L’arbitrage au service de l’esprit du jeu

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L’arbitrage au service de l’esprit du jeu

Carton Jaune
Dans le sport, l’arbitrage joue un rôle régulateur primordial. Retour sur cette fonction avec les pasteurs Didier Halter, ancien arbitre de rugby et Etienne Guilloud, pratiquant d’Ultimate frisbee.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’arbitre n’est pas là pour faire respecter les règles à la lettre, mais pour veiller à ce que le jeu soit le plus fluide possible. «Les règles sont un outil au même titre que le sifflet ou le chronomètre. L’arbitre doit faire un grand travail d’interprétation», précise Didier Halter, directeur de l'Office protestant de la formation et ancien arbitre de Rugby.

Dans son arbitrage, il a été amené à évaluer des situations pas toujours évidentes et à laisser couler certaines mauvaises actions dont la sanction aurait nui au bon déroulement de la partie. «Les seules fautes que l’on sanctionne d’office sont celles commises intentionnellement ou celles qui cherchent délibérément à faire du mal à l’adversaire», ajoute-t-il.

Respect mutuel

Didier Halter souligne toutefois que la fonction d’arbitre dans le rugby est plus respectée que dans d’autres sports: «L’arbitrage y est très codifié, l’arbitre bénéficie d’un respect et d’une autorité plus marquée.» Une culture du jeu qui s’enseigne dès le plus jeune âge aux joueurs en herbe à qui il ne viendrait pas à l’idée de contester une décision de l’arbitre, même si celle-ci pourrait leur paraître injustifiée. Car, il arrive que l’arbitre puisse commettre des erreurs… Une marge d’erreur qui, pour le pasteur, contribue à faire d’un arbitre un modèle éthique: «Tout dépend de la façon dont il assume ses erreurs et ses lacunes.»

Se passer d’arbitre? «Idéalement oui, mais pragmatiquement, cela risque d’être difficile. L’arbitre est le seul à avoir une vision globale du jeu. Il arrive fréquemment que des joueurs ne se rendent pas compte de leurs fautes dans le feu de l’action», ajoute Didier Halter.

Auto-arbitrage

Autre son de cloches du côté des pratiquants de l’Ultimate frisbee, un sport qui ressemble au football américain. Issue des milieux «Flower Power», cette discipline comporte deux équipes de sept joueurs qui se passent un disque volant sur un terrain de même longueur et de moitié de largeur. «Depuis sa création, l’Ultimate frisbee fonctionne en auto-arbitrage et cela marche très bien», précise Etienne Guilloud, pasteur à la paroisse de la Dôle (VD) et adepte de cette discipline.

Récemment, les règles ont même dû être modifiées. Seul le joueur sur lequel a été commise une faute a le droit de la signaler: «Avant, les joueurs qui commettaient des fautes se dénonçaient, ce qui desservait la bonne continuité du jeu.» Bien que le fair-play soit de mise, cette discipline n’en est pas moins une compétition: «Pas question qu’une équipe plus forte soit sur la retenue face à une plus faible, elle doit la battre à plate couture, sinon elle ne respecte pas son adversaire», ajoute-t-il. A la fin de la saison, deux classements se font, celui, classique, du nombre de parties remportées et celui du «Spirit of the game» (esprit du jeu) qui récompense l’équipe qui a offert le meilleur jeu à son adversaire. «Bien que reconnue comme discipline olympique, l’Ultimate frisbee n’est pas présent aux Jeux olympiques, puisque la condition pour y participer est d’avoir un arbitre, ce qui irait à l’encontre de la philosophie de la discipline», précise le pasteur.

Penser différemment

Pas facile pourtant de pratiquer l’autogestion de l’arbitrage. Etienne Guilloud, qui fait également partie du comité des sports de l’Église réformée vaudoise, a tenté l’expérience dans un match entre professionnels de l’institution: «Beaucoup étaient réticents au départ, mais après un petit quart d’heure, ils ont pris le pli et commençaient à jouer différemment et à favoriser le jeu.»

Il reconnaît toutefois que tous les sports ne se prêtent pas à l’auto-arbitrage: «En tennis et dans d’autres disciplines plus ‹mentales›, cela serait difficile.» L’auto-arbitrage est souvent repris dans les milieux socio-éducatifs comme élément de résolution de conflits: «Des tournois entre enfants palestiniens et israéliens sont notamment organisés dans le cadre d’un programme intitulé Ultimate Peace», souligne le pasteur.

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