«L’affaire Fatzer» se clôt sur un accord

Image d'illustration / © iStock/LeoWolfert
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«L’affaire Fatzer» se clôt sur un accord

1 juillet 2020
Le pasteur Daniel Fatzer, licencié en 2016, s’est réconcilié avec l’Église réformée vaudoise. Les deux parties ont trouvé un accord et reconnu leurs torts.

C’est par une réconciliation que s’achève «l’affaire Fatzer». Licencié en 2016 par l’Église réformée vaudoise (EERV), le pasteur Daniel Fatzer avait mené l’affaire jusque devant les tribunaux. Aujourd’hui, la hache de guerre est enterrée. Le 30 juin, lors d’une conférence de presse, les deux parties ont annoncé avoir trouvé un accord et reconnaissent des torts.

En 2016, le pasteur vaudois Daniel Fatzer avait entamé une grève de la faim dans l’église Saint-Laurent à Lausanne, en réaction à son licenciement avec effet immédiat, pour avoir pris la défense d’un collègue congédié, en mentionnant son nom lors d’un culte diffusé en direct sur les ondes d’Espace 2. Faute de solution à l’amiable, le pasteur avait intenté un procès à son employeur, demandant réparation. Quatre ans plus tard, avec le renouvellement des autorités de l’EERV, le contact a été renoué et un accord signé entre le nouvel exécutif et Daniel Fatzer. «Le souci du Conseil synodal est d’apaiser le plus possible cette Église, et charité bien ordonnée commence par soi-même. Le but de cet accord est de construire le présent et d’être un employeur responsable, qui gère les conflits», explique Perry Fleury, membre du Conseil synodal de l’EERV. «Tout est entériné. Notre accord, transmis à la juge, a valeur de jugement», précise Daniel Fatzer, qui se dit soulagé de ce dénouement. «La réconciliation est un terme très important pour moi et pour le Conseil synodal. Elle demande du courage des deux parties. Nous sommes heureux d’avoir fait ce chemin avec Monsieur Fatzer», ajoute Marie-Claude Ischer, présidente de l’exécutif.

Les modalités de l’accord

Selon l’accord conclu, un fond de plusieurs dizaines de milliers de francs – dont le montant exact n’est pas dévoilé, mais qui équivaut à la somme que Daniel Fatzer demandait en justice – sera mis à la disposition d’un projet pionnier de l’EERV. Daniel Fatzer renonce donc à toute indemnité. Une partie de ses proches obtiendra une somme «modeste», dont le montant n’est pas communiqué, en guise de réparation.

À cela s’ajoute la mise en place, dès ce mois de juin, d’une «équipe de personnes expérimentée en matière de leadership et de ressources humaines». Le groupe, hors institution, va être «une ressource et force de proposition sur laquelle le Conseil synodal, entre autres, décide de s’appuyer». Cette nouvelle «instance de veille pour la résolution de problèmes individuels et institutionnels» devrait être notamment constituée d’intervenants internes et externes à l’EERV, de membres de l’exécutif, et de Daniel Fatzer.

Pardon

Pour parvenir à un accord, les deux parties ont également reconnu leurs torts.  «Je peux comprendre que la défense de certains collègues, la défense de certains projets, mon enthousiasme pour certaines causes aient pu blesser aussi bien la majorité que les structures du pouvoir. Je les prie donc de m’en excuser et de pardonner le côté négatif de mes passions, en leur demandant, humblement, de ne pas oublier leur aspect positif», exprime Daniel Fatzer dans le communiqué. «Nous avons pu poser des actes de justice entre nous, car on ne peut pas se réconcilier sur un sentiment d’injustice», a-t-il ajouté en conférence de presse.

S’agissant du licenciement, Perry Fleury avoue que «dans le contexte de l’époque, j’aurai peut-être fait la même chose. Mais un licenciement immédiat à quelques mois de la retraite est dans ce sens abusif». L’exécutif ne commente pas les décisions de ses prédécesseurs – dont il dit partager les convictions fondamentales en matière de foi chrétienne –, «la manière d’appliquer les essentiels de l’Église reflète des cultures et expériences propres à chaque personne. Ces sensibilités s’expriment notamment dans les choix de gouvernance».