Les Rameaux, c’est bô!

Vitrail de l’entrée de Jésus de Nazareth, juché sur un âne, dans la ville de Jérusalem. / ©Adobestock
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Vitrail de l’entrée de Jésus de Nazareth, juché sur un âne, dans la ville de Jérusalem.
©Adobestock

Les Rameaux, c’est bô!

François Lemrich
29 mars 2023
Fête
La fête des Rameaux va battre son plein, ou son vide. Que sont devenus les Rameaux d’antan et leurs foules endimanchées?

Pour beaucoup, cette fête chrétienne qui fait partie des grandes fêtes est un mystère. En plus, elle n’est pas valorisée par un jour de congé, et tombera toujours le dimanche avant Pâques. Hélas, pas de lundi des Rameaux!

Elle est aussi inaperçue, car elle se souvient d’un événement qui semble mineur, l’entrée de Jésus de Nazareth, juché sur un âne, dans la ville de Jérusalem. Les foules sont au rendez-vous. Il entre comme une rock star, acclamé, attendu, on jette son manteau pour que ses pieds ne heurtent pas un caillou, on agite des branches de palmier comme lors de la grande fête d’automne, c’est un moment inoubliable pour ceux qui l’ont vécu. Pourtant, pour nous, de manière contemporaine, nous avons de la peine à nous y impliquer et à comprendre comment cette foule heureuse, enthousiaste, laissera faire lorsqu’on arrêtera ce maître adulé pour le crucifier. Mystère des foules versatiles.

Fête chrétienne donc, fête heureuse qui célèbre l’entrée dans quelque chose: c’est ainsi que les réformateurs ont voulu placer ensemble la fin du catéchisme des jeunes, des jeunes adultes, avec leur «entrée dans l’église». D’où le choix symbolique de cette fête.

Et, par le passé, tout bon petit protestant, à la fin de sa scolarité, se devait de mettre ses plus beaux habits, les filles de belles robes et, dans un autrefois du XXe siècle, porter un voile léger parfois, pour vivre la fête, adhérer à la confession de foi, dire «oui», recevoir une bénédiction. S’ensuivaient la fête de famille, la présence des parrains marraines, le repas, les cadeaux. On appelait ce temps «la confirmation». Dans chaque village, chaque ville, les groupes étaient nombreux chaque année. Il faut dire qu’autrefois, ceux qui ne voulaient pas entrer dans ce moule, sympathique mais moule quand même, devaient se débattre avec force pour s’affirmer en disant «non»!

Aujourd’hui, il demeure la même valeur profonde et symbolique à choisir de s’inscrire dans cette belle tradition. Comprendre: tu te formes, tu reçois de manière critique une connaissance religieuse, puis tu dis si tu veux participer ou non à la fête des Rameaux, et tu choisis si ta foi personnelle te pousse à prendre des engagements, et même pour certains, dans un choix libre, à demander le baptême.

Mais les foules ne sont plus au rendez-vous. C’est dommage. Non pas tant pour l’Eglise que pour ceux qui n’auront jamais entendu parler de certaines paroles, de certains personnages, de toute la liberté qu’offre l’Evangile. L’Eglise a une mission, qui est de proposer et non d’imposer une formation. Il me semble important, très important que la jeunesse d’aujourd’hui touche à la spiritualité sous des formes qui ne sont pas intégristes. Le monde réformé a évolué comme toute la société dans laquelle il se trouve.

Alors, face aux quelques jeunes qui feront partie dans les églises de ce moment fort où l’on admirera leur prise de parole ou leur implication symbolique, je ne peux que me réjouir et espérer qu’ils continueront à nourrir ce mystère qu’ils auront touché du doigt un peu!

Et aux autres chez qui, parce que le monde leur offre tant et tant d’offres et de projets, je ressens des engagements sincères et intelligents, ailleurs, et c’est très bien, je veux leur souhaiter simplement de se trouver, une fois dans leur vie, aux portes de la cité où l’on agite des rameaux, et à avoir le bagage pour comprendre ce qui se passe autour d’eux et peut-être en eux.