Les radios chrétiennes débarquent sur les ondes

Un récepteur de radio numérique DAB+. / CC0, RonPorter / Pixabay
i
Un récepteur de radio numérique DAB+.
CC0, RonPorter / Pixabay

Les radios chrétiennes débarquent sur les ondes

25 juillet 2016
Alors que la bande FM est proche de la saturation, la diffusion numérique ouvre des opportunités pour les programmes à but idéal. La radio catholique Radio Maria est déjà diffusée partout en Suisse romande. Dans la région de Lausanne s’ajoute Phare FM et Radio 74 à Genève.

«À chaque fois qu’une nouvelle technologie arrive, on sent une revitalisation d’idées pour des chrétiens pour donner une voix qui est la nôtre, qui parfois diverge d’autres voix ou complète d’autres voix», note Emmanuel Ziehli, directeur de l’association Radio Réveil/Paroles FM. Une association qui existe depuis 66 ans et dont la principale activité est de fournir des capsules chrétiennes à près de 70 radios francophones, dont RTN et Rhône FM. Mais Paroles FM a désormais sa propre antenne, puisqu’elle diffuse le programme français Phare FM en radio numérique DAB+ à Lausanne et bientôt aussi à Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, en Valais, à Lugano et dans les régions de Bienne et Fribourg.

Bien qu’en Suisse la publicité pour des partis politiques ou des appartenances religieuses soit interdite à la radio et à la télévision, rien ne s’oppose à la création de programmes confessionnels. Le programme français de Radio Maria est d’ailleurs lui aussi déjà disponible partout en Suisse romande et Radio 74 peut être écouté à Genève et bientôt en Valais. Enfin, Radio Gloria est disponible en Suisse alémanique.

La radio numérique est loin de la saturation

Si la bande FM frise la saturation, la limite est loin d’être atteinte avec la technologie de diffusion numérique DAB+. «En comparaison avec la FM, le DAB+ permet une utilisation plus rationnelle des fréquences. Grâce à cette technologie, il est possible de diffuser sur une seule fréquence jusqu’à 18 programmes de radio», explique Silvia Canova, porte-parole de l’Office fédéral de la communication (OFCOM). «Les réserves de fréquences permettent en outre le développement des futurs programmes radio.» Et tout cela pour un coût moindre: les radios numériques n’ont pas besoin de construire leur réseau d’antennes, elles utilisent les infrastructures mises en places par divers prestataires de service qui partagent leurs émetteurs entre plusieurs programmes. «La diffusion nous coûte pour le moment 12’497fr40 par mois», note ainsi le père Thomas Rellstab directeur de programme de Radio Maria en Suisse. Une somme «payée par les offrandes des auditeurs», souligne-t-il.

De fait, ce sont, ces prestataires de services qui choisissent les programmes qu’ils entendent diffuser. L’orientation religieuse des radios chrétiennes pose-t-elle problème? «Non, pas du tout. Peut-être même au contraire: le caractère tout à fait différent des autres radios permet à notre partenaire de proposer davantage de diversité», estime Thomas Rellstab. «Pour Lausanne, une réponse positive a été donnée en à peine quelques jours. Cela a été un cadeau inattendu», complète Emmanuel Ziehli. «Le démarrage a été quasiment immédiat. Et nous émettons sur Lausanne depuis le 21 décembre.»

D’un point de vue strictement juridique, «l’évaluation des contenus rédactionnels ne relève pas des tâches de l’OFCOM. Les plaintes sur le contenu d’une émission relèvent en première instance de l’organe de médiation et en deuxième instance de l’autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radiotélévision. Les deux s’activent qu’en cas de plainte; un contrôle préalable des programmes (censure) est interdit en Suisse», souligne Silvia Canova.

Mais s’agit-il de programmes d’évangélisation ou de programme à destination du public croyant qui cherche une station qui leur ressemble? «Notre radio, c’est une radio chrétienne. Pour des catholiques, pour des réformés, pour des évangéliques, pour des non-chrétiens, pour des gens en recherche. Pour tous ceux qui cherchent des contenus spirituels qui donnent des propositions de réponses à des questions que les gens se posent», répond Emmanuel Ziehli. «Écoutez nos productions, elles ne visent pas le prosélytisme! Elles sont plutôt de l’ordre de la réflexion. Je préfère au prosélytisme le concept de mission intégrale: d’abord, on suggère une proposition de solution concrète à un problème posé, avant de proclamer que Jésus est le chemin, la vérité et la vie, vérité inaudible si elle n’a pas été précédée de faits concrets. PhareFM romandie souhaite ne pas être dogmatique, mais au contraire une force de proposition basée sur l’évangile. Libre à celui qui écoute de prendre ou de laisser comme le Christ l’a fait avant nous. Le christianisme est la seule religion (ou philosophie) qui nous laisse libres de nos choix. La liberté n’est que du bonheur, nous souhaitons le partager au plus grand nombre.»

Quatre heures par jour de programmes suisses

Radio 74 produit ses contenus dans la région, en Haute-Savoie, bien qu’une large partie de sa programmation soit des émissions de radio chrétiennes américaines. Du côté de Radio Maria, c’est le programme français qui est rediffusé en Suisse. «Nous cherchons des personnes pour construire une antenne Radio Maria Suisse romande avec un studio en Suisse romande, mais pour le moment nous n’avons pas encore eu succès. Les personnes intéressées peuvent nous contacter», explique Thomas Rellstab. Du côté de Phare FM, l’objectif est plus ambitieux: à terme quatre heures par jour de programmes suisses. «Nous héritons d’un tronc commun qui part de Mulhouse et qui arrive dans nos locaux ici à Bevaix (NE). Et dans les semaines qui viennent, nous serons aptes à faire les premiers décrochages romands et tessinois. Nous pourrons commencer avec des informations suisses, un agenda suisse, des inforoutes, un éphéméride, toutes sortes de petits ajouts qui vont faire de cette offre, une offre romande. Ensuite, nous proposerons des émissions suisses, par exemple en nous appuyant sur les archives de Paroles FM. Et l’étape suivante sera d’aller au contact des chrétiens de Suisse romande, en proposant par exemple des directs depuis des évènements.»

Et comment gérer les divergences de sensibilité qui peuvent exister entre Paroles FM et le contenu proposé par Phare FM? «Je tiens à l’unité des chrétiens, pas à l’œcuménisme», répond Emmanuel Ziehli. «L’unité pour moi, c’est une salade de fruits; l’œcuménisme une soupe de légumes. Quand on vous présente une salade de fruits, vous voyez des bouts d’avocats qui sont verts, d’oranges qui sont orange, de la pomme qui est blanche. Toute sorte de saveurs et de structures différentes qui ensemble font une salade de fruits qui est très bonne à manger. Je n’ai pas dit que la soupe de légumes était immangeable, par contre on met des légumes différents et on passe le mixer dedans. Vous avez alors une soupe à la couleur informe et au goût moyen. J’aime que chacun garde son identité et puisse l’exprimer.»