Promouvoir des espaces de paix

Alessandra Trotta, modératrice des Eglises vaudoises et méthodistes d’Italie / ©Chiesa Evangelica Valdese
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Alessandra Trotta, modératrice des Eglises vaudoises et méthodistes d’Italie
©Chiesa Evangelica Valdese

Promouvoir des espaces de paix

Alessandra Trotta, modératrice des Eglises vaudoises et méthodistes d’Italie, viendra témoigner le 4 novembre prochain des réalités de son Eglise. Une communauté minoritaire très active sur le plan social.

L’Eglise protestante vaudoise (les vaudois du Piémont – Chiesa Evangelica Valdese), communauté chrétienne dont l’origine remonte aux prédications de Pierre Valdo au XIIe siècle, compte environ 20'000 membres aujourd’hui. Mais ses contributeurs financiers sont près de 570'000! Un paradoxe qui s’explique par une disposition fiscale italienne, dite otto per mille (huit pour mille), qui permet à toute personne imposée en Italie de destiner une partie de ses ressources à une institution religieuse de son choix, sans en être membre. «Nous utilisons ces revenus de la manière la plus transparente possible. Ils ne servent pas à faire perdurer la prédication de l’Eglise, mais uniquement au travail diaconal, social et culturel de l’Eglise et d’autres institutions», explique Alessandra Trotta, modératrice de la Table vaudoise, l’organe exécutif de l’Eglise, et ancienne avocate. Pourtant, l’institution manque de ressources. Mais la diaconie est «essentielle» pour le témoignage ecclésial, défend la modératrice. «Pour notre Eglise, le fait d’avoir un fort impact dans la société civile, à travers la promotion de la paix, de la justice, des droits humains et d’une société inclusive et accueillante, est une part essentielle de notre foi.» Rencontre.

Quels sont les principaux projets diaconaux de votre Eglise?

Nous travaillons beaucoup avec les enfants, les personnes handicapées, mais surtout avec les personnes migrantes. Nous avons notamment développé avec la communauté Sant’Egidio et la Fédération des Eglises protestantes d’Italie des «couloirs humanitaires». Depuis le Liban, l’Afghanistan ou la Libye, nous faisons venir des migrants de manière sûre, et en réalisant un travail d’intégration… qui fonctionne.

N’est-ce pas paradoxal d’avoir tant de moyens pour la diaconie si votre Eglise est en difficulté?

C’est vrai qu’il nous faut du soutien pour payer nos pasteurs retraités, mieux rémunérer ceux qui sont en poste et développer des projets interculturels. Notre modèle de communauté full inclusive demande beaucoup de formation.

De quoi s’agit-il?

Je l’ai vécu moi-même dans la communauté de Palerme, en Sicile, dont je suis originaire. Dès la fin des années 1980, l’Italie est devenue un pays d’immigration. Nous avons compris qu’il ne suffisait pas de dire aux personnes venant du Ghana, d’Amérique du Sud ou des Philippines, parfois d’origine protestante, de venir célébrer avec nous. Faire communauté ensemble a été un défi spirituel et théologique profond. Nous avons fait des ateliers, nous nous sommes questionnés sur le sens de la célébration, de la prière, etc. Une vraie rénovation s’en est suivie. Ma spiritualité a changé! Cette vision se diffuse désormais dans toutes les paroisses et il faut des formations théologiques interculturelles pour nos pasteurs, nos diacres, mais aussi et surtout nos laïcs, qui sont des ponts précieux entre les cultures.

Giorgia Meloni, la nouvelle cheffe de gouvernement (ultraconservatrice) est-elle un frein?

Nous aurons sans doute des soucis avec le nouveau gouvernement. Mais ce n’est pas nouveau et nous allons continuer. Tous ceux qui défendent une société ouverte et accueillante voient leur popularité menacée. L’enjeu principal aujourd’hui, c’est la fragmentation de nos sociétés. Notre rôle d’Eglise est de créer les conditions du dialogue, pour que les gens s’écoutent, entendent leurs peurs mutuelles. Afin de promouvoir des manières de vivre ensemble en solidarité et en paix. 

Infos

Alessandra Trotta participera vendredi 4 novembre à l’assemblée générale de Provaldesi, le Comité romand pour l’Eglise et les vallées vaudoises du Piémont, à 14h, au centre paroissial Saint-Jacques, avenue du Léman 26, Lausanne. Dès 15h, temps d’échange et de questions.

www.chiesavaldese.org

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