Saint-Loup élargit l’espace de sa tente

Sœur Lucienne Wehrle: «Les personnes de l’extérieur contribuent à la vie des diaconesses. Il est temps de les y intégrer pleinement.» / © M.W.
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Sœur Lucienne Wehrle: «Les personnes de l’extérieur contribuent à la vie des diaconesses. Il est temps de les y intégrer pleinement.»
© M.W.

Saint-Loup élargit l’espace de sa tente

Village
Le départ annoncé des Etablissements hospitaliers du Nord vaudois de Saint-Loup et la diminution des vocations parmi les diaconesses ouvrent la voie à une «communauté plurielle». Une expérience en construction.

«Les diaconesses ont su se renouveler depuis 180 ans au gré des évolutions du monde. Elles s’adaptent maintenant aussi à une situation inédite, en inventant un modèle original, ajusté à leur site et à leur vocation.» Cela, c’est Oscar Cherbuin qui le dit. Il vient d’entrer en fonction à Saint-Loup (VD) pour coordonner le programme visant à créer autour de la maison mère des diaconesses non seulement une communauté élargie, mais aussi un lieu d’accueil et un «village thérapeutique».

Le projet, dévoilé juste avant l’été, répond à un objectif: penser l’avenir de Saint-Loup alors que les Etabissements hospitaliers du Nord vaudois s’y désinvestissent à l’horizon 2025, et au moment où le nombre des diaconesses diminue, tandis que leur âge augmente. La solution? Ouvrir la communauté des sœurs – fondée en 1842 en lien avec l’Eglise réformée vaudoise pour se consacrer à la prière et aux soins des malades – et la transformer en une «communauté plurielle». Elle verra des couples, des familles, des célibataires rejoindre les consacrées dans un unique espace partagé. A terme, des offres de ressourcement et d’accompagnement pour les hôtes doivent aussi être mises sur pied, et d’autres structures compléteront le tableau. Ces dernières reposeront sur un «concept santé innovant» et seront dotées de divers services annexes (cuisine, maraîchage, boulangerie…), promet Anne-Lise Sprunger, présidente du comité de pilotage encadrant ce développement.

«Un fil bleu»

Le projet n’existe pour l’heure que sur le papier. Actuellement, une première phase d’information et de consultation s’ouvre,avec la rencontre de personnes intéressées à rejoindre durablement les sœurs sur le plateau de Saint-Loup à Pompaples (VD). Mais cette «recréation» n’est-elle pas simplement une manière de masquer la perte d’influence et de forces des diaconesses, qui étaient partie intégrante du paysage ecclésial romand depuis plus d’un siècle et demi? «Non, c’est une authentique vision communautaire», assure la responsable, sœur Lucienne Wehrle.

Entourées, les sœurs seront en mesure de mieux vivre leur vocation

«Les diaconesses resteront», poursuit-elle. «Elles seront sans doute moins nombreuses, mais bien visibles dans leur habit bleu. Ce sont elles le fil rouge sur le site, mieux, le fil bleu, puisque c’est la couleur de notre habit. Entourées d’autres personnes, les sœurs seront en mesure de mieux vivre le propre de leur vocation: le soin au prochain. Il s’agit de respecter les appels différents des personnes: chacun gardera son identité, en vivant dans le célibat, en couple ou en famille. Mais il y a tout avantage à faire se compléter ces profils, pour intégrer cette pluralité.»

Désir de communauté

L’évolution de Saint-Loup en une «communauté plurielle» ne répond dès lors pas seulement à une nécessité, mais à un vrai désir de vie partagée. Et les sœurs aînées, qui auraient pu être effrayées par ce tournant, s’en réjouissent. Sœur Claire Laufer, diaconesse depuis 1957, rayonne: «J’étais entrée à Saint-Loup pour vivre la communauté. Or j’ai passé ma vie active comme infirmière. Et voilà que mon désir premier m’est accordé: c’est maintenant que je réalise ma vocation, alors que bien longtemps nous n’osions pas prononcer le mot ‹communauté›, pour ne pas prétériter notre ministère de soin…»

«Notre fragilité est notre richesse», martèle pour sa part sœur Madeleine Chevalier, qui fêtera l’an prochain un demi-siècle comme diaconesse: «Avant, on n’avait pas besoin des autres, on était fortes! C’est notre diminution qui nous amène à inventer la vie commune avec d’autres.»

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