Un pas dans le dialogue entre protestants et catholiques

Le pasteur Gottfried Locher, à gaucher, et le cardinal Kurt Koch présentent la déclaration qu’ils ont tous les deux signée. / ©CEPE
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Le pasteur Gottfried Locher, à gaucher, et le cardinal Kurt Koch présentent la déclaration qu’ils ont tous les deux signée.
©CEPE

Un pas dans le dialogue entre protestants et catholiques

16 septembre 2018
Dimanche, une déclaration d’intention a été signée à Bâle. La Communion d’Églises protestantes en Europe et les catholiques romains s’engagent dans un dialogue sur la question de la communion d’Églises.

C’est officiel! Les protestants membres de la Communion des Églises protestantes d’Europe (CEPE) et les catholiques romains parlent désormais de communion d’Églises! Dimanche 16 septembre, dimanche du jeûne fédéral pour les suisses, Gottfried Locher, président de la CEPE et le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, ont signé une déclaration d’intention sur le lancement d’un dialogue officiel sur la thématique de l’Église et de la communion d’Églises.

Cette signature a eu lieu au cours d’un culte au Münster de Bâle en présence notamment du conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse. «La CEPE représente à elle seule environ 50 millions de personnes dans plus de 30 pays. Si vous incluez les catholiques, vous représentez plus d’un milliard de personnes dans le monde entier, ici à la cathédrale de Bâle» a déclaré l’homme politique durant son discours. «Vous affirmez ici dans la cathédrale de Bâle que vous entrez dans “un dialogue officiel entre le Vatican et la CEPE” sur la compréhension de l’Église et de la communion ecclésiale. C’est une étape importante. Aussi parce que dans le passé, ce n’était pas toujours ce qui vous réunit qui était mis en avant, mais souvent aussi ce qui vous sépare», a résumé Ignazio Cassis qui comparant ce travail de dialogue aux rencontres hebdomadaires du gouvernement suisse a constaté: «Sans respect mutuel, sans bons arguments et sans esprit de compromis (le “Saint-Esprit” nous aide peut-être aussi de temps en temps), le Conseil fédéral ne peut remplir ses tâches gouvernementales.»

Des années de préparation

De fait, Ignazio Cassis a parfaitement résumé les travaux préparatoires ayant mené à cette déclaration d’intention. Les premières rencontres entre la présidence de la CEPE et Kurt Koch ont en effet eu lieu dans les années 2011-2012, rappelle le rapport présenté à l’assemblée générale de la CEPE qui siège depuis jeudi à Bâle. Elles ont donné lieu à des consultations puis à un rapport commun. Ce travail préparatoire a permis de constater qu’il «existe davantage de convergences dans la compréhension des uns et des autres de la communion entre Églises qu’on avait anticipé.» Si le dialogue est officiellement lancé, aucun calendrier des travaux n’est fixé pour le moment.

Prêchant lors du culte lors duquel cette déclaration d’intention a été signée, Gottfried Locher, a enjoint les Églises à œuvrer pour la paix. «Les mots de Jésus devraient nous inquiéter: “heureux ceux qui font œuvre de paix” et non pas les bénéficiaires de la paix. Nous sommes appelés à agir», a précisé le pasteur après avoir rappelé que si la paix dont bénéficie aujourd’hui l’Europe semble aller de soi, elle demeure fragile.

La paix, un engagement de tous

«Ces millions de personnes qui quittent leur pays en quête d’un avenir meilleur, où trouvent-elles la paix? Ce n’est que lorsqu’elles l’auront trouvée que la paix en Europe sera une paix dans la justice. Et les armes que nous expédions dans les régions de crise: la paix sociale de nos partenaires est-elle plus importante que la mort susceptible d’être provoquée par nos armements?», a interrogé Gottfried Locher.

Monsieur le conseiller fédéral, merci de chercher à être un artisan de paix.
Gottfried Locher

«Ce sont des questions politiques qu’il est facile de poser du haut de la chaire, mais plus difficiles à résoudre dans les hôtels de ville et les parlements. Les décisions politiques sont souvent des compromis. Les frontières sont nécessaires à notre vie, elles nous protègent, nous assure la sécurité. Nous le savons. Mais nous savons également que la paix véritable est toujours une paix dans la justice, paix pour tous, justice pour tous», a poursuivi le pasteur avant de s’adresser directement à Ignazio Cassis: «Monsieur le conseiller fédéral, merci de chercher à être un artisan de paix.»

 

La realpolitik 

«Le débat public en noir et blanc, axé sur le bien et le mal, est un peu simpliste, parfois même populiste. Il est par contre juste qu’un pasteur rappelle les valeurs de la paix. J’ai également apprécié sa mention explicite à propos du défi politique de trouver des compromis», a rétorqué l’élu interrogé par Protestinfo après le culte. «Comme homme politique, je dois faire face à une autre réalité. La Constitution nous impose de défendre la sécurité de la Suisse et notre pays a choisi de le faire aussi par l’armée. Une armée privée d’armes ne serait guère efficace. Comme hommes politiques, nous sommes appelés à chercher le juste équilibre entre la paix universelle et la sécurité du pays.» 

Un signe en direction des baptistes et des anglicans

Si un pas important a été fait par la CEPE dans son dialogue avec l’Église catholique romaine, la communion a aussi réaffirmé sa volonté de dialogue avec d’autres communautés chrétiennes durant cette assemblée. L’évêque anglican Jonathan Gibbs ou Anthony Peck, secrétaire général de la fédération baptiste européenne, ont par exemple également été invités à s’exprimer devant l’assemblée.

La chronique RTSreligion