Les Eglises soucieuses d’un renouveau

Les Eglises soucieuses d’un renouveau / ©iStock
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Les Eglises soucieuses d’un renouveau
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Les Eglises soucieuses d’un renouveau

Evolution
Mieux communiquer, réactualiser, voire adapter ce qui se fait en matière de rituels: un point important pour les Eglises réformées de Suisse. Ce dossier devrait figurer parmi les préoccupations premières dans les années à venir.

Abordées lors de la dernière séance de la commission de liturgie de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS), les questions soulevées par notre dossier rencontrent un écho dans toutes les Eglises cantonales. Les avancées dans le domaine semblent toutefois plus faciles du côté germanophone: «La légende veut que les Eglises romandes aient une liturgie plus structurée que leurs sœurs alémaniques, ce qui maintiendrait un plus grand attachement à la tradition liturgique», observe Nadine Manson, chargée des questions liturgiques à l’EERS. Pour cette pasteure et docteure en théologie, la taille de l’Eglise joue également un rôle: «Plus l’Eglise cantonale sera structurée au niveau liturgique, plus l’exercice de la liturgie sera circonscrit dans des directives claires et consultables par tous. De sorte que toute innovation liturgique doit nécessairement résulter d’un long travail de réflexion et de discussion». La chargée des questions liturgiques note une tension entre tradition et innovation qui découle directement du système presbytéro-synodal, où paroisses et Eglise cantonale n’ont souvent pas les mêmes visions. Dans ce contexte, l’Eglise protestante de Genève fait toutefois figure d’exception: «L’EPG n’a pas le même fonctionnement que d’autres Eglises. Elle ne doit pas se référer à des directives coercitives en matière de liturgie. La marge d’exercice de la liturgie est dès lors plus grande», ajoute-t-elle. 

Renouer le contact

Pour Katrin Kusmierz, responsable scientifique du centre de compétence liturgie de la Faculté de théologie de l’Université de Berne et également membre de la commission liturgie de l’EERS, un travail important est à faire en matière de communication. «L’année dernière, nous avons eu un congrès concernant les habitudes en matière d’enterrements, qui sont en pleine évolution. Parmi les nombreux points abordés figurait le fait que les personnes distancées de l’Eglise ne savent plus à qui s’adresser lorsque survient un décès et ne connaissent pas ce que proposent les Eglises. De plus, d’autres acteurs sont présents dans le domaine et proposent leurs services.» Pour elle, il serait important de rendre plus visibles les rituels proposés par les Eglises dans les différentes cérémonies de base que sont les baptêmes, les mariages et les services funèbres. Elle souligne notamment le cas de l’Eglise d’Argovie, qui propose sans complexe d’autres offres de prestations. 

Initiatives hors cadre

Katrin Kusmierz tient également à parler d’initiatives qui sortent du cadre strict de l’Eglise, en gardant toutefois un lien étroit avec la spiritualité réformée: «Sur Berne, trois jeunes théologiennes proposent des cérémonies de mariage plus ouvertes qui se basent sur une tradition chrétienne.» Sous le nom de Feier & Flamme (Fête et flamme), ces trois jeunes femmes répondent à un besoin des jeunes couples qui ne se reconnaissent parfois plus dans un contexte purement Eglise, mais cherchent tout de même à garder une certaine tradition qui fasse sens.

Dans la région de Hambourg, l’Eglise allemande joue les pionnières dans le domaine avec le projet Kirche im Dialog (Eglise en dialogue), qui a pour devise de rechercher, d’inspirer et de faire. Portée par la pasteure Emilia Handke, cette plateforme propose des projets innovants tels que les concepts d’Eglise popup, d’Eglise d’appartement ou encore l’agence de rituel, qui réfléchit également aux enjeux liés aux rituels de demain et à leur accessibilité.