Oser parler du suicide chez les jeunes

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Oser parler du suicide chez les jeunes

Décès
Annulée en raison des conditions sanitaires, l’édition 2020 du Toussaint ’s festival consacrée au suicide des jeunes donne, cependant, lieu à plusieurs initiatives précieuses pour surmonter ce tabou.

La force du Toussaint ’s festival, c’est d’accueillir tous les participants pour échanger sur les questions liées à la mort, y compris bien après les temps «officiels». «L’an dernier, je ne compte plus le nombre de soirées où les bénévoles ont pris du temps pour écouter et discuter avec les visiteurs dans le petit café des Terreaux. L’ambiance est fondamentale pour nous», se souvient la thanatologue Alix Noble-Burnand, à l’origine de ce rendez-vous désormais bien ancré. Cette année, pandémie oblige, les conditions pour ces échanges chaleureux n’auraient pas été réunies. L’association Deuil’s a donc préféré annuler le rendez-vous, mais pas ses actions sur le thème choisi cette année: les jeunes face au suicide.

La pandémie, un catalyseur

La question est devenue centrale ces derniers mois. «La période de semi-confinement a été terrible pour les jeunes. Elle a malheureusement été délicate en matière de risque suicidaire pour les adolescents. Lorsque l’on se sent mal dans sa peau et que l’on vit mille interrogations, se retrouver seul chez soi, sans ses amis, face à des parents avec qui le dialogue n’est pas évident à cet âge-là de l’existence, peut-être terrible», explique Alix Noble-Burnand. Sans compter les situations de décès qui n’ont pas pu se vivre normalement, par exemple l’enterrement de grands-parents.

Penser à la mort est normal

Peu d’études existent sur le sujet, mais aux Etats-Unis, une enquête – déclarative, certes – menée à New York auprès de 5400 personnes a révélé qu’entre mars et juin 2020, un quart des 18-24 ans avait sérieusement pensé s’ôter la vie! *En Suisse, le suicide reste la première cause de mortalité chez les ados de plus de 16 ans, même si les chiffres ont diminué de moitié en 30 ans, selon l’Observatoire suisse de la santé **. Pour Alix Noble-Burnand, «l’envie de mourir lorsque l’on est adolescent est normale: c’est une période de passage très importante. C’est un complet revirement. Un deuil symbolique essentiel doit se faire: celui de l’enfance… La mort des grands-parents, qui représentent l’enfance, est en ce sens fortement ‹ébranlante».

Libérer la parole

Cette experte du deuil plaide pour la réinvention de rites de passage afin de traverser cette phase si sensible. Pour surmonter le tabou du suicide, elle souhaite aussi libérer la parole. Alors que durant des années, la demande officielle était d’éviter le sujet dans les écoles et autres lieux publics, l’association Stop Suicide, en collaboration étroite avec le Groupe romand de prévention du suicide, invite désormais à en parler. Elle réalise, également, une série d’actions de prévention.

Différentes formules

Partageant ce constat et afin de répondre à ce besoin, Deuil’s proposera, dès cet automne, différentes ressources: un podcast dans lequel les personnes endeuillées à la suite d’un suicide pourront parler de leur expérience et ce qui a été utile pour elles, un atelier d’accompagnement pour personnes endeuillées par suicide ainsi qu’une permanence téléphonique pour proposer le ou la professionnel·le adéquat·e. Par ailleurs , un livre d’Alix Noble-Burnand regroupant 40 contes sur la mort devrait paraître prochainement. De quoi patienter et échanger, en attendant de se retrouver en chair et en os pour l’édition 2021 du festival !

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