Protestantisme rime avec individualisme

Heinrich Bullinger, auteur de la Confession de foi helvétique postérieure en 1562 (peint par Hans Asper, 1550) / ©Domaine public, Wikimedia Commons
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Heinrich Bullinger, auteur de la Confession de foi helvétique postérieure en 1562 (peint par Hans Asper, 1550)
©Domaine public, Wikimedia Commons

Protestantisme rime avec individualisme

Autorité
«Ma conscience est captive de la Parole de Dieu.» Depuis le mot définitif de Luther, en 1521, la liberté de conscience individuelle s’érige en norme supérieure pour la Réforme.

Aucune autorité ecclésiale ou communautaire ne peut la surpasser. A tel point qu’au siècle suivant Boileau ironise: «Tout protestant est pape une Bible à la main.»

L’individualisme serait-il donc une marque de fabrique du protestantisme? «A priori, la Réforme s’inscrit dans une période historique où la place de l’individu se développe dans les sociétés», tempère Emma van Dorp, doctorante en théologie à l’Université de Genève. Les réformateurs sont donc redevables au contexte qui les environne.

Racines théologiques

Il n’en reste pas moins que cette place primordiale accordée à l’individu dans le protestantisme a des racines théologiques. Si la Parole de Dieu constitue la seule autorité pour ma foi, il est de ma responsabilité individuelle de l’interpréter. Chaque croyant·e est guidé·e dans cette tâche par le «témoignage intérieur du Saint-Esprit», théorise Calvin.

Mais «la foi individuelle ne peut exister qu’au service de la foi communautaire», remarque Emma van Dorp, dont c’est précisément l’objet de la recherche doctorale. La Confession de foi helvétique postérieure, rédigée en 1562 par le réformateur zurichois Bullinger, l’illustre par exemple: elle s’appuie sur cette théologie de la conscience individuelle pour normer la croyance de toute une Eglise.

Et cette responsabilité individuelle des chrétiens se traduit alors en service pour le monde, notamment dans le domaine social. «Si la grâce du salut qui m’est faite à moi est aussi pour toutes et tous, je ne peux que vouloir la partager», commente la doctorante.