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Petit guide de greenwashing à l'usage des paroisses

Jésus dit: "Je suis le bon berger, je vous donnerai la vie en abondance." / Un troupeau de mouton broute dans un champs de détritus. Mario Heller, unsplash.
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Jésus dit: "Je suis le bon berger, je vous donnerai la vie en abondance."
Un troupeau de mouton broute dans un champs de détritus. Mario Heller, unsplash.

Petit guide de greenwashing à l'usage des paroisses

25 août 2022

Les enjeux écologiques prennent de plus en plus de place dans la société. Pour montrer qu'elle est à la pointe de ces préoccupations, l'Eglise du Mordant édite un petit guide à l'usage de ses paroisses afin de les aider à profiter de cette transition.

Genèse d'une révolution verte

Tout a commencé par une interpellation lors du Synode ordinaire de 2019. Une paroissienne a demandé que la question de l'écologie soit prise au sérieux le plus rapidement possible: « ça ne peut plus durer, il faut agir vite: les manifestations pour le climat m'ont empêchées deux fois d'arriver à l'heure au culte. »

Touché par ce témoignage, une commission du synode s'était constituée pour réfléchir à la question. Lors du Synode ordinaire de 2020, il est apparu que la commission avait confondu « écologie » avec « ergonomie » — et le travail a du être recommencé depuis le début .

La nouvelle commission a fait voter en 2021 une motion pour que la question écologique soit prise au sérieux — avec un accent fort sur la dimension spirituelle. Une entreprise de marketing a été sollicité pour améliorer la communication de l'Église, choisie sur la base de ses résultats positifs avec des entreprises comme Shell, Holcim ou Lonza.

Le résultat: l'Église du Mordant publie un petit guide pour aider les paroisses dans la transition écologiques.

Un message d'espérance actualisé

« Le greenwashing est de plus en plus important aujourd'hui pour attirer des clients soucieux d'un développement durable » explique le professeur Briquabraz, chargé de la dimension théologique du manuel, « il est important que les paroisses ne ratent pas la coche. »

Le greenwashing (ou « éco-blanchiment », « verdissage » en français) est un néologisme basé sur la contraction des mots « green » (vert) et « brainwashing » (lavage de cerveau). « Le vert est la couleur de la nature mais aussi de l'espérance » analyse Briquabraz, or l'Église est là pour rappeler que tout ira bien, et qu'il n'y a pas besoin de se préoccuper des soucis du temps présents. Si le mot « brainwashing » est parfois mal vu, les Églises chrétiennes ne doivent pas avoir honte de rappeler que « le sang de Jésus nous lave de tout péché », y compris dans nos pensées, ce qui est vécu dans la liturgie pendant la confession et le pardon des péchés. « D'ailleurs le rôle de la théologie n'est-il pas précisément de laver les cerveaux des conceptions fausses de Dieu? » ajoute le théologien.

« Le greenwashing est donc la réponse spirituelle chrétienne à l'écoanxiété qui ravage la société et vole les jeunes d'un avenir radieux », conclu le professeur, qui se réjouit de pouvoir ajouter cette publication à son CV.

Des stratégies peu coûteuses à appliquer

Par cette publication, l'exécutif de l'Église encourage fortement les paroisses à faire plus de greenwashing pour montrer à tout le monde que l'Église est dans l'air du temps — et pour ne pas perdre le soutien de l'État — tout en veillant à ne pas faire la révolution ou bousculer des habitudes séculaires chères aux paroissiens engagés.

Parmi les stratégies proposées à mettre en place facilement, on note:

Le détournement d'attention

Faire une action fortement connotée écologiquement et communiquer à fond dessus — pour masquer l'impact du reste. Par exemple, investir 200.- pour acheter des gobelets lavables (sans forcément les utiliser, il faut rester pragmatiques et ménager les forces des bénévoles), et ne pas parler des deux millions en action chez Shell qui permettent à la paroisse de combler ses déficits, ou des gouffres énergétiques que sont les bâtiments chauffés pour être utilisés 1h par semaine.

Ou encore faire un culte par année autour d'une thématique écologique, par exemple dans le cadre de la semaine pour la Création, et laisser toute l'année des flyers et affiches pour l'annoncer. Plus besoin d'aborder la thématiques dans les 51 autres cultes annuels.

Le mensonge frontal ou pas omission

Utiliser les rapports d'activités et les portails de communication comme le site internet pour parler d'action en discussions, ou imaginées pour l'avenir, sans préciser leur calendrier de réalisation. Personne ne va aller vérifier de toute façon.

Utiliser des images et slogans suggestifs 

Jouer sur les codes de la communications visuelles en utilisant des images de nature, du vert et du brun. L'Église mets à disposition une banque d'image qui va dans ce sens pour faciliter le choix. Et choisir les mots en piochant dans un lexique soigné, qui contient des termes comme « fraîcheur », « nature », « local », « responsable », « solidaire », « durable », etc.

Jouer sur la confusion en utilisant de faux label 

Par exemple le label « EgoEglise » remplace avantageusement « EcoEglise » — une police de caractère est suggérée pour masquer au mieux la différence. Ou repeindre le coq du clocher en vert pour pouvoir ensuite appelle l'église « Coq Vert ».

Encourager à parler et prier

Organiser des conférences, prier pour la création, insister sur la dimension spirituelle intérieure — tout en rappelant que le Royaume du Christ n'est pas de ce monde, que le protestantisme appelle à la foi et à l'introspection mais que les œuvres et l'activisme sont une forme de manque de confiance.

Appeler à la confiance et à l'espérance

« Ne vous inquiétez de rien », « croyez, seulement ». L'Église a le recul millénaire pour rappeler que l'humanité a traversé de nombreuses crises, qu'il y a déjà eu des extinctions de masses ou des vagues de chaleurs, mais que la terre continue de tourner. Si quelqu'un essaie de rappeler que l'Église du Mordant est dans un pays privilégié alors que d'autres sont ravagés par les conséquences de nos émissions, inviter à « balayer devant sa porte », et se préoccuper de la paille qui est dans son œil plutôt que de la poutre qui tombe sur son prochain.

***

Le Petit guide de greenwashing à l'usage des paroisses peut d'ores et déjà être commandé auprès des Presses Paroissiales Protestantes.