Économiser l’eau en Suisse, une affaire d’énergie

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Économiser l’eau en Suisse, une affaire d’énergie

30 juillet 2019
Alors que les Églises de Suisse s’engagent depuis longtemps pour amener de l’eau potable dans les pays du Sud, que font-elles en Suisse pour préserver ce précieux liquide?

Préserver l’eau en Suisse alors que ce pays regorge de lacs, rivières et glaciers peut paraître inutile. Et si les Églises s’engagent depuis longtemps pour l’accès à l’eau potable dans les pays du Sud, que font-elle pour la préservation de l’or bleu dans leur propre pays? A-t-on réellement besoin d’y économiser ce précieux liquide?

À part dans le massif du Jura et quelques régions alpines, l’eau est abondante partout en Suisse. «Par contre, lorsqu’on regarde les impacts indirects de son utilisation sur l’environnement, on comprend qu’il faut éviter de la gaspiller. Car consommer de l’eau, c’est consommer de l’énergie. Il en faut évidemment pour produire l’eau chaude nécessaire à se laver et cuisiner, mais il faut aussi de l’énergie pour pomper l’eau des lacs et des nappes phréatiques, pour la traiter afin de la rendre potable, pour la pousser dans les conduites, et, finalement, pour la traiter dans les stations d’épuration avant de la rendre à la nature», explique la plate-forme d’information des services de l’énergie et de l’environnement des cantons de Berne, Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Valais et Vaud, energie-environnement.ch.

Changer son mode de vie

En Suisse la problématique de la consommation de l’eau est intimement liée à la consommation d’énergie et ne peut-être traitée de façon isolée. Elle fait partie d’une réflexion bien plus globale sur notre mode de vie. Une thématique développée par l’œuvre d’entraide protestante Pain pour le prochain qui a créé un laboratoire de «transition intérieure» porté par le sociologue Michel Maxime Egger. Pour ce spécialiste, «il nous faut procéder à un changement culturel. La société doit changer son système de valeurs afin de viser des idéaux qui permettent un mode de vie durable». Par exemple, en valorisant la permaculture, les énergies renouvelables ou la consommation de produits locaux. Ainsi, depuis 2016 l’organisation a lancé une campagne de sensibilisation au travers d’actions, de formations et de conférences tout en effectuant un important travail de lobbying sur le plan politique.

Pain pour le prochain soutient également Oeco Église et environnement, l’organe chrétien de consultation pour les questions écologiques. Cette association œcuménique rassemble plus de 600 paroisses et organisations en Suisse. Guidée par la volonté de sauvegarder la Création, elle propose notamment des outils et conseils aux paroisses pour réduire leur consommation d’électricité, protéger les oiseaux et chauves-souris nichant aux abords des édifices religieux ou encore mettre en place des jardins participatifs. «La question de l’eau touche plusieurs domaines tant la production d’électricité, l’agriculture que la consommation personnelle. Si actuellement la Suisse est à l’abri du manque, d’ici 50 ans la situation aura changé», souligne le théologien Kurt Zaugg-Ott, directeur d’Oeco.

Supprimer l’eau en bouteille

Une réalité qui a fait réagir les Églises réformées de Berne-Jura-Soleure (BEJUSO). Depuis 2013, le service qui s’occupe des questions écologiques porte le projet «Communauté bleue». Cette initiative a été créée, deux ans plus tôt, au Canada par une ONG et un syndicat. La reconnaissance de l’eau comme un droit humain; garder les services de l’eau en mains publics; de l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille et des solutions communautaires en sont les quatre piliers. «Depuis plus de quinze ans, nous travaillons sur la question de l’eau dans le cadre d’une mondialisation plus juste et équitable», explique Lisa Krebs, coordinatrice de l’initiative «Communauté bleue» au sein des Églises BEJUSO. À ce jour, une trentaine de paroisses, hautes écoles, villes et institutions, très majoritairement en Suisse alémanique ont rejoint cette communauté.

«Les paroisses qui font partie de la «Communauté bleue» n’interdisent pas formellement l’eau en bouteille. Elles font de la sensibilisation et au bout d’un moment, les paroissiens choisissent automatiquement de boire au robinet», précise Lisa Krebs. En effet, c’est 1000 fois plus écologique que l’eau en bouteille, et «cette différence s’accentue notoirement avec la distance de transport, la réfrigération et les emballages», relève la Société suisse de l’Industrie du gaz et des eaux (SSIGE). «Boire un litre d’eau minérale provenant d’Angleterre équivaut à 3,1 décilitres de pétrole, tandis que boire au robinet en consomme seulement 0,003 décilitre, soit l’énergie nécessaire pour le transport par canalisation». Alors que le corps humain a besoin de 1,5 à 2 litres d’eau par jour, soit environ 700 litres annuels, chaque Suisse a consommé 113 litres d’eau en bouteille, en 2018, selon l’Association suisse des sources d’eaux minérales et des producteurs de soft-drinks. «C’est un geste simple, mais il a toute son importance», insiste Lisa Krebs.

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