L’aumônerie en EMS, un lieu à part

L’aumônerie en EMS, un lieu à part / ©iStock
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L’aumônerie en EMS, un lieu à part
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L’aumônerie en EMS, un lieu à part

Suzanne Jaccaud Blanc, aumônière
29 juin 2022
Témoignage
Entre confidences et questionnements, les aumôniers·ères en EMS vivent des échanges privilégiés. Moments choisis avec la ministre de l’Eglise réformée vaudoise et aumônière Suzanne Jaccaud Blanc

De temps à autre, on me fait la réflexion: «Comment peux-tu être aumônière en EMS? Jamais je ne pourrais, cela doit être déprimant!» A chaque fois, je dois démentir les a priori et ce qui est imaginé derrière. Dire combien ce sont de belles rencontres au cœur de la vie, des partages légers ou tout en profondeur.

Une palette de souvenirs, de confidences glissées, des questionnements qui demandent réflexion, des non-dits à déposer, des colères à désamorcer. Des moments de joie, de rire, ponctués par des passages de tristesse comme chacun de nous dans notre quotidien en connaît. Tout comme, entre autres, l’actualité de notre monde, un match de tennis, un lieu de vacances, un repas apprécié, un livre lu, un nouvel habit, un changement de coiffure (une dame qui toute sa vie avait eu un chignon a décidé, le jour de ses 100 ans, de couper ses cheveux pour être moderne) sont évoqués dans nos échanges.

Une partie de la vie étant derrière, c’est aussi l’occasion de pouvoir parler de la finitude. De ce qui habite la personne, ses ressources, ses croyances. Les respecter. Quand la demande est là, des partages profonds sur des textes bibliques, sur la foi, prier ensemble. Les temps de célébration sont toujours très appréciés, tout comme les groupes de parole. En psychogériatrie, c’est être là où la personne se trouve. Il m’arrive de me balader dans un couloir devenu la rue d’un village, tout en écoutant le récit d’une vie ponctué de «tu te rappelles»; de prendre le temps de s’approcher d’une peluche, confidente et amie de son propriétaire et qui devient le trait d’union qui permet à la parole de se libérer; de laisser ma main dans une main et vivre un moment de silence habité; être attentive aux paroles qui n’ont plus de sens mais qui attendent un retour.

Parfois le passé rencontre le présent: «J’attends mes parents. Ils ont été faire des commissions et ils vont venir me chercher.» Puis, regardant la photo accrochée au mur: «Quel bel anniversaire!», «Oui, c’est le vôtre», «Ah! J’ai quel âge?», «96 ans», «Alors mes parents sont très âgés».

Observer le paysage tout en parlant de souvenirs lointains ponctués de cantiques fredonnés, suivis par la prière, le rituel étant là: «c’est l’heure du thé», sous-entendu que nous allons le prendre ensemble.

Je suis reconnaissante de pouvoir vivre ce ministère œcuméniquement. L’entraide, l’appui et le soutien entre collègues sont fondamentaux. Le partage, la collaboration, dans la confiance, avec le personnel sont l’une des facettes essentielles. Etre un vis-à-vis neutre, sur qui il peut compter, s’appuyer, également pour les familles. L’accompagnement sur la fin du chemin fait aussi partie du ministère. Ce sont des temps à part, intenses. Une personne, juste avant son dernier souffle, m’a regardée et m’a dit: «Prenez soin de vous. » C’est primordial, ce sont des pa-roles cadeaux que je laisse à vous qui me lisez...

L’aumônerie dans le Nord vaudois

Dans la région, l’aumônerie en EMS est présente en plusieurs lieux et deux aumôniers sont à votre écoute:

L’arbre de vie à Sainte- Croix, Bru à Grandson, Maurice Bugnon à Yvonand, le château de Corcelles à Corcelles-près-Concise, La Douvaz à Villars-Burquin, Les Quatre-Marronniers et Mont-Riant à Yverdon-les-Bains.

Contact: Suzanne Jaccaud Blanc, suzanne.jaccaud-blanc@eerv.ch, 021 331 56 58.

Et à l’EMS Jardins de la Plaine, Yverdon, Christian Mairhofer, christian.mairhofer@eerv. ch, 021 331 58 95.