L’Église réformée vaudoise fait face à ses difficultés

Image d'illustration / © iStock/Vectorios2016
i
Image d'illustration
© iStock/Vectorios2016

L’Église réformée vaudoise fait face à ses difficultés

15 juin 2020
Réuni le 13 juin à Denges, le synode de l’Église réformée vaudoise a adopté la gestion 2019 de l’exécutif. La volonté de résolution des tensions et dysfonctionnements présents au sein de l’Église ont largement occupé les débats.

«La guerre des tranchées n’a pas eu lieu et nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas si éloignés les uns des autres», lâche Simon Butticaz à quelques minutes du vote sur la gestion 2019 de l’exécutif de l’Église réformée vaudoise (EERV) par les délégués au synode (organe délibérant), réunis le 13 juin à Denges. Après plusieurs heures de débats, en effet, la gestion est adoptée sans opposition.

Pourtant, à la lecture des rapports de gestion du Conseil synodal (exécutif) et de la commission de gestion (cogest), l’écart est de taille. Le premier met l’accent sur la richesse des activités de l’Église, quant au second, il fait état de nombreuses tensions entre les différents organes de l’EERV, d’une culture d’attribution de problèmes aux personnes, mais aussi de difficultés organisationnelles et structurelles qui affectent le bon fonctionnement des différents services de l’EERV. La cogest s’étonne d’ailleurs que l’exécutif ne reflète pas les réalités de l’institution dans son rapport, en omettant les difficultés et ne fasse «aucun descriptif de l’état de l’EERV, alors que l’année 2019 a été jalonnée de tensions et dysfonctionnements manifestes». Elle insiste ainsi sur la nécessité d’une meilleure protection des collaborateurs, et d’une amélioration de la gestion, à coup de recommandations et de décisions.

Une souffrance partagée

«Nous partageons bon nombre de réflexions de la cogest sur l’état de santé de l’Église. Nous ne butons pas en corner. Notre rapport, centré sur le travail global de l’Église, est non exhaustif. C’est un choix et non un manque de transparence. De plus, nous ne maîtrisons que partiellement cette année, durant laquelle il a fallu du temps pour entrer dans tous les dossiers et les maîtriser», explique Vincent Guyaz, conseiller synodal. L’année 2019, en effet, était à cheval entre deux législatures et a donné lieu à un renouvellement presque total de l’exécutif.

La crise n’est pas niée. En ouverture de session, le message de l’exécutif est sans équivoque: «Le Conseil synodal n’arrive plus à respirer, en paroisse et en région aussi, nous manquons de souffle, de force, nous n’en pouvons plus. Idem pour les salariés pris dans des conflits de personnes. Nous vous demandons de tout mettre en œuvre rapidement pour simplifier la structure et mettre en œuvre la Mission», exprime Marie-Claude Ischer, présidente du Conseil synodal. Et son collègue Laurent Zumstein d’ajouter: «Par moment, comme par le passé, notre institution devient maltraitante. Elle casse l’enthousiasme. Le défi est de trouver comment garder le bon contenu, s’en réjouir, tout en changeant le contenant. Notre institution doit évoluer. Le Conseil synodal vous invite à prendre la mesure de l’état de notre système qui met en danger autant qu’il est en danger.»

La confiance retrouvée

Au fil des débats, si l’écart entre les deux rapports est relevé, on cherche plutôt à le dépasser pour s’attacher à la résolution de la crise. «Le rapport de la cogest analyse un système et ne pointe pas des personnes. Si nous commençons à pinailler, à voir qui a raison qui a tort, nous n’avancerons pas. Il faut en effet diminuer la souffrance dans notre Église. Prenons des décisions pour simplifier le système et la gestion», déclare la déléguée Martina Schmidt. «Si on met le doigt sur tout ce qui ne va pas, on en vient à choisir ce que le Conseil synodal devrait prendre comme décision. Soit on lui fait confiance, on l’encourage et on lui donne les moyens et la liberté de travailler, soit on se prépare à élire un nouveau Conseil synodal», fait remarquer Marc Rossier dans l’assemblée.

De son côté, la cogest précise que l’objectif de son rapport est bien de mettre un terme à la souffrance au travail et de surmonter les difficultés qui doivent devenir des opportunités, des tremplins pour s’améliorer. «Il ne s’agit pas de juger ou d’accuser. Là où un problème apparaît, il faut savoir comment le gérer et avec quelles mesures», précise Alain Ledoux, de la cogest.

Après discussions, la commission de gestion et le Conseil synodal ont pondu un texte de ralliement précisant que l’exécutif prenait acte des propositions de la cogest et qu’elle en tenait compte dans la planification de ses travaux et mettant notamment en place un mécanisme de remontée de l’information sur la gestion des ressources humaines de tous les collaborateurs, incluant un outil permettant d’identifier les problèmes de santé au travail. Et par la même, le synode a approuvé le rétablissement du chancelier et la création d’un poste de gestionnaire RH. Ainsi, le rapport de gestion du Conseil synodal a finalement pu être approuvé par le synode, qui marque ainsi sa confiance en l’exécutif.

Dotations provisoires

Alors que le synode avait accepté en mars passé de décaler à juin 2021 la répartition des dotations, le Conseil synodal a présenté, le 13 juin, le premier jet du dispositif d’accompagnement des régions sur cette question, permettant de gérer la repourvue des postes dès cet été.  Si aucun nouvel engagement n’est prévu cette année, c’est bien de l’affectation de dix nouveaux ministres suffragants dont il était question et qui se fera notamment là où la vacance mettrait en péril l’existence de lieu d’Église.

Pendant la session, les délégués au synode ont également approuvé les comptes 2019 avec un déficit de 395'101 fr.