Les réformés s’opposent à l’initiative sur les juges étrangers

EPER / Gilles Tschudi, dans le rôle du courtier en assurances en droits humains.
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Gilles Tschudi, dans le rôle du courtier en assurances en droits humains.

Les réformés s’opposent à l’initiative sur les juges étrangers

20 novembre 2018
Clip vidéo et prises de position, les réformés appellent les citoyens suisses à la réflexion dimanche 25 novembre au moment de se prononcer sur l’initiative de l’UDC sur les juges étrangers. Ils dénoncent la mise en danger du respect des droits humains dans le cas d’un oui dans les urnes.

Assurer ses droits humains pour 999 fr. par mois, c’est ce que propose le courtier de l’assurance Justo aux passants de la ville de Zurich, dans une vidéo signée de l’Entraide protestante suisse (EPER), qui met en scène l’acteur alémanique Gilles Tschudi, dans le rôle de l’assureur. Le clip démontre par l’absurde que la protection de leurs libertés et droits fondamentaux pourrait coûter cher aux Suisses, dans le cas d’un oui à l’initiative sur les juges étrangers, dimanche dans les urnes. Selon les opposants, l’adoption du texte lancé par l’UDC entraînerait à terme la résiliation de la Convention des droits humains. Privés de recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, à qui les Suisses pourraient-ils faire appel en cas de violation de leurs droits? Et à quel prix?

Les Églises prennent position

Dans le camp des opposants, on compte aussi les Églises réformées romandes. Si aucune consigne de vote n’est donnée, c’est un appel à la réflexion sur les droits humains, pour lesquels les Églises œuvrent par convictions et tradition judéo-chrétienne, qui est lancé. A l’image de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) qui a proposé trois messages concernant l’unité dans la fraternité, s’opposant au souverain qui se prendrait pour un Dieu et affirmant la primauté du bien des individus. 

Dans sa prise de position, le Conseil synodal des Églises réformées Berne-Jura-Soleure reprend les arguments de la FEPS et «estime que s’engager pour les droits humains est une nécessité absolue tant en Suisse que dans le monde». Quant à l’Église protestante de Genève (EPG), elle rappelle dans sa déclaration «qu’on ne badine pas avec les droits fondamentaux» et que, citant l’apôtre Paul, «un membre d’un corps ne saurait s’abstraire par aveuglement identitaire ou pur orgueil d’une communauté de destin plus large». Du côté catholique, la Conférence des évêques de Suisse (CES) recommande un non dans les urnes, argumentant que «Libertés et droits civiques ne sont pas une affaire de majorité» et que l’initiative «restreint la souveraineté de tous».

Unité chrétienne

En 2015, alors que l’UDC démarrait sa récolte de signatures pour son initiative sur les juges étrangers, la FEPS, la CES et l’Église catholique-chrétienne de Suisse lançaient un appel commun à s’engager pour le droit et la justice, lors de la Journée mondiale des droits de l’homme. Dans le dépliant publié pour l’occasion, les trois Églises défendaient le recours à la Cour européenne des droits de l’homme, sous le slogan «Pas de droits sans justice». «Nous sommes convaincus que les droits fondamentaux et humains sont la base indispensable pour une démocratie efficiente s'orientant à la justice. Sans eux la démocratie finit par perdre la confiance de la population car des majorités politiques à elles seules ne peuvent offrir une garantie pour les droits des minorités. Nous en profitons finalement tous si, en cas de doute, nous pouvons nous adresser à une instance judiciaire supérieure quand nous voyons nos droits bafoués ou négligés.»

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