L’exposition Real human bodies interdite à Lausanne

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L’exposition Real human bodies interdite à Lausanne

20 octobre 2018
Justice
En raison de soupçons sur l’origine des cadavres, la Ville de Lausanne a fait interdire l’exposition d’humains plastinés. Le Tribunal cantonal confirme la mesure.

Interpellé par l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture et de la peine de mort (ACAT), l’exécutif communal de Lausanne a demandé à l’organisateur de l’exposition de cadavres rendus imputrescibles par un procédé imprégnant les tissus de silicone, de fournir des preuves quant à l’origine des corps. «Nous étions potentiellement face à une infraction assez grave puisque faute de pouvoir prouver le consentement des personnes exposées, il pouvait s’agir d’une atteinte à la paix des morts», rappelle le municipal Pierre-Antoine Hildbrand, directeur de la Sécurité et de l’économie de la ville de Lausanne. Faute d’obtenir les preuves demandées, la Ville a communiqué mardi 16 octobre que l’autorisation pour la manifestation qui devait avoir lieu au palais de Beaulieu du 19 au 21 octobre, accordée dans un premier temps était retirée. À la suite d’un recours de l’organisateur, la Cour de droit administratif et public a confirmé la décision municipale vendredi 19 octobre.

«Le Tribunal cantonal a considéré que compte tenu du large pouvoir d’appréciation qui doit être reconnu à la Municipalité, cette dernière était fondée à demander à l’organisateur des informations complémentaires sur l’origine des corps destinés à être présentés au public. Vu l’absence de renseignements de la part de l’organisateur, la décision d’interdiction de l’exposition est conforme au règlement communal et au principe de la proportionnalité», peut-on lire dans le communiqué de presse de l’organe d’appel.

«C’est cette exposition-là, avec ces corps-là qui a été interdite», précise Pierre-Antoine Hildbrand, assurant qu’il ne s’agit pas d’une opposition au principe même de la présentation de cadavres plastinés. Plusieurs entreprises présentent de telles installations. L’exposition qui a eu lieu à Genève l’an passé n’a ainsi aucun lien connu avec celle qui devait avoir lieu à Lausanne.

Pour l’ACAT, la probabilité est grande que les corps préparés pour ces expositions soient ceux de membres chinois du mouvement Falun Gong ou de prisonniers du même pays.

L’association s’est opposée à la tenue de cette exposition à Berne, mais sans succès. Elle invoque la nécessité dans tous les cas de s’assurer du consentement des personnes dont le corps est exposé et ajoute que la loi interdit de faire du profit avec des cadavres.

Si l’exposition a été présentée à divers endroits sans rencontrer d’opposition, cela ne prive pas la municipalité de Lausanne de son droit à demander des pièces justificatives. «L’autorité intimée pouvait en effet exiger de pouvoir disposer d’éléments lui permettant— à défaut de dissiper tous les doutes à ce sujet— de rendre vraisemblable que les cadavres ne provenaient pas de la commission d’infractions pénales ou encore de personnes qui se seraient vraisemblablement opposées à une telle utilisation de leurs dépouilles», confirme l’arrêt de la cour.

Les difficultés à retracer l’origine des corps est illustrée par une notice que l’on trouve sur le site d’un troisième organisateur d’expositions de ce genre bien particulier: «les restes humains présentés dans l’exposition ont été transmis par les autorités policières chinoises. (…) L’organisateur ne peut pas vérifier de façon indépendante que les restes humains que vous voyez ne sont pas ceux de personnes exécutées pendant leur incarcération dans des prisons chinoises.»

L’organisateur de l’exposition lausannoise qui ne fournit pas de moyen de contact n’a pas donné suite à une sollicitation de Protestinfo sur les réseaux sociaux à donner sa version des faits.

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