«Cette situation ne peut durer toute une année»

La proposition de créer une commission chargée d'enquêter sur les raisons de la démission de Sabine Brändlin du Conseil de l’EERS est critiquée. / IStock
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La proposition de créer une commission chargée d'enquêter sur les raisons de la démission de Sabine Brändlin du Conseil de l’EERS est critiquée.
IStock

«Cette situation ne peut durer toute une année»

Antonia Moser, ref.ch
18 mai 2020
Les responsables des Églises de Berne-Jura-Soleure et de Zurich critiquent la proposition de créer une commission chargée d'enquêter sur les raisons de la démission de Sabine Brändlin du Conseil de l’Église évangélique réformée de Suisse.

La démission surprenante de Sabine Brändlin du Conseil de l'Église évangélique réformée de Suisse (EERS) fait grand bruit. Le fait que les raisons d’un tel départ ne puissent être rendues publiques qu'en juin 2021, comme l'a demandé la présidence du Synode, suscite donc de vives critiques.

Le président du Conseil de l'Église de Zurich, Michel Müller, qui avait déposé avec ses collègues de différentes Églises cantonales une interpellation à l’adresse de l’exécutif de l’EERS, doute que la commission proposée serve réellement la transparence. Il craint qu'en conséquence, les questions ne reçoivent pas de réponse correcte. Selon lui, cela permettrait au Conseil d'essayer de refuser de fournir des informations à ce stade et de les reporter jusqu'au rendu de la conclusion de cette commission d’enquête. Cette échéance tardive pourrait faire naître le faux espoir que l’affaire sera enterrée d’ici là.

«Idée folle»

Andreas Zeller, président du Conseil synodal des Églises de Berne-Jura-Soleure, qualifie la longue période d'enquête de «complètement folle». Deux à trois mois devraient suffire, sinon cette Commission ne serait qu'une simple tactique pour gagner du temps. En outre, le Conseil ne serait guère en mesure d'effectuer son travail dans ce laps de temps.

Michel Müller trouve également «impensable» qu'un Conseil aussi malmené puisse continuer à travailler pendant une année supplémentaire. «Il n'inspire pas la confiance, il ne fait qu'éveiller la méfiance.» Michel Müller et Andreas Zeller espèrent donc obtenir une réponse détaillée à leur interpellation lors du prochain synode, qui aura lieu le 15 juin.

La commission en complément

Le président du Synode, Pierre de Salis, espère également une résolution du conflit. Les problèmes sont profonds, c'est pourquoi la présidence du Synode veut mettre en place une commission temporaire. «C'est le maximum que nous pouvons faire», a-t-il déclaré.

La décision de proposer une telle enquête avait déjà été prise avant l'interpellation. Si l'interpellation et la commission d'examen de la gestion (organe interne au Synode, ndlr.)  fournissent maintenant toutes les réponses, alors la commission ne sera plus nécessaire, précise Pierre  de Salis. Mais s'il y avait encore un besoin de clarification, ce pourrait être un ajout important.

Un calendrier serré

Pierre de Salis rejette la critique du long terme. Une Commission ne pourrait commencer à travailler qu'à la mi-août en raison des vacances d'été. Le rapport devrait être finalisé au début du mois d'octobre, car il devrait être soumis quatre semaines avant le synode de novembre. C'est un délai trop court pour une enquête aussi délicate et complexe.

Ce n'est donc pas une tentative pour gagner temps, souligne Pierre de Salis. Et le Conseil n’a certainement pas exercé des pressions pour retarder les réponses. La pression vient plutôt de la présidence du Synode, qui exige des réponses claires.

«L'EERS ne se préoccupe que d'elle»

En tout cas, tout le monde est d'accord sur une chose: la transparence est nécessaire et la confiance doit être rétablie. Parce que cette affaire est extrêmement préjudiciable à l'Église. Michel Müller et Andreas Zeller soulignent qu’alors qu’un si bon travail est effectué au niveau de la base dans la crise sanitaire actuelle, l’EERS ne s’intéresse qu’à elle. Cette situation ne peut durer toute une année.

Sabine Brändlin avait annoncé à la surprise générale sa démission du Conseil de l'EERS le 24 avril. Cependant, sa déclaration personnelle et l'annonce du Conseil divergent tellement que les dirigeants des Églises de Zurich, Vaud, Argovie et Berne-Jura-Soleure ont conclu à un conflit interne. Dans une interpellation conjointe avec d’autres Églises cantonales, ils ont donc demandé que l’exécutif fournisse des informations sur le contexte de la démission avant le synode de la mi-juin.