Le canton de Vaud interdit la mendicité sur l’ensemble de son territoire

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Le canton de Vaud interdit la mendicité sur l’ensemble de son territoire

16 octobre 2018
Dès le 1er novembre, la mendicité sera illégale dans le canton de Vaud. Une décision vivement critiquée par la pasteure Diane Barraud qui pointe un manquement éthique.

«J’ai toujours été très choquée par l’interdiction de la mendicité. Cela me pose un problème éthique qu’on place la tranquillité des passants au-dessus de la souffrance liée à la précarité», réagit la pasteure Diane Barraud, médiatrice Églises-réfugiés et aumônière à Point d’appui, un espace qui accueille des migrants au centre de Lausanne.  Le 1er novembre, l’interdiction de la mendicité entrera en vigueur dans l’ensemble du canton de Vaud. Dès cette date, quiconque sera surpris en flagrant délit pourra être sanctionné d’une amende de 50 à 100 francs, affirme le Conseil d’État dans un communiqué. Et la facture pourra atteindre les 500 à 2000 francs pour celui qui envoie mendier des personnes mineures ou dépendantes.

Cette modification de la loi vise «les réseaux de mendiants, la mendicité par métier et celle impliquant des mineurs», précise la conseillère d’État Béatrice Métraux, responsable du Département des institutions et de la sécurité. En effet, un régime d’exception sera prochainement discuté au Grand Conseil. «L’idée est de ne pas sanctionner la mendicité occasionnelle. De ne pas sanctionner celle ou celui qui demanderait quelques francs pour une soupe ou pour passer une nuit à l’abri. Il s’agit en somme de faire la différence avec la mendicité par métier ou organisée en réseau de type mafieux», ajoute encore Béatrice Métraux.

Bannir la précarité de l’espace public

Une modification de la loi qui attriste profondément Diane Barraud. «À Point d’appui, nous accueillons des personnes qui mendient régulièrement, faute d’avoir trouvé une alternative. Nous les connaissons bien. La mendicité est pour le moment leur seule source de revenus pour faire vivre leur famille. Leur interdire cette activité signifie qu’on veut faire disparaître les personnes en précarité de l’espace public, sans se préoccuper de les aider à résoudre leur problème. C’est très grave. Cette modification de la loi va encore péjorer leur situation, les coupant des personnes qui essaient de les sortir de la rue. Il existe pourtant d’autres solutions, notamment tout ce que réalise l’association Opre Rom pour aider ces personnes à trouver du travail.»

Une campagne d’information va désormais être mise en place. «Les polices vaudoises seront appelées à renseigner les personnes concernées. Il y aura certainement une période de sensibilisation, pendant laquelle l’information sera diffusée, avant que les amendes commencent à tomber. Par ailleurs, au-delà de la dimension répressive, le Conseil d’État prévoit de poursuivre son soutien à l’aide au développement dans les régions d’origine des personnes concernées», explique Béatrice Métraux. Cette modification de la loi découle d’une initiative de l’UDC adoptée de justesse en 2016. Un référendum pour s’y opposer avait été lancé sans aboutir.

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