Théo Buss: À chaque époque ses combats

Théo Buss / ©Pierre Bohrer
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Théo Buss
©Pierre Bohrer

Théo Buss: À chaque époque ses combats

Militant
Pasteur engagé, ce retraité actif n’hésite pas à donner de sa personne pour soutenir les causes qui lui tiennent à cœur. Indigné par toute forme d’injustice, il dénonce ouvertement les dérives du néolibéralisme.

Zurich, 4 octobre dernier: des activistes du mouvement Extinction Rebellion bloquent une rue dans le centre-ville. Leur but: pousser le Conseil fédéral à déclarer l’état d’urgence climatique. La police intervient et interpelle 134 personnes, dont le pasteur Théo Buss (photo). Le retraité n’en est pas à son coup d’essai. En septembre, il a également placardé le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur la façade du château qui abrite le Conseil d’Etat neuchâtelois.

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Lors d'une manifestation d'Extinction Rebellion à Zürich, le 4 octobre dernier, la police intervient et interpelle 134 personnes, dont le pasteur Théo Buss.
©Extinction Rebellion

Visionnaire précoce

Ce combat, il l’a commencé bien plus tôt. En 1974 déjà, il participait à l’organisation d’un week-end intitulé «La croissance piégée», basé sur un rapport du Club de Rome sur les limites de la planète paru en 1972. Presque cinquante ans auparavant, une publication de savants du Massachusetts Institute of Technology (MIT) prédisait la situation d’urgence écologique dans laquelle nous nous trouvons actuellement. «Avec quelques amis de la Déclaration de Berne, nous étions convaincus de la pertinence de ce rapport prophétique. Alors pasteur au Locle (NE), j’en parlais même dans mes prédications. Parmi les événements que nous avons organisés, il y avait bien quelques participants, mais le public n’était pas préparé. Je dois dire qu’à l’époque, nous avons su ce que signifiait prêcher dans le désert…», se désole-t-il.

Sur tous les fronts

Homme de convictions et d’engagements, Théo Buss s’est efforcé de dénoncer et de militer contre toute forme d’injustice tout au long de sa vie. «C’est inné chez moi, j’ai toujours eu un besoin de comprendre le fondement des choses, notamment en ce qui concerne la domination des pays riches sur les plus pauvres.»

Fin des années 1960, alors en études à Cambridge, il est scandalisé par le noyautage de la CIA dans les milieux étudiants. Une première confrontation aux services secrets américains avant des années de ministère en Bolivie, où il réalisera l’ampleur de cette influence en Amérique latine dans le cadre de l’opération Condor. Très longtemps tenue secrète, cette dernière a été une campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla soutenue par les Etats-Unis pour servir leurs intérêts. Sur place, il soutient la grève de la faim des femmes et des mineurs, en leur proposant des locaux pour se réunir et en servant de relais entre les différents protagonistes. Cette expérience restera l’une des plus marquantes de sa vie.

Proche-Orient

Le conflit israélo-palestinien l’a également préoccupé tout au long de sa vie, principalement dans le cadre de son rôle d’attaché de presse au Conseil œcuménique des Eglises (COE). Il a pu affiner son jugement par la suite en tant qu’observateur des droits humains sur place. Dans ses mémoires intitulées Justice au cœur (voir encadré), il consacre plus de six chapitres à la question en faisant notamment référence à l’un de ses maîtres à penser, Edward Saïd, professeur de littérature, historien, intellectuel palestinien et auteur d’une trentaine d’ouvrages dont Culture et impérialisme et L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident (1978). Un ouvrage considéré comme une référence en matière d’études postcoloniales. Il dénonce des mécanismes de domination utilisant la dépréciation de la langue arabe et la diabolisation de l’islam. 

Changements salvateurs

Secrétaire romand de Pain pour le prochain dans les années 2000, le pasteur neuchâtelois œuvre également à sensibiliser aux problématiques liées aux pays du Sud et à leur exploitation. «J’avais un problème avec la notion d’aide au développement que l’on utilisait à l’époque. Cela a ensuite changé pour se tourner vers l’autonomisation des populations, ce qui me semble une meilleure manière d’appréhender la chose», ajoute-t-il.

Pour Théo Buss, la priorité aujourd’hui concerne la question environnementale: «Les autorités sont paniquées à l’idée de prendre des mesures drastiques et courageuses, alors que ce serait la seule manière de prévenir les désastres qui pointent à l’horizon.» Une cause pour laquelle il va continuer de s’investir corps et âme en faisant tout ce qu’il jugera pertinent.

Bio express

1942 Naissance à Zurich.
1949-1965 Enfance et études à Neuchâtel.
1971-1977 Pasteur au Locle.
1977-1979 Pasteur en Bolivie.
1979-1982 Responsable du service d’information Tiers-Monde (i3m).
1982-1991 Attaché de presse du Conseil œcuménique des Eglises (COE).
1991-1992 Pasteur à Genève.
1992-1996 Professeur à la faculté de philosophie et de théologie de l’Université catholique de Bolivie.
1998-2005 Secrétaire romand de Pain pour le prochain.
2005-2009 Formateur au Nicaragua.
2009-2013 Député au Grand Conseil neuchâtelois.
Depuis 2009 Retraité actif à La Chaux-de-Fonds.

Justice au cœur

Dans son dernier ouvrage, Théo Buss invite, au moyen de ses nombreux engagements et réflexions, à un voyage à travers l’Histoire. Tout au long de son récit, il dénonce les dérives du néolibéralisme qui ont conduit à façonner le monde et ses problématiques actuelles. Il invite à une prise de conscience redonnant espoir dans un chemin d’humanité tout sauf évident.

©Editions de l'Aïre / Justice au coeur, Théo Buss   Théo Buss, Justice au coeur, Editions de l'Aïre, 2020, 372 p.

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