«La Suisse doit assumer sa responsabilité humanitaire»

Capture d'écran de l'illustration de la campagne © EPER
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Capture d'écran de l'illustration de la campagne © EPER

«La Suisse doit assumer sa responsabilité humanitaire»

6 mars 2018
L’Entraide protestante et l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés récoltent des signatures afin de demander au gouvernement que la Suisse accueille chaque année un contingent de 10’000 personnes. Plusieurs voies légales sont à explorer.

«Le nombre de personnes fuyant la guerre et les persécutions n’a jamais été aussi élevé. On estime que fin 2016, 65,6 millions d’êtres humains étaient en situation d’exil forcé. Nombre d’entre eux décèdent en essayant de trouver refuge en Europe. En 2016 et 2017, plus de 8000 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée», rappelle Magaly Hanselmann, directrice du secrétariat romand de l’Entraide protestante (EPER). En collaboration avec l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), l’EPER a lancé ce lundi 5 mars une pétition adressée au Conseil fédéral pour que la Suisse fasse un effort supplémentaire en matière d’accueil.

«Selon l’estimation du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), le nombre de réfugiés enregistrés dans le monde entier ayant besoin d’être réinstallé dans un pays sûr est d’environ 1,2 million. En regard de cette réalité, notre pétition peut sembler relativement modeste en tentant de sauver 10'000 vies supplémentaires», explique Magaly Hanselmann. 84% des 66 millions de personnes déplacées «vivent dans des pays en développement, en général à proximité des régions en crise. Ces pays sont largement dépassés par la situation et ne sont pas en mesure de leur proposer ne serait-ce que des conditions de vie acceptables», prévient l’argumentaire de la pétition. «Pour un grand nombre de réfugiés, la seule issue est de passer par les voies illégales, généralement au péril de leur vie», complète le texte.

«Notre pétition demande d’une part d’utiliser les possibilités données par le cadre légal actuel afin d’augmenter à 10'000 le nombre de personnes réfugiées pouvant trouver protection en Suisse via les programmes de réinstallation de la Confédération. D’autre part, afin d’ouvrir la voie à un modèle de “couloirs humanitaires” tel qu’il a pu être mis en place en Italie, nous demandons au Conseil fédéral de créer les bases légales nécessaires pour renforcer les initiatives de la société civile et des Églises. Nous pensons notamment aux domaines de l’hébergement, l’accompagnement et la formation.»

Le modèle des «couloirs humanitaires» mis en place en Italie par la Fédération des Églises protestantes et la communauté Sant’Egidio et imité depuis par la France et la Belgique permet à des personnes particulièrement vulnérables d’atteindre l’Europe en toute sécurité et légalité. Arrivés dans le pays d’accueil, ils sont pris en charge par les Églises partenaires. Une solution qui a comme point commun avec le programme de réinstallation de la Confédération et de l’UNHCR de permettre de venir en aide aux personnes les plus vulnérables.

Le peuple suisse a accepté en 2013 par 78,4% des voix d’interdire le dépôt des demandes d’asile dans les ambassades. On peut donc se demander si aujourd’hui il serait prêt à faciliter les conditions légales d’accès à la Suisse pour les réfugiés. «Dès 2015, la société civile s’est mobilisée et engagée en faveur des réfugiés en réponse à la détresse de celles et ceux qui tentaient de trouver un refuge en Suisse. De nombreux mouvements citoyens ont émergé sur le territoire suisse. L’action parrainage dans le canton de Vaud, lancée par les Églises évangélique réformée et catholique romaine du canton de Vaud en est un exemple magnifique. Près de 215 parrainages impliquant des bénévoles sont encore actifs aujourd’hui. Notre rôle comme œuvre d’entraide est donc de faire en sorte que cet élan de solidarité ne retombe pas», rétorque Magaly Hanselmann. «C’est dans cette perspective que l’EPER a lancé en 2016 une campagne intitulée “Annoncer la couleur pour une Suisse humaine et la pétition”. Elle a permis de réunir plus de 130 organisations de la société civile sous cette bannière. Depuis 2 ans, des événements ont été organisés dans toute la Suisse afin de mettre en lien toutes ces initiatives citoyennes. Selon moi, notre pétition tombe donc à point nommé et répond à la volonté des personnes qui s’engagent déjà en faveur des réfugiés», complète la directrice de secrétariat romand de l’EPER.