Le prix de la liberté

Joël Burri / ©DR
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Joël Burri
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Le prix de la liberté

Edito
Difficile pour un journaliste d’obtenir une position représentative de la grande famille protestante...

Et même en centrant ses espérances sur la position des seuls réformés, l’on se heurtera toujours aux réponses commençant par «je ne peux pas m’exprimer au nom de mon Eglise, mais mon opinion, c’est…» Pour cela, peut-être, le protestantisme semble inexistant dans les médias généralistes, qui vont même jusqu’à évoquer ici et là dans leurs colonnes «l’Eglise», au singulier, unique et forcément romaine, alors même qu’il leur semblerait inconcevable, en matière de politique, d’évoquer «le parti» avec le même singulier signe d’appartenance.

En observant les quelques apparitions médiatiques des ministres réformés, l’on s’aperçoit que ces derniers et ces dernières apparaissent souvent comme experts ou expertes lorsqu’ils ou elles sont engagés dans une œuvre sociale. Ou alors parfois à Pâques ou à Noël. Ils et plus souvent elles représentent alors une version modérée de la religion, acceptable dans notre société sécularisée.

Dans un monde de zapping et de catégories identitaires facilement identifiables, n’exister que par son expertise ou dans le but de marquer le contraste, c’est peut-être le prix à payer pour une confession qui insiste sur la liberté individuelle et le devoir de chacune et de chacun de faire siennes la Parole et l’éthique, et de les appliquer en conscience, se refusant à donner des lignes claires, un mode d’emploi à suivre sans réfléchir.

A titre personnel, je ne serais pas prêt à sacrifier cette liberté pour un peu plus de visibilité.