La Marelle en questionnement

Extrait de l'affiche du spectacle "Silence, on frappe", de la compagnie La Marelle / ©La Marelle
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Extrait de l'affiche du spectacle "Silence, on frappe", de la compagnie La Marelle
©La Marelle

La Marelle en questionnement

Épuisement
A la suite de la démission de son directeur Séverin Bussy, la compagnie de théâtre protestante doit repenser son organisation. Et peut-être trouver de nouveaux partenaires.

Surprise. Nommé directeur de la Marelle au printemps 2020, Séverin Bussy quittera son poste en juillet 2022. Un passage éclair, contrairement à son prédécesseur, Jean Chollet, resté à la direction de la compagnie durant 27 ans (en co-direction puis seul aux commandes pendant 9 ans). Séverin Bussy fourmillait d’idées pour «ouvrir» la compagnie à d’autres publics (voir notre édition de septembre 2021). Son départ est dû à «l’épuisement». Cumuler deux postes, direction artistique et administrative, gérer des arrêts maladie, une pandémie, qui a rongé le moral des troupes et ses finances. Mais aussi, et c’est peut-être un des nœuds du problème, «me battre sans arrêt pour obtenir des subventions de l’Eglise... Alors que cela devait, à mon sens, être acquis», résume Séverin Bussy.

Fondée en 1982, La Marelle est en effet l’héritière du théâtre fondé par le pasteur Eugène Burnand en 1960. Et sans le soutien financier de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), «on ne peut pas s’en sortir», reconnaît Guy Labarraque, aumônier et président de l’Association du théâtre de La Marelle. Or, ce soutien a évolué récemment.

La fin d’un soutien «automatique»

Jusque-là, et depuis 2013, entre 15000 et 20000 francs étaient versés annuellement à la compagnie. Pour se conformer aux exigences du canton qui la finance, l’EERV distribue depuis 2020 ses subventions en fonction de «critères». En clair: «Il n’y a plus d’automatisme», explique Emmanuel Jeger, conseiller synodal. La Marelle, comme d’autres, doit donc répondre aux critères fixés par l’EERV afin d’obtenir l’argent nécessaire à leur réalisation, ce qui est «majoritairement le cas pour la compagnie», explique Emmanuel Jeger.

La compagnie, pour sa part, n’a pas changé sa ligne: «Nos spectacles sont des variations sur des thèmes bibliques, ou mettent en jeu des thématiques sociétales actuelles. Silence on frappe, évoque par exemple le féminicide, le harcèlement et la violence conjuguale», explique Guy Labarraque. Sauf que le maximum qu’un projet puisse obtenir de l’EERV est 10’000 francs par an. «L’attribution est tournante avec d’autres compagnies», précise Emmanuel Jeger. Une situation qui a fait tanguer la compagnie financièrement.

«J’ai senti que c’était une difficulté, et qu’il fallait chercher un soutien structurel. On l’a fait: l’EERV soutient depuis 2021 La Marelle à hauteur de 15’000 francs annuels, et c’est inscrit dans un budget à part», affirme Emmanuel Jeger. «Nous n’en sommes pas certains: aucun document n’atteste que cette aide sera systématique», répond Guy Labarraque. Outre cette subvention structurelle, La Marelle aurait en outre touché en 2021 une subvention de projet de 10'000 fr. 

Liens à reconstruire autrement

Entre La Marelle et son principal financeur, la discussion est compliquée. «Nous cherchons pourtant le dialogue, la collaboration, pour créer des synergies et entamer une réflexion sur l’avenir», lance Emmanuel Jeger. Si «toutes les options sont ouvertes», l’une d’elles est d’emblée avancée par le conseiller synodal: «un rapprochement avec le Centre culturel des Terreaux, le «grand frère» de La Marelle, qui est prêt à collaborer», affirme Emmanuel Jeger. A noter que ce centre était, par le passé, dirigé par Jean Chollet, également directeur de La Marelle.

Cette manière de poser les choses ne rassure pas la compagnie de La Marelle. «Nous avons des craintes quant à notre indépendance artistique», reconnaît Guy Labarraque. «Nous sommes ouverts à une mutualisation des forces administratives, mais souhaitons défendre notre liberté de création. Un pasteur, par exemple, ne prêche pas ce que lui dit son conseil synodal!»

Prudent, Didier Nkebereza, actuel directeur des Terreaux, précise que sa structure, «subventionnée par l’EERV, est évidemment au service de cette dernière», et que «tant que La Marelle n’a pas fait part de ses besoins», aucun projet ne peut être élaboré. Les discussions pourraient reprendre bientôt: une nouvelle personne devrait être nommée bientôt à la direction de La Marelle.

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