L'Église réformée neuchâteloise encore dans le flou

Le Synode d’été de l’EREN s’est tenu le mercredi 5 juin dernier au Centre du Louverain aux Geneveys-sur-Coffrane. / DR
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Le Synode d’été de l’EREN s’est tenu le mercredi 5 juin dernier au Centre du Louverain aux Geneveys-sur-Coffrane.
DR

L'Église réformée neuchâteloise encore dans le flou

7 juin 2019
Retard
Le projet EREN2023 destiné à repenser l’Église de demain reste encore flou pour la majorité des délégués présents au Synode d’été. Cette vision devra toutefois prendre en compte les évolutions de la société et une diminution des ressources.

Réflexion fondamentale sur les missions et la structure de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel pour les dix à vingt prochaines années, le projet EREN2023 a pris un léger retard. Les esquisses de modèles d’Église élaborées par le groupe de travail constitué spécialement à cet effet auraient dû être présentées lors du Synode de décembre 2019, elles le seront en juin 2020. «Nous n’avions pas assez pris en compte le changement de législature qui a lieu cette année et qui modifie passablement de choses», a précisé le président du Conseil synodal Christian Miaz. L’important pour lui est que le processus soit lancé, même s’il devrait prendre encore plusieurs années.

Remise en question

Députée au Synode, la pasteure Christine Hahn, de la paroisse des Hautes-Joux, a souligné que le processus était peu clair dès le début. Elle a demandé des clarifications sur la démarche, les objectifs et le but final à atteindre. «Bien que je ne souhaite pas nier le travail qui a été fait, et je remercie toutes les personnes qui se sont investies, je me demande si nous avons pris le bon chemin», a-t-elle ajouté lors de son intervention. Elle a également demandé à ce que des lieux de partage sur la question soient mis sur pied afin que les paroisses puissent être partie prenante de la démarche et examiner les différentes options envisagées par le groupe de travail. Composé de deux pasteurs, un diacre, deux permanents laïques et trois laïcs, ce dernier s’est mis à plancher sur le sujet dès février 2018, sur la base de la vision concertée «Une Église joyeuse, dynamique et souple».

Démarrage en douceur

Dans son discours, le président de l’Assemblée, le pasteur Yves Bourquin, a comparé la législature 2015-2019 à une jachère qui a permis de préparer le terrain. Il a expliqué qu’il fallait du temps pour que la clarté se dégage et qu’un chemin se dessine: «EREN 2023 n’est pas encore tout à fait mûr, ce n’est pas grave! Le processus est engagé comme un fruit vert sur l’arbre, il va murir et devenir bon.»  Il a également souligné la nécessité de ne pas tenter d’esquiver les difficultés présentes et à venir, et à les voir au contraire comme des défis, voire des opportunités. Selon lui, certains sacrifices devront être faits. Des fusions et des redéfinitions des entités d’Église au niveau paroissial, régional et institutionnel seront forcément nécessaires: «Nous vivons un temps de crise! Un temps de bouleversements. Des choses mourront! Qui étaient riches de sens, jadis… mais devenues inadaptées à notre réalité.»

Contexte financier

Lors de la présentation des comptes, Pierre Bonanomi, conseiller synodal en charge des finances, a noté qu’il était important de considérer les diminutions des rentrées financières dans les prochaines années. «C’est un phénomène tout à fait normal dans notre société sécularisée que nous ne pouvons pas contrer.» Selon lui, bien que de nombreux efforts soient faits pour inviter les contribuables à s’acquitter de leurs impôts ecclésiastiques et que des campagnes de dons soient régulièrement lancées, ces démarches ne pourront pas inverser la tendance.

Ce point a également été abordé par Yves Bourquin dans son discours. «Les diminutions ne sont qu’une face de la médaille, de l’autre, il y a toutes les opportunités que ces changements difficiles peuvent amener, vont amener… » Des évolutions nécessaires afin que L’EREN puisse (re)devenir une Église vivante et non une Église sous perfusion. 

Vers l’équilibre des comptes

Les efforts conjugués du Conseil synodal et des paroisses ont permis de réduire le déficit de 924'000 francs à 380'000 francs entre le budget et les comptes 2018. Un résultat rendu possible grâce à l’application d’un nouveau tableau des postes qui a engendré des diminutions conséquentes et à la vacance de certains postes.

Les dons et legs, en nette progression, ont également aidé, notamment l’augmentation de dons issus des paroisses alémaniques dont 20'000 francs de la paroisse Zug et 13'710 du Grossmünster de Zurich. Une assistante en recherche de fonds entrée en fonction en avril 2018 a permis de poursuivre les actions initiées précédemment.

Le secteur immobilier affiche une bonne stabilité. En 2018, les loyers nets encaissés se sont montés à 1'862'000 francs. Les rénovations d’immeuble permettent de consolider la valeur du patrimoine.

L’EREN vise l’équilibre des comptes dans un futur proche qui se situe à l’horizon 2022. La Commission d’examen de la gestion (CEG) a toutefois demandé au Synode de garder une certaine souplesse et de ne pas faire «ceinture et bretelles» afin de pouvoir soutenir des idées nouvelles et créatives.

Le Synode en bref

PANORAMA Les délégués ont validé le rapport annuel 2018 qui reflète la grande diversité des champs d’action de l’EREN. De nombreux développements ont eu lieu dans les domaines de l’asile et de la migration ainsi que dans l’accompagnement des personnes âgées.

Les aumôneries de l’EREN ont déployé une inlassable activité, dénuée de tout prosélytisme, dans les hôpitaux, dans la rue, en milieu carcéral et dans les institutions sociales.

De nombreux changements ont été effectués dans les équipes ministérielles. Certains ont juste changé de paroisse et de nouveaux arrivants ont pu prendre leurs fonctions.

Les bénévoles ont également été mis à l’honneur en cette année du bénévolat, une force vitale pour l’EREN.

L’EREN a été fier d’accueillir le Prix Farel à Neuchâtel. Festival international du film à thématique religieuse, celui-ci a proposé une vision ouverte sur le monde et sur les préoccupations morales, éthiques et spirituelles. Le film Ni d’Eve, ni d’Adam, une histoire intersexe de Floriane Devigne (F) a reçu le prix du Jury.

FONDS IMMOBILIER Le règlement du Fonds immobilier de l’EREN a fait l’objet de débats nourris, des modifications ont été votées et le fonds est désormais placé sous la responsabilité du Conseil synodal et non plus du Conseil de direction du Fonds immobilier. Ce changement répond à l’évolution de la situation des paroisses qui sollicite rarement ce fonds et à l’évolution du marché immobilier qui offre des crédits abordables et peu coûteux. Lors de sa création en 1966, ce fonds permettait d’obtenir un prêt inférieur de 1% au taux pratiqué par la banque. Le secteur immobilier appliquant actuellement des intérêts hypothécaires avoisinant les 1%, son utilité est fortement remise en question. La gérance du fonds immobilier de l’EREN a été confié au secrétariat général.

SOUTIEN AUX ŒUVRES Les délégués ont également pu discuter du rapport sur l’évaluation de la nouvelle forme de soutien aux œuvres d’entraide. Le nouveau système garanti une somme fixée par les paroisses sur la base de la contribution ecclésiastique de l’année précédente. Celle-ci est complétée par l’apport des contributions de donateurs qui fluctuent en fonction des années. Les paroisses ont répondu favorablement à cette évolution et le dossier a été classée selon la proposition du Conseil synodal. Cette nouvelle formule ne permet toutefois de ne pas stopper l’érosion des dons.

NOUVELLE LÉGISLATURE Le Synode a également pris congé de la conseillère synodale Antoinette Hurni, Pierre Bonanomi et Jean-Philippe Calame. Chacun d’eux a fait l’objet d’un discours personnalisé de remerciements durant la session. La grande collégialité régnant au Conseil synodal et l’importance de l’esprit démocratique du Synode ont été souligné à maintes reprises. 

Le président de l’Assemblée Yves Bourquin a aussi pris congé de ses fonctions. Il sera candidat au Conseil synodal au Synode électif qui se déroulera le 28 août prochain à la salle du Grand Conseil du Château de Neuchâtel. Les conseillers en place se représenteront, deux postes laïques seront à repourvoir.