L’Église réformée vaudoise veut-elle vraiment d’un débat pour toutes et tous?

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L’Église réformée vaudoise veut-elle vraiment d’un débat pour toutes et tous?

16 septembre 2021
Le groupe de réflexion LGBT de l’EERV, actuellement en «campagne d’information», a choisi de ne pas donner la parole à ceux qui, au sein de l’institution, s’opposent au mariage pour tous. Ou trop tard.

Engager le débat, telle était la proposition de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), qui se lançait dès le mois de juin dans une «campagne d’information» au sujet du mariage pour tous, soumis à la votation populaire le 26 septembre. Sous des bannières arc-en-ciel, l’institution protestante garantissait «une volonté d’ouverture aux débats (…) toujours supérieure à sa crainte du débat».

En lieu et place de cette opération, le groupe «Église inclusive», mené par la diacre Liliane Rudaz-Kägi et le chargé du groupe de travail Andrea Coduri, a réalisé cinq vidéos et une pièce de théâtre, devant être le point de départ de soirées de discussions et d’échanges menées ce mois-ci dans différentes paroisses vaudoises.

Chacun n’y était cependant pas le bienvenu, comme l’affirme Martin Hoegger, pasteur à la retraite et membre du Rassemblement pour un renouveau réformé (R3) (créé au lendemain de l’adoption par l’EERV d’un rite pour couples de même sexe liés par un partenariat enregistré, ndlr.). Au mois de juin, cette frange conservatrice de l’EERV en avait pourtant clairement fait la demande, dans un courrier adressé à ses conseillers synodaux: «Nous demandons instamment d’inclure, de manière équitable, des personnes qui sont d’un autre avis que le groupe "Église inclusive"», formulaient-ils.

Une requête entendue par l’EERV: «Nous avons prévu de rencontrer les opposants au mariage pour tous au sein de l’EERV le 23 septembre», renseigne Marie-Claude Ischer, présidente du Conseil synodal (Exécutif). Mais la date de ce compromis, qui tombe trois jours avant la votation, est un peu tardive selon Martin Hoegger: «Franchement, qu’entend-on par dialoguer et par débattre, en prévoyant un débat équitable aussi tard, quand le Conseil synodal donne mandat au groupe «Eglise inclusive» d’organiser des rencontres où l’on entend qu’un seul son de cloche?»

Assez de contradiction?

«Nous avons clairement signifié notre disponibilité», se désole Martin Hoegger. Et quand Gérard Pella, autre pasteur retraité et membre du R3, parvient à avoir une conseillère synodale au bout du fil, cette dernière «botte en touche, car le Conseil synodal aurait donné toute indépendance au groupe de réflexion». Une information que confirme à demi-mot Marie-Claude Ischer, en avouant «ne pas savoir exactement comment se déroulent ces soirées». En précisant toutefois: «On amène le débat en donnant de l’information, et les personnes contre le mariage pour tous rattachées à l’EERV se sont déjà largement exprimées, notamment dans la presse.»

De son côté, le R3 mentionne des paroissiens réduits au silence sur le sujet, car «muselés par le politiquement correct». Vraiment? Le 14 septembre, une de ces soirées était organisée à l’Espace Martin Luther King de l’église Saint-Laurent, à Lausanne. En fin de séance, le public, composé de deux auditeurs, a fait entendre son mécontentement. Soulignant à regret la posture jusqu’à présent «unilatérale» de l’EERV dans son approche du thème, les deux messieurs présents, âgés d’une septantaine d’années, n’ont pas de question: ils veulent débattre.

Pour eux, «l’anathémisation des personnes qui s’opposent au mariage pour tous», rejetée par Christophe Chalamet, professeur de théologie à l’Université de Genève, dans l’une des vidéos projetées, est bien en train d’avoir lieu. «Nous assumons le fait de ne pas avoir enrôlé de contradicteurs», leur répond Andrea Coduri, chargé du groupe «Église inclusive». «Pour une personne LGBT, entendre que quelqu’un s’oppose à ce qu’elle ait les mêmes droits que tout un chacun, cela peut être trop violent. C’est de la discrimination. De l’homophobie, en l’occurrence.»

Homophobie ou crainte sociétale?

Les deux fidèles présents, ce soir-là, rejettent en bloc l’accusation: «Je vous accepte comme vous êtes. D’ailleurs, nous avons la responsabilité d’accueillir les homosexuels. Mais le modèle de société vers lequel nous allons n’est pas la volonté de Dieu», assène l’un des deux septuagénaires, avant que ne soit encore évoquée l’accession à la PMA pour toutes les femmes, que comprend le projet de loi. «On manipule les Écritures au gré des besoins de la société», expriment-ils encore. Mais malgré les recadrages de Liliane Rudaz-Kägi, selon qui «il est anachronique de penser le mariage actuel selon ce qui est mentionné dans la Bible», chaque camp est resté figé sur ses positions. Contactée après la soirée, la diacre précise toutefois que cette soirée houleuse est pour l’instant l’exception.

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