Les EMS restent dans la course!

L’EMS de La Lembaz décoré à l’occasion du passage du Tour de Romandie à Granges-Marnand. / ©DR
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L’EMS de La Lembaz décoré à l’occasion du passage du Tour de Romandie à Granges-Marnand.
©DR

Les EMS restent dans la course!

Anne-Marie Droz, diacre et aumônier
3 juin 2022
Confiance
Les cafés spirituels, des espaces où la vie se met en mots.

Lorsque je partage sur les réseaux sociaux des petites anecdotes ou des phrases touchantes ou drôles entendues lors de mes présences dans les EMS, je reçois souvent des commentaires étonnés. On me dit: «Merci de nous ouvrir la porte de cet univers.» Comme si c’était un lieu tout à fait à part, tout à fait fermé, à l’instar des établissements de détention… Or, mis à part ce temps d’isolement dû au Covid, lourdement ressenti dans ces lieux, ce sont plutôt des lieux qui font tout pour maintenir une dynamique, dont les directions souhaitent et mettent en place des stratégies de présence dans le village et d’échanges avec l’extérieur. Il se fait des fêtes, des visites de classes ou de très nombreuses excursions en petits groupes. Fini le temps du car Croix-Rouge et de l’excursion annuelle! L’heure est à l’individuation des besoins.

Dans cette dynamique de lieu de vie et d’affirmation de soi au sein d’une vie communautaire, s’inscrivent bien les cafés spirituels ou autres tables de la Parole. Selon un rituel bien établi et à rythme régulier, en complément des moments de célébration, les participants ont, durant une petite ou grosse heure, selon l’intensité des prises de parole, l’occasion d’échanger sur des sujets que le groupe ou l’aumônière propose. Et l’on en vient vite à partager des choses en profondeur. C’est le but.

Chacun ou chacune des participant·es, mis en confiance, en vient à offrir aux autres ses réflexions sur la vie, et l’on s’enrichit mutuellement. Et ce sont de vraies perles qui tombent des bouches: «Ma tâche maintenant», dit ce monsieur qui a une vie riche derrière lui, «est de devenir qui je suis comme résident de cette maison, ni dans le passé, ni dans le futur, aujourd’hui». Ou encore, lorsque l’on aborde le sujet de la résurrection, c’est un feu d’artifice de représentations et de questions, d’affirmation de foi ou de doutes qui émerveille le jeune animateur présent: «On a tous finalement les mêmes interrogations devant la fin de vie, c’est bon de les partager.»

Parfois les échanges sont lourds et chargés d’émotion: «sans vous tous» dit l’un des participants, aveugle et peu mobile, «sans vos gestes et vos gentils mots, je n’y arriverais pas».

Faire circuler entre eux la parole, aider à se dire et à s’accueillir mutuellement, c’est aussi profondément ressentir que l’on est fait de la même pâte, vivants, pensants et aimants, jusqu’au bout. Avec toute l’épaisseur de ces longues vies. Et invariablement une parole d’espérance vient de la bouche et du cœur de l’un ou l’autre des participants, souvent sous cette simple forme: «En tout cas, moi je crois en Dieu, et ça, ça m’aide à vivre…» Et c’est peut-être la plus efficace des confessions de foi.

Pour terminer une petite phrase qui fait sourire, parce que rire… vous connaissez la formule!

Elle parle de son défunt mari, qui ne croyait pas du tout à la résurrection: «Mais vous savez, lui, il doutait de tout! Il ne croyait même pas à notre Guillaume Tell…»

L’aumônerie en bref

L’aumônerie œcuménique des EMS dans la Broye est actuellement assurée dans les différents établissements de La Broye par Corinne Gossauer Perroz, aumônière catholique à 80%, Anne-Marie Droz, aumônière protestante à 50% et Elom Abgenouvon, aumônier catholique en formation à 10%.

Selon les établissements et les lieux, les forces paroissiales interviennent régulièrement pour célébrer en particulier des messes ou amener la communion.

Les visites se font de manière non confessionnelle, en étroite collaboration avec le personnel des EMS, en tenant compte des demandes particulières. Elles sont en principe référencées dans les dossiers de soins, comme partie intégrante de l’accompagnement.

Les célébrations, recueillements ou cafés spirituels sont ouverts à toute personne qui le souhaite.

La présence régulière des aumônier·es permet aussi une écoute des personnes qui travaillent dans les établissements