La HET-pro empoigne la problématique des fake news

Comment avoir une attitude chrétienne sur les réseaux sociaux? / IStock
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Comment avoir une attitude chrétienne sur les réseaux sociaux?
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La HET-pro empoigne la problématique des fake news

Face à la recrudescence de fausses informations sur les réseaux sociaux, la Haute École de théologie a décidé de sensibiliser ses étudiants à la question lors d’un cours public intitulé «Médias, vérité et communication». Explications.

Six soirées pour lutter contre la désinformation. Tel est l’objectif du cours tout public intitulé «Médias, vérité et communication» proposé actuellement par la Haute École de théologie Suisse (HET-pro), à Saint-Légier, en partenariat avec la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). «Comment discerner entre info et infox? Comment soi-même participer à une communication qui respecte des exigences de vérité et pertinence? Comment penser sa parole à la lumière de la Parole de Dieu?» esquisse le programme.

«L’idée de mettre sur pied ce cours résulte d’une prise de conscience face à la problématique des fake news sur les réseaux sociaux, à l’instar de ce qu’on a pu voir lors de la dernière élection américaine ou aujourd’hui autour de la pandémie», explique Jean Decorvet, recteur de la HET-pro. Cet enseignement s’adresse autant aux étudiants qu’au grand public, précise-t-il: «La confusion dans laquelle nous sommes entrés étant générale, elle impacte autant la société que les Églises, qui en font partie.» Entretien avec l’un des deux orateurs de ce cours spécial, Yannick Imbert, doyen de la Faculté Jean Calvin et chargé de cours à la HET-pro.

En quoi ce cours consacré à la question des «médias, vérité et communication» fait-il sens dans une Faculté ou Haute École de théologie?

Aujourd’hui, les médias sociaux sont le vecteur principal de communication et d’information pour la plupart de nos contemporains. Or, vu leur nature publique (ou semi-publique), ces derniers fonctionnent quasiment comme une vitrine de la foi chrétienne. Un cours dédié à ce sujet semble alors tout à fait nécessaire.

Diriez-vous, comme l’estime le recteur de la HET-pro, que cette réflexion est devenue encore davantage pressante cette dernière année?

De mon côté, je ne ferais pas de lien direct entre ce cours et ce que l’on a pu observer lors des élections américaines ou avec la pandémie. Le problème que je soulève, ce n’est d’ailleurs même pas d’abord celui des fake news, mais la tragique et contre-productive utilisation de la parole par les chrétiens sur les médias sociaux.

Est-ce à dire qu’il serait aujourd’hui nécessaire de formuler une éthique chrétienne concernant l’usage des réseaux sociaux?

Je crois que puisque les médias sociaux sont d’abord un exercice de la parole, nous devons ancrer cette éthique dans une saine théologie de la parole. La Bible nous invite à nous en servir dans la responsabilité qui nous est donnée d’être une bénédiction pour les autres. Or ceci ne peut certainement pas se faire si nous nous traitons les uns les autres comme nous le faisons actuellement: les uns seraient des ignorants conspirationnistes, et les autres obéiraient aveuglément au gouvernement sans réfléchir. Il n’est pas très étonnant qu’avec l’image que nous donnons de la foi chrétienne, celle-ci n’attire pas vraiment nos contemporains!

Nous sommes appelés à être des témoins du Christ, même sur les réseaux sociaux

Quels sont alors les objectifs du cours que vous proposez aujourd’hui ?

Parmi les objectifs définis avec le responsable du cours, Pierre-André Léchot, deux en particulier sont cruciaux pour moi. D’abord, nous voulons encourager les chrétiens à prendre le temps de porter un regard théologique biblique et critique sur la manière dont nous communiquons sur les médias sociaux. Ceci est vraiment important parce que cela touche à la manière dont nous sommes appelés à être des témoins fidèles de Christ en toutes choses, y compris dans notre présence sur les médias sociaux.

Et deuxièmement?

Ce cours se veut aussi pratique en aidant les apprenants à discerner les instruments de désinformation auxquels nous sommes confrontés, tout en proposant des outils de vérification appropriés pour les médias sociaux.

Justement, comment vous expliquez-vous l’explosion de fausses informations pendant cette dernière année?

La situation globale que nous vivons, sociale, politique et sanitaire, provoque beaucoup d’inquiétude, et c’est tout à fait normal. Nous cherchons tous des réponses, des points d’appui qui nous aident à nous projeter dans l’avenir. Or, dans des situations aussi délicates, nos gouvernants ne peuvent pas toujours tout dire, ni même forcément être aussi clairs qu’ils le pourraient – ou qu’ils le devraient. Cela peut conduire à chercher des explications alternatives. Mais je crois aussi que les médias sociaux ont largement contribué à la publicité autour des fausses informations.

Comment cela?

En clair: je ne suis pas certain qu’il y ait plus de fausses informations maintenant qu’auparavant ou que «nous» y croyons plus qu’avant. Mais elles sont plus largement diffusées. C’est essentiellement une question de visibilité, pas de représentativité. D’ailleurs, depuis trois ou quatre ans, les médias sociaux sont régulièrement mis en cause: le fonctionnement de leur algorithme, leurs choix éditoriaux, leur positionnement éthique, etc., font régulièrement débat.

Statistiquement, les évangéliques semblent sur-représentés chez les adeptes de Qanon, les coronasceptiques ou encore les antivax: comment comprendre le succès de ces courants d’idées dans ces milieux?

Je ne suis en fait pas convaincu que les évangéliques soient sur-représentés dans ces courants ou milieux là. Le peu de statistiques publiées ne sont pas suffisantes à montrer qu’il y a une relation essentielle conduisant les évangéliques, même américains, vers des théories minoritaires. Je crois qu’à propos de ces statistiques, il nous faut, là aussi exercer de la prudence, de la sagesse, et une certaine réserve.

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