Jeunesse réformée, qui es-tu?

Du 5 au 6 novembre, la 1re édition du festival BREF (Battement réformé) regroupera à Neuchâtel des jeunes réformés de toute la Suisse romande. / IStock
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Du 5 au 6 novembre, la 1re édition du festival BREF (Battement réformé) regroupera à Neuchâtel des jeunes réformés de toute la Suisse romande.
IStock

Jeunesse réformée, qui es-tu?

Du 5 au 6 novembre, la 1re édition du festival BREF (Battement réformé) regroupera à Neuchâtel des jeunes réformés de toute la Suisse romande, pour 24 heures de festivités non-stop. L’occasion rare de se reconnecter à leur ADN protestant et de s’interroger sur leur identité commune.

Eclatée entre les différentes régions de Suisse romande, la jeunesse réformée a choisi de s’organiser un grand raout en ce mois de novembre 2022. Au programme, pas moins de vingt-quatre heures de festivités non-stop, de quoi redonner le sourire à ces adolescents et jeunes adultes qui ont subi de plein fouet les différents confinements liés à la pandémie. Du 5 au 6 novembre aura donc lieu à Neuchâtel la 1re édition du festival BREF (Battement réformé), un rendez-vous initié et conçu par des jeunes réformés à l’adresse de leurs pairs. Comprenez: les 14-25 ans.

«Je trouvais important d’avoir un événement pour la jeunesse en tant que telle», formule la Vaudoise Nina Jaillet, qui vient de terminer ses études de théologie à l’Université de Lausanne et s’est engagée dans le projet dès le début. «Nous sommes toujours moins nombreux chez les réformés, nous avons donc d’autant plus besoin d’être en contact les uns avec les autres», exprime le Biennois Adrien Despont, mandaté de son côté pour gérer la communication autour de l’événement. «C’est l’occasion de créer une cohésion romande, qui manque à l’heure actuelle.»

Connexions romandes

«Nos Eglises cantonales fonctionnent un peu en vase semi-clos», atteste Anne Morel, botaniste qui partage sa vie entre Genève, où se trouve son «Eglise de cœur», et Berne où elle travaille. Active dans les différents groupes de travail mis en place pour l’événement, il lui tenait précisément à cœur d’œuvrer «à créer des liens et développer un réseau romand».

«Car la jeunesse réformée existe bel et bien», assène Nina Jaillet. Ces jeunes adultes engagés dans la création de cette manifestation en veulent pour preuve le souvenir toujours vibrant du festival Réformaction tenu en 2017 à Genève, à l’occasion des 500 ans de la Réforme. «J’avais trouvé génial de pouvoir rencontrer des jeunes venant d’autres endroits de la Suisse, mais qui partagent la même foi», se souvient Daniel Baltensperger, informaticien vaudois engagé dans la gestion des bénévoles.

À quoi ça sert justement de se retrouver entre réformés? «Cela permet de réfléchir à notre identité. De découvrir comment ces jeunes qui ont la même foi, et peut-être les mêmes questions, y répondent, comment ils avancent dans la vie avec cette identité», formule Nina Jaillet. «Dans mon cercle d’amis, je n’ose pas trop partager ma foi», confie d’ailleurs Adrien Despont. «Ce genre de manifestation est l’occasion d’échanger avec des personnes qui ont la même vision.» Et Anne Morel d’expliciter: «Le fait d’être d’une même culture religieuse peut amener des clés de compréhension de nos questionnements personnels et existentiels, que l’on n’a pas forcément avec nos camarades d’école ou collègues.»

ADN protestant

Mais comment définir justement cette identité commune, alors que l’on sait le christianisme réformé très bigarré par essence? «Une partie de la jeunesse protestante a envie de changement», résume Adrien Despont. «Beaucoup veulent agir sur notre temps, faire des choses, s’engager et continuer à véhiculer les valeurs de partage, de bienveillance et d’accueil inconditionnel.»

Elisa Blaser, étudiante fribourgeoise, s’est d’ailleurs engagée dans l’organisation de l’événement en raison précisément de ses combats personnels. «Dans la vie de tous les jours, je me bats pour l’écologie, le féminisme et les minorités. Je me suis investie pour que ces valeurs soient présentes au cœur de ce festival.» Et d’insister: «Toutes ces luttes sont tournées vers les autres et le bien commun. Ces valeurs sont donc protestantes.» Le thème du festival vient d’ailleurs le rappeler sans détours: «Espérer c’est agir».

Pour Nina Jaillet, l’ADN réformé serait également constitué «de l’écoute au-delà de tout jugement et de la volonté de travailler ensemble pour qu’il y ait plus de justice sociale». Quant à la part de la foi? La jeune théologienne formule que celle-ci est «très variable d’une paroisse à l’autre». Et précise:  «J’ai quand même l’impression que même si parfois elle n’est pas nommée, la foi est quand même là, en arrière-plan. Je pense qu’elle mériterait cependant à être encore plus assumée.»

Une foi en expériences

L’événement est taillé comme une expérience. En continu. Unique en son genre, le festival BREF (Battement réformé) regorgera de stands, concerts et ateliers. Une confrontation aux thèmes de notre société actuelle à l'aune de valeurs réformées comme la bienveillance ou l'inclusivité.  Ainsi, grâce à l'activité «Bibliothèque vivante», il sera possible d'emprunter une personne plutôt qu’un livre, afin de découvrir son histoire personnelle. Dans un «Escape church», c'est dans l’enquête autour d’artéfact perdu qu'il faudra se lancer, ce dernier ayant le pouvoir de changer le visage du christianisme... A Neuchâtel, le public pourra également compter sur la présence exceptionnelle du chanteur K, qui y promet un concert en forme de création inédite, un voyage entre vibrations sonores et visuelles. Mais le show ne s’arrêtera pas là. Dans «La Magie de la foi», un «prestidigipasteur» éclairera des extraits de la Bible avec des tours de magie. Enfin, plus intime, une expérience de lavement des pieds, afin de rappeler le geste du Christ envers ses disciples, ce signe d’amour symbolique. L.V.