur ses épaules.

Figure intrigante

C’est sur grand écran, que la vocation pastorale montre ses autres visages. Car la figure du pasteur inspire aussi le septième art. Une sélection de huit extraits de films, parmi lesquels «Le ruban blanc» de Michael Haneke, «Le réformateur» de Stefan Haupt ou «Le pèlerin» de Charlie Chaplin, répond aux couleurs d’Albertine. On découvre aussi un pasteur pervers incarné par Robert Mitchum dans «La Nuit du chasseur», le ministère féminin avec Fanny Ardent dans «L’amour à mort» ou Orson Welles en prédicateur hypnotisant dans «Moby Dick».

«Le pasteur est une figure récurrente du cinéma. Il est utilisé comme transfuge de l’autorité. On s’attend à ce qu’il représente le bien, mais c’est un "pêcheur" comme les autres. Il est utile pour la mise en récit, car il permet de retourner la logique morale», commente Gabriel de Montmollin, directeur du MIR.

Du musée à l’église?

Le visiteur est donc face à un puzzle. «L’exposition ne dit pas tout, mais une partie de la complexité de la figure du pasteur. Son positionnement est compliqué. Prenez le principe du sacerdoce universel! Il doit aussi incarner la communauté, tout en restant à l’écart et sans être trop autoritaire», continue le directeur du MIR. Comme pour rendre justice à ces hommes et à ces femmes d’Église, «Silence, on prêche» cherche à déjouer les stéréotypes pour interpeller le visiteur sur une figure aux multiples couches, souvent caricaturée. Car si la robe noire symbolise le savoir universitaire, le pasteur lui, en revêt de nombreuses autres.

Les créations d’Albertine feront-elles bientôt partie des garde-robes pastorales? Elles n’ont en tout cas pas été conçues à cet effet. Les portes ne sont pas fermées, mais pour l’artiste, «un vêtement a une histoire. Il est marqué. Veut-on se démarquer ou garder une tradition? Il y a des valeurs qui ancrent. C’est à nous d’avoir envie de rester attacher à ce qui est solide».

Infos utiles

«Silence, on prêche», exposition temporaire, du 13 février au 30 août, Musée international de la Réforme, Genève.

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