«Être désaltérée par la Parole du Christ a changé ma vie»

Laurence Mottier, modératrice de la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres de l’Eglise protestante de Genève / ©Alain Grosclaude
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Laurence Mottier, modératrice de la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres de l’Eglise protestante de Genève
©Alain Grosclaude

«Être désaltérée par la Parole du Christ a changé ma vie»

Laurence Mottier, pasteure
1 juillet 2021
Parcours de vie
La pasteure Laurence Mottier, nouvelle modératrice de la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres de l’Eglise protestante de Genève, témoigne de sa foi en Jésus-Christ.

La foi est arrivée dans ma vie comme une soif dont je n’avais pas conscience. Soif de vivre et de comprendre le monde; soif comme une révolte devant l’écrasement des plus faibles, des plus démuni·e·s, devant tant d’injustices et de souffrances; soif de comprendre ce que je faisais là et de saisir qui j’étais face aux autres et face à Dieu. Une soif comme un désir et une brûlure, pour aller et chercher…

Etre accueillie, sans examen de passage, au puits de l’Evangile et être désaltérée par la Parole du Christ a changé ma vie. J’ai senti que cette eau vive, à la fois éternelle et offerte, me libérait de poids énormes: croire que tout dépendait de moi et de mes efforts; penser que je devrais faire face seule aux épreuves de la vie.

Non, quelqu’un était là, à mes côtés, portant un regard aimant sur ma vie; quelles que pouvaient être l’aridité et la profondeur des déserts à traverser, des puits et des sources allaient se trouver sur mon chemin; un chemin qui m’a menée vers des communautés de sœurs et de frères, qui m’a fait goûter à l’Esprit source, jaillissant en élans et en joie.

Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant.
Psaume 42:2

Pendant vingt-sept ans, j’ai pu découvrir et approfondir ma vocation de pasteure, avec et grâce aux communautés et aux personnes qui m’ont été confiées. Compagne d’hommes, de femmes, de jeunes, d’enfants, de personnes en situation de handicap, de croyants et d’incroyants, de stagiaires et de collègues ministres, j’ai eu le privilège de voir combien cette parole du Christ est juste: «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et boive; qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son cœur» (Jean 7:38). L’Eglise se reçoit de la Source et va irriguer notre monde, la modestie de ses moyens s’alliant à l’audace de l’appel, toujours renouvelé.

Si le risque existe de s’épuiser, en se prenant pour la Source ou en l’oubliant, je sais que je peux toujours revenir à Elle et aller y puiser son eau fraîche: repos, inspiration, délassement, force, joie et espérance nouvelle… C’est peut-être pour cela que j’aime autant l’eau: fleuve, rivière, fontaine, mer, lac, torrent et même plongée sous-marine à laquelle je me suis essayée avec passion.

Je souhaite aborder mon mandat de modératrice portée par cet Esprit vivifiant et honorer ainsi la confiance que mes collègues ministres m’ont faite en m’élisant. Non pas pour faire fonctionner une Compagnie, une institution, mais pour partager, de manière sensible et affective, la joie d’être au service du Christ et pour accueillir toutes nos soifs et celles de nos contemporain·e·s. Non pas pour défendre des intérêts ou une tradition, mais pour être à la jonction, aux jointures, afin de bâtir des ponts entre les rives opposées et de donner au fleuve de s’écouler librement.

Amélie Nothomb évoque le Crucifié: «Du plus profond de moi jaillit le désir qui me ressemble le plus, mon besoin chéri, ma botte secrète, mon identité véritable, ce qui m’a fait aimer la vie, ce qui me la fait aimer encore: ‹J’ai soif›» (Soif, 2019). Le Christ aussi a soif et son désir est notre chance et notre ressource.

Côté privé

Laurence Mottier (54 ans) a été baptisée et confirmée dans l’Eglise protestante de Genève. Elle a étudié à Genève, à Birmingham et à Montréal. Aujourd’hui enseignante à l’AOT et modératrice de la Compagnie des pasteur·e·s et des diacres, elle est mère de deux jeunes adultes, Sarah et Florian.