Le parlement égyptien envisage de rendre l’athéisme illégal

coucher de soleil sur le Caire © Istock / clu
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coucher de soleil sur le Caire © Istock / clu

Le parlement égyptien envisage de rendre l’athéisme illégal

10 janvier 2018
Il n’y a pas d’athéisme sans mépris envers les religions selon les promoteurs d’un projet de loi criminalisant l’athéisme en Egypte. (Kimberly Winston / RNS)

En Egypte, être athée pourrait bientôt être un crime. Peu avant Nouvel An, le parlement a envisagé d’adopter un projet de loi qui rendrait illégal de déclarer ne pas croire en Dieu. Le pays connaît déjà des lois qui interdisent les insultes et les diffamations à l’encontre de la religion. Les arrestations pour cause de blasphème sont d’ailleurs en augmentation. Une telle condamnation peut-être sanctionnée jusqu’à 5 ans de prison.

La nouvelle mesure prévoit de criminaliser le fait de ne pas croire en Dieu, aucun acte d’insulte, de diffamation ou d’appartenance à une autre foi n’est nécessaire pour être condamné. Ce texte a été proposé le 24 décembre par Amro Hamroush, président de la commission parlementaire sur la religion. «Les athées n’ont pas de doctrine et ils essayent d’insulter les religions abrahamiques. C’est pour cela que cette doctrine doit être criminalisée et considérée comme méprisante envers la religion», a expliqué l’élu dans sa présentation du projet de loi.

Ce projet de loi a reçu le soutien de la plus haute instance islamique du pays: l’université Al-Azhar. L’un de ses responsables, Mohamed Zaki a déclaré qu’il était nécessaire «de punir ceux qui se sont laissés séduire par l’athéisme.»

Le gouvernement égyptien punit le blasphème depuis longtemps. Les athées sont quant à eux ciblés depuis 2014 et l’arrivée au pouvoir du président Abdel-Fattah al-Sissi, trois ans après la révolution de 2011 qui a provoqué la chute du président Hosni Mubarak. Le nouveau gouvernement avait alors annoncé un plan national pour «combattre et éliminer l’athéisme.» Peu après, un journal proche du gouvernement avait qualifié l’athéisme de «deuxième plus importante menace pour le pays après les Frères musulmans.»

Depuis le nombre d’arrestations d’athées n’a cessé de croître. Le 21 décembre, la police du Caire a arrêté un programmeur de 29 ans accusé d’administrer une page Facebook critique envers la religion. Durant son interrogatoire, le jeune homme a reconnu être athée.

Dans son rapport publié en 2017, l’Union internationale humaniste et éthique (IHEU) de Londres ne liste pas les pays qui criminalisent l’athéisme, mais fait l’inventaire des pays où le blasphème ou l’apostasie peuvent conduire à la peine de mort. Dans certains pays, le fait de se déclarer publiquement athée peut être puni de mort. Il s’agit de l’Afghanistan, l’Iran, la Malaisie, les Maldives, la Mauritanie, le Nigeria, le Pakistan, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Somalie, le Soudan, les Emirats arabes unis et le Yémen.

Le projet de loi présenté en Egypte a été sévèrement critiqué par Ani Zonneveld, présidente et fondatrice du groupe international de musulmans progressistes basé à Los Angeles «Muslims for Progressive Values»: «Cette criminalisation de l’athéisme contredit l’une des valeurs essentielles du Coran exprimée Sourate 2 verset 256: “Nulle contrainte en religion”», dénonce-t-elle. «Cette législation serait anti islamique.»

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