Olivier Calame: «Il y a quelque chose de spirituel en soi dans le voyage»

Olivier Calame, fondateur de l'agence "Samare, voyages et retraites" / © Jean-Bernard Sieber / ARC Photo
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Olivier Calame, fondateur de l'agence "Samare, voyages et retraites"
© Jean-Bernard Sieber / ARC Photo

Olivier Calame: «Il y a quelque chose de spirituel en soi dans le voyage»

Découverte
Vivre le voyage comme une expérience spirituelle, tel est le pari de l’agence Samare.

«Luther a grandi dans la ville d’Eisleben, en Saxe. Il s’y trouve un château avec un imposant mur d’enceinte. Quand le réformateur a écrit et composé Cest un rempart que notre Dieu, il a en tête le château de son enfance», explique Olivier Calame. «Voir ces lieux donne une dimension autre à ce cantique encore très connu aujourd’hui», explique-t-il. «C’est un peu anecdotique, mais se déplacer, c’est oser se confronter à d’autres manières de concevoir les choses, c’est mettre à mal parfois ses présupposés.»

Naissance d’un projet

Le voyage sur les traces de Luther est la première excursion organisée par Olivier Calame, en 2003, alors ministre de l’Eglise réformée vaudoise à Montreux. «J’avais une partie de mon temps de travail dévolue à la formation d’adultes, et c’est dans ce cadre que j’ai monté ce projet.» Cette première expérience, suivie de quelques autres, est comme une révélation. Et en 2010, en concertation avec l’EERV, il commence cette activité en tant qu’indépendant. J’ai signé avec l’Eglise une convention qui stipule que cette activité participe à sa mission et qui m’autorise à utiliser son logo. Mais qui précise aussi que je suis indépendant juridiquement et financièrement.»

Ainsi est née l’agence «Samare, voyages et retraites». «La samare, vous savez, c’est le fruit de l’érable. Cette sorte d’hélicoptère qui tourbillonne en tombant de l’arbre. C’est une image de ce que je veux faire, à la fois la graine, car j’essaie de faire quelque chose qui soit ancré, qui témoigne que nous avons nos racines, et l’aile, qui permet de partir au loin.» Jusqu’en 2019, Samare a ainsi proposé environ sept voyages par an. «Avec au maximum 25 participantes et participants à chaque fois, éventuellement 35 lorsqu’il s’agit d’un groupe déjà constitué, comme une paroisse ou une région», précise le voyagiste. «Mais je constatais une augmentation de la demande et j’ai choisi de franchir le pas: j’ai renoncé à mon demi-poste au sein de l’Eglise pour m’engager à 100% pour Samare.»

Ce que je fais s’inscrit dans une démarche pastorale

Une communauté temporaire

«Je n’ai pas pour autant renoncé au pastorat», insiste toutefois Olivier Calame. «J’ai toujours considéré que ce que je fais s’inscrit dans une démarche pastorale et je me sens à 100% pasteur. D’ailleurs, certaines des personnes qui voyagent avec moi me téléphonent volontiers à des ‹heures pastorales›, comme le dimanche après-midi», sourit-il. «Le voyage, c’est une forme de spiritualité différente. C’est oser les rencontres, revisiter ses présupposés et ses convictions. Et c’est aussi oser la vie en communauté. On part en groupe avec nos différences et c’est important pour moi», insiste-t-il. «Je pense vraiment que l’on peut, même en une semaine, vivre une expérience communautaire. D’ailleurs, j’attache une certaine importance à ce point et souvent dans le bus au retour, je laisse un message en rappelant que certains vont retrouver la solitude alors que d’autres vont se retrouver dans le stress d’une vie active», explique-t-il. «Et je sais que chacun vit son retour différemment, j’ai une cliente régulière de plus de 90 ans qui est portée des semaines entières par un voyage, elle relit l’imposante documentation que je leur laisse, classe des photos, recherche des infos… alors que d’autres doivent tout de suite revenir à leur quotidien.»

«Et je crois que les participantes et participants aussi sont attachés à cette notion de communauté, car à la fin de l’année, j’organise toujours un buffet avec tous les voyageurs de l’année et, bien que cela ait lieu en décembre, qui est une période déjà chargée, j’ai toujours environ 60% des personnes qui viennent», relève le pasteur. «Mes clients sont d’une grande fidélité, en moyenne je compte entre 75 et 80% de clients réguliers pour 20 à 25% de nouveaux.»

Une offre spirituelle

Différents temps sont proposés chaque jour aux personnes qui voyagent avec Samare, «Le matin, j’aime bien partager une pensée du jour, inspirée par le thème du voyage et les visites prévues ce jour-là. Par exemple, en Norvège, je partage beaucoup de pensées de Prix Nobel de la paix. Le soir, il y a un moment de partage autour de ce texte et de ce qui a été vécu dans la journée. Et puis, quand le voyage s’y prête, il peut y avoir des moments plus spirituels en journée, par exemple sur les traces de Bach, nous avons un culte musique et parole par jour», explique-t-il. «Dans les thématiques que je propose, il y a toujours quelque chose de spirituel ou qui touche à l’histoire de l’Eglise, mais la spiritualité ‹active›, telle que la prière, la méditation ou le chant, est toujours facultative au long de mes voyages.» L’agence compte d’ailleurs non seulement des croyants engagés parmi ses clients, mais aussi nombre de personnes distancées de l’Eglise, voire qui se revendiquent athées. «Un bon thème de voyage pour Samare, c’est une thématique spirituelle, mais qui se décline de manière culturelle et qui donne des choses à voir.»

Une niche

Voir se développer une agence de voyages au moment où les grands noms de la branche sont à la peine, n’est-ce pas paradoxal? «Je suis sur une niche qui trouve sa clientèle», sourit Olivier Calame. «Et je collabore avec d’autres organisations. Alors que je reste principalement en Europe, je laisse les destinations plus lointaines à l’agence Agapé à Yverdon, qui défend plutôt des valeurs protestantes évangéliques. Côté catholique, l’offre tourne plutôt autour de pèlerinages. Moi, j’aime bien le pas de distance et la réflexion que proposent les voyages culturels. Et pour l’avenir, je vais réduire les voyages en avion pour des questions environnementales. Dans ma vie privée, j’ai déjà renoncé à la voiture et je pense qu’il faut aussi repenser sa façon de voyager dans ce sens.» 

Bio express

1970 Naissance à La Tour-de-Peilz.

1995 Premier poste pastoral à Payerne.

1997 Pasteur à Madagascar envoyé par DM et la CEVAA.

2002 11 ans pasteur à Montreux.

2003 Organise un voyage sur les pas de Luther.

2007 Passe au travers d’un burn out.

2010 Création de Samare voyages et retraites.

2013 Coordinateur de la Région Joux-Orbe de l’EERV.

2019 S’engage à plein temps pour Samare.

Voyages très documentés 

«L’an prochain, je vais avoir une proposition un peu plus légère pour préparer de nouvelles offres», prévient Olivier Calame. «Je vais par exemple organiser un voyage en Andalousie. Je suis en train de me documenter et c’est assez fascinant de découvrir que le mythe de la tolérance religieuse entre les VIIIe et XVe siècles a été largement fabriqué au cours du XXe siècle pour charger les catholiques venus reconquérir ces terres.» 

Programme des voyages sur www.samare.ch ou au 021 960 12 25.

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