La prière, côté santé

Comme chaque année, la Journée mondiale de la prière est célébrée le premier vendredi du mois de mars. L’occasion de revenir sur les bienfaits pour la santé que de nombreuses études scientifiques lui attribuent. Et plus largement, celui d'autres rituels religieux. / IStock
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Comme chaque année, la Journée mondiale de la prière est célébrée le premier vendredi du mois de mars. L’occasion de revenir sur les bienfaits pour la santé que de nombreuses études scientifiques lui attribuent. Et plus largement, celui d'autres rituels religieux.
IStock

La prière, côté santé

Comme chaque année, la Journée mondiale de prière est célébrée le premier vendredi du mois de mars. L’occasion de revenir sur les bienfaits pour la santé que de nombreuses études scientifiques lui attribuent. Et plus largement, celui d'autres rituels religieux.

«La prière commence où les capacités humaines finissent.» Cette phrase, énoncée au début des années 1910 par la célèbre contralto afro-amércaine Marian Anderson, tisse clairement le lien entre prière et impuissance. Pour les croyants, en effet, la prière constitue cet appel vers un Dieu bienveillant toujours prompt à prendre le relais. Et en matière de santé, Dieu sait combien, l’être humain est remis face à ses limites!

Pas étonnant dès lors de voir le monde médical lui-même s’intéresser aux possibles bienfaits de la prière. De nombreuses études, européennes ou américaines tendent d’ailleurs depuis plusieurs années à prouver son efficacité. L'ancien médecin cantonal vaudois Jean Martin le confirme: «Il est prouvé, scientifiquement, que le fait de prier régulièrement est bénéfique pour la santé. La raison est notamment à chercher du côté de la déconnexion que cette activité implique, cette distance par rapport au tohu-bohu de la vie.»

Par cœur ou du cœur ?

Chez les catholiques, les musulmans ou encore les bouddhistes, ce serait le côté répétitif des prières ou mantras qui auraient une incidence favorable sur le rythme cardiaque et la tension artérielle. Du côté des protestants, où chaque prière est «individuelle et unique», comme le rappelle l’ancien médecin cantonal, «l’effet de la déconnexion est accompagné d’un second: celui d’une connexion, ou en tout cas tentative de reconnexion à cet Autre, ce Dieu qui est marqué par la bienveillance».

Le psychiatre Jacques Besson, ancien chef du Service de psychiatrie communautaire au CHUV, souligne également la distinction à faire entre les bienfaits de la méditation (la relaxation, la diminution du stress) avec la spécificité de la prière. «La méditation est unitive, elle vous réunit, vous rassemble, alors que la prière est dialogique elle vous met en relation.» Et d’ajouter : «Dans la prière, il y a des activités qu’on qualifie de relationnelles. On a pu montrer que des personnes qui ont un trouble de l’attachement, par exemple parce qu’elles ont été maltraitées dans leur enfance, peuvent à travers la prière s’attacher à une figure rassurante, comme Jésus. On peut donc développer une relation d’amitié avec la personne de Jésus, et restaurer par la prière un attachement sécure à des objets actuels.»

Le médecin Jean Martin souligne également «le côté réparateur» de la prière, qui n’est pas sans rappeler certains aspects de la psychothérapie. «Ca rassérène d’avoir parlé à Dieu. Même si on s’attache à prier pour des préoccupations ou douleurs précises, on n’en prend pas moins une certaine distance, on s’en sépare un peu.»

Et les autres rituels?

La prière n’est cependant pas la seule activité, en lien avec une croyance, qui aurait démontré ses effets bénéfiques sur la santé. «On sait de longue date que le fait d’appartenir à une communauté religieuse», relève Jean Martin. «Les gens qui vont régulièrement au culte sont statistiquement en meilleure santé ou guérissent plus vite», poursuit-il. La raison serait à chercher du côté «des contacts sociaux réguliers et de la nourriture spirituelle» qu’apportent ces rassemblements.

«On connaît l’influence positive de certaines religions sur les habitudes alimentaire: par exemple la consommation de poisson le vendredi chez les catholiques, ou encore chez les musulmans, l’interdiction de manger du porc, qui autrefois, véhiculait quasi systématiquement une maladie parasitaire», évoquait quant à lui le docteur Jean-François Lemoine, dans sa chronique «Pourquoi Docteur» sur Europe 1 du 5 mars 2020, consacrée justement à la Journée mondiale de prière. Le médecin rappelle encore de nombreux autres rituels religieux bénéfiques sur le plan médical, auxquels on ne pense pas forcément, comme la circoncision «qui est un facteur d’hygiène», la méditation «un formidable outil de lutte contre le stress» ou encore la prière des musulmans qui «doivent se prosterner plusieurs fois par jour vers la Mecque», constituant «un moment privilégié de gymnastique». Sa conclusion? «La médecine peut venir au secours des Églises, de plus en plus désertées. Pas forcément en les remplissant, mais d’abord en les justifiant.»