Parcours de vie. Tyfannie Goldman se livre dans L'intelligence de la foi. Elle raconte les défis de son enfance dans une famille protestante libérale. Et comment elle a réussi, enfin, après des années d'errance, à comprendre le libéralisme de ses parents.

« Tout n'était pas mauvais, clairement » mais Tyfannie se trouvait trop « au large » dans le libéralisme de ses parents. « J'ai toujours voulu comprendre leur foi, mais il n'en parlaient jamais, par peur de tomber dans l'intégrisme. » L'absence de pratiques religieuses à la maison était difficile. « Je voyais mes camarade d'école, avec leurs rites, leurs fêtes et leurs certitudes. Chez nous: rien. »

Il y avait bien les discours des pasteurs, durant le catéchisme et lors des quatre cultes annuels auxquels participait la famille Goldman. Mais ce n'est qu'à l'université, après un doctorat en philosophie linguistique allemande, que Tyfannie commence à développer les outils intellectuels qui lui permettent — petit à petit — de décrypter cet héritage de la foi qui lui a été transmis.

Le plus difficile? L'absence de réponses. À la maison, elle pouvait poser toutes les questions qu'elle voulait, c'était même encouragé, mais ses parents ne lui répondaient jamais. « Par crainte du prosélytisme, pour éviter de m'influencer dans mon propre chemin. » Il lui aura fallu des années pour qu'elle s'autorise à se libérer de ces réflexes et qu'elle ose avancer des pistes de réponses à ses propres questionnements religieux. Encore maintenant, cela lui arrive d'être traversé par des petites craintes de « tomber dans le fanatisme » quand elle se risque à faire des connections entre sa vie et sa foi qui ne sont pas directement traduisibles en termes humanistes rationalistes.

Aujourd'hui, Tyfannie Goldam est pacifiée avec son parcours, au point d'oser une parole courageuse pour le mettre en mots dans L'intelligence de la foi. Un livre qui retrace les découvertes de son cheminement, sous formes de questions rhétoriques ouvertes, avec des parallèles en philosophie des religions comparées pour chaque thématique abordée.

Ses parents sont mal à l'aise avec cette publication: « dans la paroisse, on nous regarde déjà de travers parce que notre enfant est resté protestante, certains nous traitent d'évangélistes, j'ai peur que cela n'aggrave les choses » confie son père. Sa mère, elle, ne peut s'empêcher de retenir un sanglot en demandant: « qu'avons-nous fait de faux? »

Article inspiré par le parcours de Marie Cénec — qui vous recommande la lecture de cet article avec un clin d’œil et un grand éclat de rire ;)