Le jeu de société vit sa révolution culturelle

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Le jeu de société vit sa révolution culturelle

Loisir
Depuis une dizaine d’années, les auteurs et les illustrateurs de jeux signent leurs œuvres! Coup de projecteur sur un acteur culturel qui, plus que d’autres arts, réunit les familles.

«On entend souvent que le jeu de société revient. Mais en fait, il n’est jamais parti!», avertit Yves Menu, de la maison d’édition de jeux Hurrican à Veyrier (GE). «Le jeu de société existe depuis que l’homme existe». Toutefois, depuis une dizaine d’années, les jeux sont signés. «Oui les jeux sont des œuvres, même s’ils ne sont pas reconnus partout comme tels. Les nouveaux outils informatiques ont toutefois facilité l’accès à la création», note l’éditeur, importateur et vendeur de jeux. «Le jeu de société est un véritable objet culturel», abonde de son côté Frédéric Hubleur, animateur de soirée jeux pour l’association lausannoise de promotion du jeu de plateau Ch’piiL. «Une ludothèque, ça n’est pas un lieu où l’on prend simplement une boîte au hasard, il y a un vrai travail de conseil pour guider les usagers dans de multiples univers», compare-t-il. «En littérature, on considère qu’il existe entre douze et quinze types d’intrigues. Tout le talent de l’auteur, c’est de savoir les articuler entre eux pour créer à chaque fois une œuvre différente. C’est pareil dans le monde du jeu avec les mécanismes», explique-t-il. 

Des jeux toujours plus équilibrés

«Les jeux de sociétés dits ‹modernes› s’éloignent des trois grandes tendances dans les types de jeux. Les jeux qui doivent tout au hasard, comme le Monopoly où tout ou presque dépend des lancers de dés. Ceux qui sont basés sur la stratégie, un exemple extrême serait les échecs, et enfin les jeux de connaissance, comme les quiz», liste Laura Blanchard, présidente de Ch’piiL. «On assiste à l’apparition de jeux de plus en plus équilibrés qui permettent à tous de jouer sans que ce soit toujours les mêmes qui gagnent», note Frédéric Hubleur. «Par ailleurs on constate que différentes formes de jeu voient le jour, par exemple les jeux spécialement pour deux joueurs ou les jeux coopératifs où les joueurs doivent collaborer pour vaincre le jeu. Ce sont des jeux particulièrement intéressants puisqu’ils permettent aux joueurs d’additionner leurs différentes compétences», souligne Laura Blanchard. 

Des milliers de jeux sont édités chaque année. Qu’est-ce qui fait un bon jeu? «C’est très personnel! Le jeu préféré de quelqu’un ne sera pas forcément le jeu favori de quelqu’un d’autre. Moi, par exemple, j’aime les jeux relativement simples. Les règles peuvent être expliquées en une dizaine de minutes. Pourtant, à chaque fois que j’y joue, j’en découvre les subtilités», explique Yves Menu. «Il y a aussi des jeux que l’on a plaisir à posséder parce que ce sont de beaux objets. Un ami doit par exemple louer un espace de stockage car il possède trop de jeux et la plupart sont encore dans leur plastique d’origine», sourit Frédéric Hubleur. 

Un loisir bon marché

Ce qui est sûr, c’est que malgré la difficulté qu’ont certains classiques tels que le tarot, le bridge ou le jass à rajeunir leur bassin de joueurs, les jeux de société se portent bien. «Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les jeux vidéo ne détournent pas les joueurs du jeu de société, je pense même que les jeux vidéos amènent davantage de joueurs au jeu de société qu’ils n’en détournent», note Yves Menu. «De manière générale, en période de crise, les jeux progressent. Cela reste un loisir bon marché, une boîte ou un jeu de cartes coûte moins cher qu’un restau ou qu’un cinéma en famille et on peut y jouer plusieurs fois.» 

Envie de vous lancer 

Les coups de cœur de nos interlocuteurs:

Laura Blanchard Difficile d’en choisir un seul… Je citerais peut-être Just one, un jeu de mot 100% collaboratif et rapide ou Renard des bois qui se joue à deux.

Frédéric Hubleur Un jeu de stratégie grand public: Les aventuriers du rail, en particulier la version Etats-Unis ou Hanabi, un jeu coopératif.

Yves Menu Mr Jack c’est grâce à ce jeu que je me suis lancé dans l’édition!