En Colombie, les femmes au front

L'OFP, née il y a 45 ans et partenaire de l'EPER depuis 20 ans, est une association féminine forte de 2'000 membres. / © Christian Bobst / EPER
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L'OFP, née il y a 45 ans et partenaire de l'EPER depuis 20 ans, est une association féminine forte de 2'000 membres.
© Christian Bobst / EPER

En Colombie, les femmes au front

Persévérance
La guerre civile colombienne a déplacé près de 7 millions de personnes, dont 70% de femmes et d’enfants. Leur sécurité et leur autonomie s’avèrent essentielles pour la stabilité du pays.

Le 26 septembre 2016, un accord de paix est signé en Colombie: officiellement, la guerre civile prend fin. Mais après un conflit de 52 ans, qui a fait plus de 260 000 victimes et 60 000 disparus, que signifie le mot «paix», concrètement ? «La paix c’est un bout de papier; il faut d’abord la mettre en place, et beaucoup de gens n’en veulent pas. Certains étaient très à l’aise avec l’ancienne situation… Changer les mentalités prend du temps», remarque Leo Meyer, qui gère depuis deux ans les programmes de l’Entraide protestante (EPER) pour la Colombie.» 

La survie des femmes et des enfants

Le temps, justement, les victimes de la guerre ne l’ont pas eu: la plupart se sont retrouvés confrontés à un déracinement brutal. Parmi eux, l’immense masse de déplacés au sein de leur propre pays, principalement des femmes et des enfants, souvent issus de la campagne. Du jour au lendemain, leurs maris ont été arrêtés ou tués parce qu’ils ont lutté pour garder leurs terres, et leurs villages détruits ou réquisitionnés. Résultat ? «Les femmes se sont retrouvées cheffes de famille, sans moyens pour assurer leur subsistance», résume Nicole Tille, responsable à l’EPER des relations avec les paroisses en Suisse romande. C’est-à-dire, en charge de fournir logement, nourriture et sécurité pour leurs enfants… et pour elles-mêmes. Une gageure dans une société encore «extrêmement patriarcale, dans laquelle en principe les femmes dépendent largement des hommes, en particulier pour ce qui relève de l’argent», souligne Leo Meyer. Pour finir, la plupart d’entre elles se sont retrouvées «projetées dans des stratégies de survie», beaucoup plus vulnérables, explique-t-il : installées dans des cabanes de fortune aux abords des villes, sans garantie de revenu, dans des conditions d’hygiène précaires. 

Construire l'autonomie financière

Les structures traditionnelles, qui placent les femmes en situation de dépendance, sont une réalité. Pour les sortir de ces voies sans issues – précarité ou manque d’autonomie –, des projets de l’EPER offrant aux femmes de construire leur indépendance financière ont été mis en place. L’OFP – Organizaciòn Femenina Popular par exemple. Elle agit à différents niveaux : elle offre une aide technique et des microcrédits pour financer le lancement de petites activités génératrices de revenus comme l’élevage de poules, finance l’installation de sanitaires, organise des ateliers de rencontres pour favoriser l’écoute et l’entraide mutuelle. Sa force ? Permettre à chacune de ses membres de prendre des responsabilités dans l’organisation, à tour de rôle. Ainsi «il n’y a pas de prise de pouvoir. La confiance s’installe, les femmes renforcent leurs compétences et indirectement, la communauté aussi», conclut Nicole Tille. Progressif, le changement s’avère ainsi durable.

Pour en savoir plus

Pour soutenir le projet de l’EPER en Colombie, vous pouvez faire un don sur le CCP 10-1390-5 et l’IBAN CH61 0900 0000 1000 1390 5. Informations complémentaires : www.eper.ch/colombie. Par ailleurs, la réalisatrice zurichoise Barbara Miller a réalisé un documentaire sous-titré en français qui illustre toutes les dimensions de l’action de l’EPER et de l’OFP, sur le terrain. GLORIA-Combat de femmes pour la paix en Colombie, à retrouver sur www.eper.ch/colombie-film.

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