Connexion avec les nouveaux ministres

Les nouveaux ministres de l'Église réformée vaudoise. / © Gérard Jaton
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Les nouveaux ministres de l'Église réformée vaudoise.
© Gérard Jaton

Connexion avec les nouveaux ministres

Communication
Onze nouveaux ministres font leur entrée dans l’Eglise réformée vaudoise. Ils seront consacrés ou agrégés le 1er septembre à la cathédrale de Lausanne. Ces nouveaux pasteurs et diacres, qui s’apprêtent à partir à la rencontre des réformés vaudois, investissent-ils aussi les réseaux sociaux ?

Ils sont onze. Trois femmes et huit hommes. Ils ont entre trente et cinquante ans. Le 1er septembre, ils feront officiellement leur entrée dans l’Eglise réformée vaudoise (EERV) en tant que pasteurs ou diacres. Ils partiront alors à la conquête de leurs ouailles, aux quatre coins du canton. A l’ère du numérique, ces nouveaux ministres emprunteront- ils la voie des réseaux sociaux pour toucher les âmes des Vaudois ?

Au second plan

La pertinence des réseaux sociaux n’est pas remise en question par la nouvelle volée. Ils sont un outil de communication nécessaire. Ils offrent une visibilité aux activités organisées dans les différents lieux d’Eglise. L’application WhatsApp est d’ailleurs leur réseau social privilégié. Cette messagerie instantanée et gratuite permet de créer des groupes de discussion simultanée, idéale pour optimiser la gestion des différentes activités de la paroisse, organiser un événement, chercher des bénévoles. Une aubaine pour ces nouveaux pasteurs et diacres qui avouent ne pas chômer.

Pourtant, chacun des onze ministres préfère passer ses journées les yeux déviés de l’écran. Peu s’adonnent au plaisir de «liker» ou de partager des contenus sur Facebook et Twitter, encore moins publient des photos sur Instagram. Le plus souvent par manque de temps, d’intérêt personnel ou de demandes des paroissiens. Et aussi parce que le virtuel ne remplace pas le réel, affirment-ils. Lieux de présence et de rencontre possible, les réseaux sociaux doivent rester un simple complément au contact direct.

Au sein de la volée, on parvient malgré tout à départager deux groupes: les ministres qui voient dans le virtuel une occasion de faire rayonner la vie de l’Eglise et les valeurs de l’Evangile et ceux qui se focalisent sur la prise de contact directe, gage d’une relation authentique et à long terme, reléguant les réseaux sociaux au second plan, voire aux oubliettes. Rencontre avec les membres de la volée, tous suffragants jusqu’au 1er septembre.

Être vu, lu et entendu

«Les réseaux sociaux sont un lieu de résonance qui permet de faire connaître ce que nous faisons. Ils donnent un écho et une visibilité en touchant un public large. C’est aussi une façon de communiquer qui nous fait sortir du discours institutionnel, en donnant un ton différent, moderne et dynamique», note Paolo Mariani, diacre de la paroisse du Talent et ancien responsable de l’Office information et communication de l’EERV.

Liliane Rudaz surfe sur ces atouts dans le cadre de son ministère diaconal Présence et Solidarité pour la Région Lausanne- Epalinges. Elle co-anime la page Facebook du groupe de rencontre et de partage pour jeunes homosexuels créé au sein de l’EERV A bras ouverts. «Il faut s’adapter à la communication que les jeunes utilisent. C’est aussi un moyen d’avoir un accès aux réseaux secondaires, au public plus éloigné

Même stratégie s’agissant de la capsule vidéo hebdomadaire L’Eglise à la rencontre publiée sur Facebook par trois pasteurs de la Côte. L’objectif de ces vidéos: «Délivrer un message spirituel aux personnes en demande et qui n’ont pas le temps de venir à l’église le dimanche matin», explique le pasteur de Nyon, Kevin Bonzon, l’un des instigateurs du projet. Si le ton décalé des capsules livre une image en marge de l’institution, pour le pasteur, la relation virtuelle qu’elles entament avec les internautes n’en fait pas un but. «Je préfère prendre du temps en direct, plutôt qu’en perdre sur les réseaux sociaux.»

La priorité de la proximité

La visibilité promise par les réseaux sociaux ne rivalise pas avec l’attrait d’un travail de proximité et de culture du lien en direct, mise au coeur du ministère.

Les réseaux sociaux sont synonymes de rapidité, de spontanéité, ils sont aussi éphémères. Un rythme qui ne correspond pas encore au mode de fonctionnement des réformés vaudois, note Bertrand Quartier, diacre dans la paroisse du Jorat et responsable de l’église des enfants à Servion. «Il faut des compétences, du temps pour être à la page. L’outil virtuel n’est pas encore une priorité dans toutes les paroisses», ajoute Patric Reusser-Gerber, pasteur dans la paroisse de langue allemande de la Broye, qui avoue pourtant son intérêt pour le média.

Sur le terrain, le «public cible» est loin d’être hyper-connecté. Christian Mairhofer, diacre dans le Nord vaudois et la région lausannoise, l’observe au quotidien. «Je partage mon ministère entre les établissements médico- sociaux (EMS) et la Roulotte, un lieu de présence et d’accueil dans les rues d’Yverdon- les-Bains pour les personnes en situation de crise. Ce n’est habituellement pas via les réseaux sociaux que je peux entrer en contact avec ces différents groupes de personnes. C’est aujourd’hui un outil à mon sens plus utile pour un travail auprès des jeunes», explique-t-il.

Même constat pour le pasteur Alain Ledoux, dans la paroisse de Pomy-Gressy-Suchy. L’essentiel de la communication, qui a été renouvelée ces dernières années, se concentre sur une distribution dans les boîtes à lettres et par courriel. Pas de demande non plus de la part des paroissiens de Noémie Steffen, pasteur à la Vallée de Joux qui note un obstacle de taille : «Derrière un écran, impossible de voir le ressenti de l’autre.»

«Sur le long terme, pour qu’il y ait une relation, qu’une communauté se crée, il faut de l’engagement. Ceci passe par le réel, non par le virtuel», commente Tojo Rakotoarison. Le pasteur a posé ses bagages dans la paroisse de Baulmes-Rances. Les réseaux sociaux n’y sont pas un outil de communication privilégié. Mais la paroisse ne leur ferme pas la porte: «Nous réfléchissons à une stratégie pour redynamiser la vie paroissiale et monter une équipe pour s’occuper des enfants. Si beaucoup de jeunes sont sur Facebook notamment, il est nécessaire d’examiner leurs demandes avant de nous lancer.»

Un témoignage virtuel

«Les réseaux sociaux sont un moyen parmi d’autres d’être présent auprès des gens. Mais il ne doit pas être un but. Toute communication nécessite que l’on réfléchisse à son impact», constate Pierre-Alain Mischler, diacre de la paroisse de Cossonay- Grancy.

Si les réseaux sociaux sont un lieu de présence pour ceux qui y sont déjà, est-ce pour autant un lieu d’évangélisation à investir ? «Sur les réseaux sociaux, je partage et publie des contenus qui m’intéressent, m’interpellent. La rencontre est virtuelle, elle n’en est pas pour moins réelle ou authentique. En montrant qui je suis, en partageant un bout de mon expérience et de ma foi, je témoigne. C’est une forme d’évangélisation», déclare Alice Corbaz, pasteure aux Avançons.

Journée d’Eglise

Le 1er septembre, la journée d’Eglise se décline de 13h à 16h30 autour de la cathédrale sur le thème de l’appel. A 17h, rendez-vous à la cathédrale pour entourer les nouveaux ministres de l’Eglise réformée vaudoise lors du culte de consécration et d’agrégation, suivi d’un apéritif sur l’esplanade dès 18h30. Infos sur www.journee.eerv.ch