Trois questions à Marion Muller-Colard

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Marion Muller-Colard
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Trois questions à Marion Muller-Colard

Marion Muller-Colard
La théologienne et autrice française a pris le 1er août les rênes de Labor et Fides, maison d’édition genevoise, référence en matière de théologie protestante.

Comment renouveler la maison? 

En 2024, nous fêterons notre centenaire. L’idée n’est pas de regarder vers le passé, mais de se projeter. Comment avancer pour que cette vieille dame élégante puisse fêter un jour ses 200 bougies? Il y a quelque chose d’inépuisable dans le patrimoine de Labor et Fides, tout comme dans la soif de connaissances en matière de sciences humaines et de spiritualité. La sécularisation n’a pas épuisé les questions de sens. Les livres et les médias ont un rôle fondamental à jouer, car ils n’obligent pas à passer le cap de l’institution, ni de la communauté: on peut y accéder par un chemin plus personnel. Il faudra donc additionner ce patrimoine existant à de nouveaux auteurs, qui questionnent nos angles morts et posent la question du sens.

Faut-il changer le langage?

Il faut trouver des codes de communication contemporains. Mais la Bible, qui est le livre mère de toute notre bibliothèque, est extrêmement moderne: ce n’est pas à nous de la renouveler, c’est elle qui renouvelle ! Nous tenons là un trésor qu’il ne faut pas brader ou galvauder. Cette profondeur pourra toucher un public plus large si l’on se dote de bons outils.

Rendre accessible sans revoir à la baisse l’exigence et la rigueur

Lesquels?

Il faut rendre accessible sans revoir à la baisse l’exigence et la rigueur. On peut penser à des ouvrages intermédiaires, qui serviraient de passerelle vers des réflexions où le public n’irait pas sans une introduction ou un accompagnement. Pour certains lecteurs, ces ouvrages plus pédagogiques et concis seraient suffisants; pour d’autres, ils mettraient en appétit pour de nouvelles explorations. Donc, garder la légitimité, le crédit et l’élégance propres à la maison et créer des ponts vers son patrimoine. Etre créatif, c’est aussi recourir à l’image, dont on voit bien, avec les (bonnes) bandes dessinées, qu’elle étoffe le texte plus qu’elle ne l’étouffe.