Depuis dimanche passé, la paroisse de Broie-sur-Marne vit un drame comme elle n'en avait encore jamais connu. Que s'est-il passé? Est-il possible de s'en remettre? Encore sous le choc, des témoins acceptent de répondre à nos questions.

« Nous avons toujours été une paroisse tranquille. Depuis 17 ans que nous venons au culte ici, une telle chose n'était jamais arrivée. » Yvan Rouge et son épouse Simone ont du mal à chasser les larmes de leurs yeux alors qu'ils repensent aux événements de ce dimanche tragique.

Reconstitution

En croisant le récit de plusieurs témoins, nous parvenons à reconstituer la scène. Nous sommes le dimanche 21 octobre, il est 10h tapantes. Les cloches arrêtent de sonner alors que s'échappent des tubes de l'orgue les premières notes du prélude en Si mineur de Bach. Les 17 paroissiens habituels parsèment les bancs du temple de Doussens-vers-Broie. Certains d’entre eux se souviennent encore de sa construction en 1927. Tout est paisible, chacun se prépare à ouvrir son cœur à l'amour de Dieu.

Tout à coup, alors que l'organiste est encore en train de jouer, les portes du temple s'ouvrent pour laisser entrer des retardataires. Une famille, avec deux enfants en bas âge. Crispation dans l'assemblée. La musique s'arrête. Le pasteur se lève pour prononcer les paroles d'accueil et la prière d'invocation, la voix légèrement chevrotante d'inquiétude. Ses pires cauchemars n'allaient pas tarder à se confirmer.

« Deux fois, pendant les lectures puis pendant la prédication, le plus petit morveux a hurlé. Deux fois ! Vous vous rendez compte? » s'écrie madame Richard. Sous la colère, sa voix tremble autant que ses mains. À un moment, il semblerait même que la maman aie dû se lever pour sortir avec l'aîné aux toilettes. N'en trouvant pas, le « malotru » aurait « suinté » sur le chêne centenaire du parvis du temple.

Une colère légitime

« Un tel comportement est inacceptable ! Nous nous rassemblons pour prier et méditer. On n'est pas à la messe ! N'y a-t-il plus aucun respect pour la Parole de Dieu? » Madame Rouge nous raconte que de son temps, les enfants savaient se tenir. Ils étaient « correctement habillés et bien coiffés ».

Le président du conseil de paroisse essaie de relativiser la situation. « Les nouveaux ne connaissent pas encore les règles. La prochaine fois, nous leur expliquerons qu'ils font mieux de laisser les enfants dans la voiture — en laissant une fenêtre ouverte pour qu'ils puissent respirer. » Et il s'empresse de rajouter: « pour leur propre confort, bien sûr. » En attendant, il est confiant que tout ceci aura été oublié d'ici quelques mois, quelques années tout au plus. Et que la paroisse pourra reprendre son rythme paisible, sans revivre le trauma à chaque début de culte.

Image de la paroisse ternie

La famille en question nous a confié vivre un enfer. « Nous avons fait une grave erreur en pensant que nous pouvions aller au culte avec des enfants. Nous espérions les aider à comprendre l'héritage chrétien de notre pays. Nous sommes profondément désolés envers toutes les personnes blessées par notre attitude, et particulièrement la paroisse de Broie-sur-Marne dont nous avons terni l'image. Nous sommes en train de rédiger des excuses publiques. » Grâce à une thérapie de famille et des sessions de méditation pleine-conscience, ils espèrent parvenir à tourner la page sur ce douloureux épisode de leur histoire.

Contacté, le pasteur a préféré ne pas s'exprimer.