Mauvaises questions...

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[pas de légende]

Mauvaises questions...

9 juillet 2022

 

Luc 10 : 25-37

Ce dimanche Luc met en scène un avocat qui tente de mettre Jésus dans l’embarras.

A ce stade de l'histoire Jésus n’est qu’un jeune rabbin populaire qui enseigne la Torah à des foules toujours plus nombreuses.

Sorti de cette foule, un avocat décide de tester Jésus.

Ceci était monnaie courante dans la société de l'époque : c'est ainsi que l'élite et les professionnels éduqués interagissaient les uns avec les autres. L’avocat amène donc Jésus sur le terrain de l’éthique et éprouve ses capacités à débattre.

Le chapitre 10 de Luc est probablement le plus connu et le plus populaire de l'évangile de Luc. Il nous y est racontée la parabole du bon samaritain.

L’avocat demande au jeune rabbin comment obtenir la vie éternelle. Fidèle à lui-même, Jésus répond par une autre question.

L'avocat connaît déjà la réponse : le chemin pour atteindre la vie éternelle est de suivre les deux commandements les plus importants, aimer Dieu et aimer son prochain. Le rusé homme de loi pose alors la question qui tue : "Et qui est mon prochain ?"

Fidèle à son habitude Jésus va lui raconter cette histoire que vous connaissez aussi bien que moi.

Un homme voyageait de Jérusalem à Jéricho sur une route qu'il ne fallait jamais emprunter à cause des brigands qui attaquaient régulièrement les voyageurs.

C’est ce qui arrive et l’homme est laissé pour mort au bord de la route.

Arrive un prêtre, homme important qui fait partie de l’élite et qui passe son chemin.

 

Arrive un lévite, la classe juste en dessous, et qui passe aussi son chemin.  

Vient ensuite un Samaritain. Alors qu'un prêtre était tout en haut de l’échelle sociale les Samaritains en constituaient l’échelon le plus bas.

Juifs et Samaritains se haïssaient depuis plus de mille ans. A la mort du roi Salomon, la monarchie se scinde en deux: les dix tribus du Nord fondent une capitale dans la ville de Samarie alors que les deux tribus du sud établissent leur capitale à Jérusalem. Il y avait une hostilité ethnique, culturelle et religieuse entre Juifs et Samaritains.

Lorsque Jésus prononce le mot « Samaritain », l'avocat saisit immédiatement où il veut en venir.

La façon dont nous avons toujours entendu cette histoire interprétée est la suivante : l'avocat demande "Qui est mon voisin ? " – pour savoir qui il devrait aider.

Et la morale que nous avons toujours retenu de cette histoire est que l'homme blessé sur le bord de la route est notre prochain. Nous devrions toujours sortir de notre zone de confort pour aider tous ceux qui ont besoin d'aide, peu importe qui ils sont. C’est précisément ce que démontre le Samaritain.

Et c'est bien sûr une très belle façon d'interpréter cette parabole.

Mais regardons le texte de plus près : Jésus demande à l'avocat : voici trois hommes, deux puissants et un étranger. Qui est le prochain dans l’histoire ?  C'est le Samaritain.

Oui mais là n'était pas la question. L'avocat avait demandé : qui est mon prochain ? Et Jésus renverse la question.

En réponse à la question de l'avocat, Jésus ne sort pas une liste de prochains, le sans-abri au coin de la rue, le réfugié qui fuit la guerre, la femme battue.

Au lieu de cela, Jésus pose une tout autre question : de qui es-tu prêt à être le prochain ?

Qui est mon prochain demande l’avocat ?

De qui peux-tu être le prochain répond Jésus.

Voilà tout est dit !

Richard Falo

 

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