Hautes fréquences: votre émission du dimanche soir a 20 ans!

Guillaume Henchoz (à gauche) et Fabien Hunenberger (à droite), producteurs de «Hautes fréquences» / ©Sonia Zanou/Médiaspro
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Guillaume Henchoz (à gauche) et Fabien Hunenberger (à droite), producteurs de «Hautes fréquences»
©Sonia Zanou/Médiaspro

Hautes fréquences: votre émission du dimanche soir a 20 ans!

18 janvier 2019
Ce dimanche 20 janvier, l’émission «Hautes fréquence» sur RTS La Première fêtera ses vingt ans. À cette occasion, une émission anniversaire en présence des premiers producteurs de ce programme, Dominique Voinçon et Cyril Dépraz ainsi que du sociologue des religions Philippe Gonzalez est prévue. Rencontre avec Michel Kocher, directeur de Médias-pro, partenaire protestant des émissions de RTSreligion.

Dans quelles conditions est apparue l’émission «Hautes-fréquences»?

Au cours des différentes réformes de la grille des programmes, le culte et la messe qui étaient alors sur La Première sont passés sur Espace 2 (en FM), tout en restant sur les ondes moyennes, qui décrochaient de La Première à ce moment. En «compensation» de cette perte de visibilité, nous avons proposé un magazine, «Bleu ciel», diffusé seulement sur les ondes moyennes. Toute la matinée du dimanche offrait un fil religieux. Puis à l’heure de la suppression de la diffusion par ondes moyennes, il a fallu trouver un nouvel horaire pour le magazine religieux qui allait succéder à «Bleu ciel». C’est ainsi qu’est né «Hautes fréquences», le magazine religieux du dimanche soir sur La Première.

N’avez-vous pas changé de public en changeant d’horaire?

Alors effectivement, «Bleu ciel» était un magazine qui s’adressait aux auditeurs du culte et de la messe qui voulaient poursuivent dans une réflexion spirituelle, peut-être avec un ton plus léger. Avec «Hautes fréquences», l’on s’adressait à un public un peu différent. C’est assez naturellement que l’on s’est tournés vers un traitement plus «éthique et société». Et puis l’ouverture aux autres religions commençait à être dans l’air du temps; le changement d’horaire et d’émission a concrétisé cela. Avec «Hautes fréquences», on a d’emblée proposé un traitement plus large de la spiritualité au cœur même de l’ADN de l’émission.

Justement, si l’on compare les émissions de RTSreligion avec ce qui se fait à l’étranger, par exemple en France, on se rend bien compte que l’on a un cas assez unique: une émission co-produite avec les Églises, mais qui traite le fait religieux et ce de manière très peu confessante et ouverte aux autres croyances.

Selon moi, cela s’explique par deux raisons principales. D’abord, nous sommes intégrés physiquement et éditorialement à la RTS, tant à Lausanne pour la radio qu’à Genève pour la télévision. Les journalistes de nos émissions ont la possibilité de collaborer avec d’autres émissions de la RTS et de manière générale l’on se trouve dans un bain culturel qui naturellement nous pousse à envisager des sujets plus sociétaux, plus éthiques et moins centrés autour des Églises, ce d’autant que les forces journalistiques sont financées par la RTS, les Églises soutenant essentiellement le travail de la production (le pilotage). Ensuite, le fait que cela soit une collaboration œcuménique nous amène naturellement à un certain arbitrage: des sujets qui seraient trop catholiques ou trop protestants ne sont pas possibles: les ghettos confessionnels sont d’emblée écartés.

Il est pour moi évident que «Hautes fréquences» draine un public large. Des auditeurs qui apprécient un traitement de l’actualité religieuse au carrefour de l’humanisme et des traditions spirituelles de notre pays.
Michel Kocher, directeur de Médiaspro

Et cette formule a trouvé son public?

Déjà avec «Bleu ciel», nous avions des gens qui n’avaient pas de lien particulier avec les Églises qui nous suivaient. Ruth Dreifuss, par exemple, nous avait écrit et nous savions qu’elle nous écoutait régulièrement. Ainsi, il est pour moi évident que «Hautes fréquences» draine un public large. Des auditeurs qui apprécient un traitement de l’actualité religieuse au carrefour de l’humanisme et des traditions spirituelles de notre pays. Les audiences le montrent, d’ailleurs. Le dimanche soir, ce n’est pas un horaire très favorable à la radio; mais si l’on regarde en part de marché, on s’aperçoit que les audiences sont bonnes. Elles sont même excellentes si l’on prend la tranche des plus de 60 ans. En tous cas, il n’y a pas une chute de la courbe quand on passe de «Forum» à «Hautes fréquences». Cela montre bien que les auditeurs ne fuient pas…

Il y a même un certain attachement à vos programmes. On se souvient du soulèvement que la menace de disparition des programmes de RTSreligion, il y a bientôt trois ans avait suscité.

Une partie du public d’Église s’était alors mobilisé, notamment pour que les cultes et messes à la radio et à la télévision perdurent. Mais il est évident que l’importance du soutien que nous avions alors reçu ne s’explique pas uniquement par le public d’Église. Nous étions peu après les attentats de Paris, et il apparaissait clairement que le religieux était une clé pour décrypter l’actualité dont on ne pouvait pas se passer.

Aujourd’hui, RTSreligion est-elle encore menacée?

Non, je ne perçois pas de volonté de réduire l’engagement, ni du côté de la RTS, ni du côté des Églises. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de changement. Par exemple, nous réfléchissons à élargir notre offre grâce à des podcasts natifs (NDLR Des émissions diffusées uniquement sur internet sans passage à l’antenne) sans oublier les interactions avec le web RTSreligion.ch qui seront de plus en plus importantes.

Hautes fréquences, émission spéciale pour les 20 ans

RTS La Première, dimanche 20 janvier, 19h-20h.