Du théâtre à l’électro

L'orgue: du théâtre à l'électro / ©iStock
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L'orgue: du théâtre à l'électro
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Du théâtre à l’électro

Découvrir
Pour mieux faire connaître l’orgue, une génération d’artistes et d’interprètes crée des ponts avec un public toujours moins religieux.

THÉÂTRE

A Moudon, Anne Chollet s’est un jour retrouvée à un récital sans public. Comment faire venir les gens? Elle a imaginé un nouveau format: des concerts-spectacles, faisant intervenir des comédiens. Histoire de l’orgue, récit de la vie de Bach, dialogue entre deux compositeurs, voyage sur les traces de l’orgue à Venise… «Et ça marche! Depuis, nos événements réunissent jusqu’à 150 personnes!» se réjouit-elle.

VISIBILITÉ

En Alsace, Cyril Pallaud, titulaire de l’orgue de Saint-Guillaume à Strasbourg, a réinventé les concerts. Il collabore avec le réalisateur Jean-Pierre Schmitt, qui, sur un écran géant, projette des images en direct et des séquences tournées en répétition, pour que le public puisse suivre ce qui se passe. Un jeu de lumières met également en valeur l’instrument.

EXCELLENCE

A Saint-François à Lausanne, Benjamin Righetti a constitué un «Organopole», pôle d’excellence qui réunit quatre orgues différents et complémentaires à l’église Saint-François. Avec une fondation dédiée, il a aussi imaginé un nouveau festival: la «Biennale Organopole», dont la première édition se tiendra en décembre.

ÉLECTRO

Toujours à Lausanne, à St-François, on casse les codes: des organistes pionnières comme Anna von Hausswolff ou Kali Malone se sont produites, la musique électronique ou le saxophone ont dialogué avec les orgues, un match de foot a été accompagné à l’orgue, des spectacles jeune public ont été élaborés, notamment l’Histoire de Babar de Francis Poulenc dans une nouvelle transcription pour orgue.

SHOW

En 2013, pour fêter les 10 ans des grandes orgues Fisk de la cathédrale de Lausanne, Jean-Christophe Geiser, organiste titulaire de la cathédrale de Lausanne a imaginé un format de concert inédit – et innovant. A la différence d'un «son et lumière», Toccata & Lux a été construit autour d’un programme musical basé sur la pièce d’orgue sans doute la plus connue (Toccata et fugue en ré mineur de J.S Bach) et des projections réalisées par le scénographe Nicolas Wintsch. Contrairement aux concerts habituels, ce n’est pas l’orgue qui a accompagné l’image mais bien l’image qui a été construite pour accompagner ce discours musical. Une série de concerts mémorable, pionnière et suivie par des milliers de personnes. En 2015, ce fut Fantasia & Lux. Et en 2023, pour les 20 ans de cet instrument hors du commun, de nouvelles festivités se profilent déjà.

JAZZ

A Bienne, Pascale Van Coppenolle organise des concerts «Jazz meets Organ», associant le célèbre orgue Hammond, utilisé dans le jazz et la pop, avec l’orgue à tuyaux plus classique. Des rencontres qui laissent une place à l’improvisation, et parfois aux musiques expérimentales. «Avec l’orgue à vent dynamique, on peut créer des paysages sonores. Le son devient lui-même architecture», explique l’artiste qui n’hésite pas à distribuer elle-même des tracts, dans la rue, une heure avant un concert.

PAUSE

Guy-Baptiste Jaccottet a lancé le format des «Orgues du marché», des concerts très courts (30 minutes) le samedi matin, dans l’église protestante de La Tour-de-Peilz (VD), à l’heure du marché jouxtant le bâtiment. Touristes, locaux, familles, couples apprécient cette pause musicale qualitative. «Les artistes viennent de Bruxelles, de Paris, de Toulouse et, en 2023, une Coréenne fera même le déplacement, dans le cadre d’une tournée en Suisse», explique l’organiste. «Il n’y a aucune limitation sur le plan musical, je veille simplement à conserver un respect pour le lieu de recueillement qui nous accueille.»

YOGA

Dans le cadre de «Toulouse les Orgues», la Ville rose accueille de multiples activités autour des différents orgues de la ville. Chanson française à l’orgue ou même séances de yoga étaient ainsi au programme de la dernière édition en octobre. Preuve s’il en fallait que l’orgue, s’il peut se montrer puissant, sait aussi se faire doux et inviter à la méditation.

DIALOGUE

Simon Peguiron, titulaire à la collégiale de Neuchâtel, propose mensuellement au moins jusqu’en janvier 2023 des rendez-vous intitulés «45 min avec Bach». L’idée est d’offrir aux personnes de passage un «petit moment de musique, au format court». L’intérêt est aussi de faire dialoguer les deux orgues différents de la collégiale avec bien d’autres instruments. À terme, ces rendez-vous pourraient s’ouvrir à d’autres musiciens de l’époque de Bach, moins connus et parfois carrément oubliés.

CINÉMA

Au temps du cinéma muet, pour accompagner les projections, il fallait un instrument capable de largement moduler son ampleur sonore et de fournir une grande diversité de sons, les orgues se sont donc multipliés dans les cinémas. Orgues germaniques aux nombreux jeux et orgues anglo-saxons aux jeux très marqués se sont partagé le marché naissant des salles de cinéma. «Nous avons la chance d’avoir en Suisse romande un exemplaire très complet des deux types d’orgues de cinéma», se réjouit le site spécialisé en musiques de film SwissFilmMusic.ch. Autour de l’orgue allemand au théâtre Barnabé de Servion (VD) et de l’instrument américain de l’aula du collège Claparède à Conches (GE) sont organisés régulièrement des projections et des concerts.

Notre playlist

Notre sélection de pièces jouées par des organistes contemporains. (En version détaillée sur L'orgue dans tous ses états)