Les fripes, c’est chic

Au Galetas de Lausanne, le rayon sacs à main pensé par Cédric Maulaz a été conçu avec des matériaux de seconde main, y compris des balles de golf. / © DR
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Au Galetas de Lausanne, le rayon sacs à main pensé par Cédric Maulaz a été conçu avec des matériaux de seconde main, y compris des balles de golf.
© DR

Les fripes, c’est chic

Consommation
La vente de vêtements de seconde main connaît un réel essor, portée par des consommateur·rice·s lassé·e·s de la fast fashion. Acteurs historiques de ce secteur, les Centres sociaux protestants s’adaptent.

Gaëlle achète ses vêtements en seconde main depuis qu’elle a 15 ans. Si le budget est une motivation, ce n’est pas ce qui l’anime en premier lieu: «J’aime l’idée d’acquérir un vêtement qui a eu une vie, une histoire. Le fait aussi de réutiliser, sur un plan écologique. Et puis, souvent, on trouve des pièces uniques, et de bonne qualité!», observe la jeune doctorante en droit européen à l’UNIL, devenue bénévole au Galetas lausannois du Centre social protestant (CSP). Près de 20 m3 de vêtements, sacs, linge et chaussures arrivent chaque mois dans ce local. Pas question de garder des pièces abîmées: face à la montagne de nouveautés, seul ce qui se vend est réparé, soit les vêtements de marque. Ou bien «les trainings et les K-way vintage, qui s’en vont comme des petits pains», remarque le responsable du lieu, Olivier Gretler, qui constate une hausse des ventes d’environ 15 à 20 % depuis trois ans, portées par la pandémie, mais aussi une clientèle nouvelle. A l’image de Gaëlle: active, modeuse, pointue. La tendance est commune à tous les CSP, mais le confinement l’a accélérée, submergeant les plus petits d’entre eux sous une avalanche de dons. Et de demandes! Celui de Berne-Jura envisage désormais d’ouvrir un nouveau point de vente à Bienne. Au centre ville de Lausanne, l’enseigne du CSP dédiée aux livres accueille depuis janvier un espace de 80 m2 dédié à l’habillement.

Une boutique agréable

Ces bouleversements impliquent un travail poussé: sélectionner les pièces, créer un environnement de vente agréable, former les équipes – dont les personnes en insertion sociale et professionnelle – à valoriser les vêtements. «Mais tout cela ne nous fait pas peur, car nous connaissons notre métier et le marché», assure Paul Jourdan, responsable des ventes au CSP Berne-Jura. Les prix, eux, ne doivent pas augmenter pour conserver les clients historiques, venus ici par nécessité.

Enfin, les CSP ont une autre ressource: leur expérience mutuelle. Bienne peut par exemple s’appuyer sur Neuchâtel, qui a rénové la grange qui abrite la Boutique de La Jonchère et doublé la surface de la Boutique de Neuchâtel. «Cela a permis d’aérer la présentation, et de donner un caractère attrayant et convivial. Les gens se sentent à l’aise, peuvent essayer. Cela répond à l’intérêt de la jeune clientèle», explique Pierre Borer, directeur du CSP Neuchâtel. Qui assure se tourner aussi vers le grand frère genevois, «qui a acquis une large expérience en la matière». 

Marque dédiée

Le CSP Genève a en effet pris une longueur d’avance. Dans le canton, ce sont l’équivalent de deux wagons de train (40 tonnes) de textiles qui sont jetés chaque semaine. Le CSP en récupère une partie et a développé une marque spécialisée (renfile.ch) pour répondre à la demande croissante d’une consommation de seconde main branchée. Grâce à un community manager (animateur de la communauté sur les réseaux sociaux), la marque a construit une solide présence en ligne. «L’idée était de pouvoir se dissocier du CSP pour faire connaître notre offre, parce que ce dernier a tout un axe de communication politique», explique Marc Bieler, responsable des ventes au CSP Genève. Ici aussi, les boutiques ont été rénovées et développées, mais des offres régulières de produits à «deux ou trois francs» ont lieu «pour ne pas perdre les clients de base».

Depuis août dernier, un atelier d’upcycling (art d’utiliser des déchets pour faire de nouveaux objets) a été mis en place pour donner une seconde vie aux vêtements parfois abîmés, et offrir des emplois créatifs à des personnes en précarité. Car au CSP, le cœur du métier reste inchangé: offrir une réinsertion sociale de qualité. 

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