Lignes de faille

Camille Andres / ©DR
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Camille Andres
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Lignes de faille

Editorial
Les talibans ont repris le contrôle de l’Afghanistan en quelques semaines à peine. Comme si la guerre déclarée contre eux et l’organisation terroriste Al-Qaïda par les Etats-Unis, après l’attentat du 11 septembre 2001, n’avait été qu’un épisode, une page désormais tournée.

Difficile de comprendre et encore davantage de résumer tout ce qu’ont signifié les événements du 11 Septembre pour nos sociétés. La science historique se chargera de le déterminer. Vingt ans après, nous ne pouvons que suivre les lignes de faille suscitées par ce choc.

C’est le propre de tout événement historique, de faire apparaître de nouvelles catégories dans le débat public: «musulman», «terroriste»… qui sont autant de délimitations, de séparations. Il faut penser le monde différemment, construire de nouvelles grilles de lecture. Mais si ces constructions nous aident à mieux discerner des faits, elles restent toujours réductrices, partielles, face à la complexité du réel. Et lorsqu’elles deviennent l’unique lecture du monde, ces lignes de faille peuvent devenir de franches fractures, comme en témoignent de nombreux musulman·e·s relégué·e·s à leur seule religion après les attentats. 

Aujourd’hui, d’autres termes apparaissent dans la discussion, témoignages d’autres clivages profonds: «antivax», «complotiste», d’un côté, «moutons» ou «naïfs», de l’autre. Ce que le 11 Septembre nous a appris, c’est qu’une fois nées, ces catégories ne disparaissent pas. Elles sont réactivées à chaque nouvel incident, fragmentant toujours plus nos sociétés. Saurons-nous les surmonter ? Trouver ce qui rassemble et non ce qui désunit reste toujours un défi.