En novembre, nos corps souffrent d’être contraints à suppporter chaque jour la perte d’une minute d’ensoleillement. Foisonnent alors autour de nous, les fatigues, les essoufflements, les irritations du quotidien. Tout paraît plus sombre, parce qu’effectivement les journées sont plus courtes. Quel remède à cette inéluctable évidence ?

A leur manière, les Eglises ont décidé d’accompagner cette saison exténuante. Se calquer sur le mouvement populaire et profane, faire coïncider les fêtes religieuses de Noël avec le retour de la lumière. Pouvoir ainsi terminer l’année et la vie de l’Eglise à la fin novembre avec le culte du souvenir, en déposant le nom de nos personnes disparues dans le recueillement et la méditation.

De sorte que ce qui semblait sinistre et sombre devient l’occasion de faire une halte débarrassée d’angoisse. Confier les épreuves et les peines de l’année qui s’achève. Pleurer nos disparus. Accepter en définitive de traverser, comme le dit si bien le psaume 23 : « La vallée de l’ombre de la mort ». Telle une feuille d’automne, brunir et se détacher de la branche pour tomber sur le sol. Et faire corps avec ce sol où nos lourdeurs de 2023 ne demandent qu’à se décomposer pour devenir le terreau de nos lendemains.

Nous présageons la clarté de ces lendemains, qui allume partout dans la maison des bougies, qui se passionne à organiser les fêtes entre amis ou les repas de famille, qui réfléchit aux cadeaux qui feront briller de joie et de surprise les personnes qui lui sont chères.

Somme toute, l’anti-déprime de novembre est de ne pas lui résister. Bien plus encore, elle est l’occasion de faire peau neuve, d’adoucir l’âpreté d’hier. Alors bientôt, nous gagnerons, sans rien faire, une minute d’ensoleillement chaque jour. Chaque jour, nos torpeurs se métamorphoseront. Novembre est le mois à vivre avec patience sans s'effrayer de la fatigue ambiante.