L’exécutif de l’Église réformée vaudoise sermonné

La comission de gestion de l'EERV remet en question des décisions du Conseil synodal. / iStock/serazetdinov
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La comission de gestion de l'EERV remet en question des décisions du Conseil synodal.
iStock/serazetdinov

L’exécutif de l’Église réformée vaudoise sermonné

8 avril 2019
Le 5 avril, lors de la session supplémentaire du synode de l’Église réformée vaudoise, la commission de gestion a ouvertement critiqué les décisions de l’exécutif, concernant les changements de poste de plusieurs ministres.

Les délégués au synode de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV) s’attendaient à un débat houleux, lors de la session supplémentaire du 5 avril dernier à Crêt-Bérard. Et pour cause: trois jours plus tôt, le Conseil synodal répondait à la pétition signée par 142 pasteurs et collaborateurs laïcs qui demandaient à l’exécutif de revenir sur sa décision de retirer la fonction de responsable de l’Office des ressources humaines à Nicolas Besson en vue d’engager un professionnel des RH. Si le conseil synodal n’a pas rétropédalé, il a finalement nommé Nicolas Besson responsable des ministères à partir du 1er mai. Le congé de ressourcement de trois mois initialement prévu – qui a été perçu par certains comme une mesure d’éloignement – est annulé, avec l’accord de l’intéressé.

La politique des petits copains

«La restructuration de l’ORH a été décidée par le Conseil synodal seul (…). La commission de gestion ne comprend pas la raison de cette hâte à se débarrasser de Nicolas Besson», a lu le délégué Herijao Randretsanilo, porte-parole de la commission de gestion (Cogest) pour l’occasion.

De plus, quelques heures plus tôt, tombait l’annonce de la nomination, par l’exécutif, de Line Dépraz, conseillère synodale sortante, au lieu-phare La cathédrale au 1er octobre. Une décision que la Cogest estime «peu judicieuse» et qu’il aurait mieux valu laisser au prochain exécutif «afin d’éviter les soupçons de partialité, voire de népotisme portés à l’encontre du Conseil synodal sortant». On apprend que Line Dépraz n’était pas seule en lice. «C’est cette autre ministre qui a été choisie, à une majorité claire, par le conseil du lieu-phare.» Si le Conseil synodal n’a pas violé le règlement, «la Cogest ne comprend tout simplement pas comment le Conseil synodal a pu passer outre la décision du conseil lieu-phare La cathédrale.» Bien que les déclarations de la Cogest aient mis le feu aux poudres, procédure oblige, ces informations ajoutées à l’ordre du jour ne donnent lieu à aucun débat.

Le point de vue de l’exécutif

«La Cogest est en train de faire un rapport à charge. Elle ne cherche pas l’objectivité, mais bien à dégommer le Conseil synodal», lâche Xavier Paillard, président de l’EERV, interrogé en fin de séance.

Si Line Dépraz, qui s’était récusée des discussions du dossier de la cathédrale dès ses débuts, n’a pas souhaité s’exprimer, sa collègue Myriam Karlström est revenue sur le dossier. La candidate pressentie pour le poste serait une spécialiste de la culture au bénéfice d’un faible réseau institutionnel vaudois, alors que le lieu-phare La cathédrale est un pôle institutionnel plus que culturel. Qui plus est, la candidate était une pasteure suffragante en vue d’une agrégation à l’EERV. Il lui fallait de fait l’accord préalable du Conseil synodal pour être élue.

Quel diagnostic poser sur la situation dans l’EERV?

À la suite de l’annonce du changement de poste du RH Nicolas Besson et de la pétition signée par 142 ministres demandant la suspension de cette décision, Saint-Laurent-Église a proposé un débat sur la question du «pouvoir, contre-pouvoir et stratégies». Mercredi 3 avril, une vingtaine de personnes se sont retrouvées dans la salle paroissiale au centre de Lausanne pour une soirée menée par Daniel Fatzer, un des pasteurs licenciés par l’EERV. Alors qu’on s’attendait à des discussions sur le déplacement du RH et la pétition, le débat s’est plutôt porté sur la situation de l’EERV de façon générale. Chacun a exprimé son opinion: «L’EERV est en train de couler. J’ai l’impression que c’est le Titanic et on se bat sur le pont plutôt que de trouver des solutions», «tant qu’on a la foi, on ne coule pas. L’EERV n’est pas en train de couler», «je pense qu’on vit une mutation plutôt qu’un naufrage», «la source du problème vient de la professionnalisation de l’Église», «notre Église vit une crise et on ne demande pas aux fidèles ce qu’ils veulent», «est-ce qu’on existe seulement parce qu’on reçoit encore de l’argent de l’État?». Durant deux heures, les personnes présentes ont exprimé, dans le calme, leur ressenti face à la situation de leur Église. Toutefois, selon certains participants, un lieu plus neutre que Saint-Laurent-Église, qui a été au centre de plusieurs tensions ces dernières années, aurait permis de rassembler davantage de personnes pour ce débat. - Laurence Villoz

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