De nombreuses façons de célébrer

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De nombreuses façons de célébrer

Propos recueillis par Camille Andres et Nicolas Meyer
28 novembre 2019
Comment fêter Noël quand la famille n’est pas là, est différente, est recomposée, vit à distance…? Qu’est-ce qui compte dans ces moments-là?

SUSPENSE

«Noël, c’est la période où je suis libre de jouer longtemps et de me balader partout avec mes petits cousins. J’aime aussi cette période parce que c’est le suspense pour savoir quel cadeau on aura!»

Jacques * V., 12 ans, Neuchâtel

C’EST TOUTE L’ANNÉE

«Il a fallu des décennies pour que je puisse assumer mon identité sexuelle; j’ai donc longtemps fêté Noël en famille, mais sans partenaire. J’ai fait mon coming-out il y a peu. Aussi, ces dernières années, je fête Noël avec mon compagnon chez une amie et j’ai pour habitude de rendre visite à ma famille. Pour moi, le message de Noël, en tant que chrétien, se vit tout au long de l’année. Noël demeure le point culminant d’une révélation, mais il est tout aussi important de s’inviter, de partager, de fraterniser en tout temps.»

François * P., 68 ans, protestant et homosexuel, Genève 

LA RONDE DES CADEAUX

«Mes parents sont séparés depuis que je suis petite. Du coup, je fête deux fois: la première avec la famille de ma mère, et plus tard, lors des vacances, avec mon père. Dans ma famille maternelle, protestante, il y a une tradition que j’aime beaucoup. Un mois avant les fêtes, notre oncle tire au sort la personne à laquelle on doit offrir un cadeau. Chacun se voit attribuer un autre membre de la famille. Du coup, on se creuse vraiment la tête pour lui faire plaisir. Et le jour J, on s’assoit tous en cercle et l’on regarde qui a donné quoi à qui. Ça permet de penser vraiment à une personne en particulier, de ne pas être juste dans une démarche commerciale.»

Eline, 18 ans, Lausanne 

TRISTESSE

«En prison, c’est vraiment un moment de tristesse, car on est loin de sa famille. Pour ne pas être submergé par la douleur, on essaye de partager la parole de Dieu. On se souvient que Jésus est venu pour nous, pour tous. Le 24 décembre, j’ai pu appeler ma famille, en soirée, alors qu’ils sortaient du culte. Le 25, nous avons eu une célébration. Les aumôniers ont apporté des cadeaux à tous les prisonniers. Pas grand-chose, mais de quoi rappeler qu’en tant que chrétiens on pratique l’adage d’aimer les autres comme soi-même.»

Jacques * S., 60 ans, Lausanne, incarcéré durant trois ans (2016- 2019), époux et père d’une fille de 25 ans. 

UNE PRIÈRE

«Je n’ai plus de famille. Ceux que j’aime et que je peux appeler si j’ai un problème, c’est l’équipe de la pastorale de rue à Lausanne. C’est eux, ma famille. Je fête Noël avec eux, à la chapelle de la Maladière. C’est sympa: culte, souper canadien, échange des cadeaux, chants, discussions, café… Mais le moment que j’aime le plus, c’est quand on prie pour nos problèmes.»

Sheila, 45 ans, habitante en foyer, à Lausanne

COMMUNAUTÉ

«J’organise des repas au Gospel Center de Delémont. C’est important de partager ce moment avec d’autres, surtout des personnes âgées ou seules. Bien que je passe Noël en famille avant, j’avais envie de donner quelque chose à la communauté. Pour citer l’Epître de Jean: ‹La foi sans les oeuvres est morte.».

Jonathan Montavon, 26 ans, organisateur du projet Noël tous ensemble les 26 et 27 décembre au Gospel Center de Delémont 

CONVICTIONS VIVANTES

«J’ai passé plusieurs années de mon enfance dans un foyer d’accueil. Pour les fêtes, je rentrais chez ma mère qui m’élevait seule. Nous passions ce que je pourrais qualifier de ‹Noël, standard›. Auparavant, nous avions fêté Noël au foyer et avions joués des pièces de théâtre… Ces souvenirs m’ont laissé quelque chose de bien vivant, qui a contribué à forger mes convictions d’adulte. »

Rudolf Marti, 60 ans, président des foyers d’accueil des Petites familles du Jura bernois et ancien pensionnaire.

L’ATTENTE

«Ce qui est touchant chez les patients, c’est l’excitation, l’impatience avant que des proches ou un conjoint ne viennent les voir. Même s’ils ne peuvent bouger, on le lit dans leurs yeux. Le jour de Noël, cette attente, cet espoir sont comme exacerbés.»

Eric Zaugg, 74 ans, bénévole «Pousseur de lit» auprès des patients au centre hôspitalier de Bienne.

AVANT ET APRÈS

«Je vis seule. Je ne fête plus Noël, car je n’ai plus de famille, depuis huit ans et demi. Petite, je passais ce temps avec mes grands-parents. Ce que j’aimais c’était l’avant et l’après: le temps des préparatifs, faire la bûche ensemble. Et puis manger les restes!»

Laurence M., 41 ans, Monthey 

LA RIGOLADE

«Plus jeune, on se retrouvait tous en famille, avec tous mes cousins, une bonne vingtaine de personnes, dans un chalet, à Villars. J’aime bien recevoir des cadeaux, mais ce n’est pas ça qui comptait: c’était le grand repas, délicieux, la dinde géante au four, et la bonne ambiance de rigolade qui régnait.»

Katalin Cirio, 18 ans, Genève 

LE CHALET QUI CRAQUE

«A Noël, pas besoin de jongler pour trouver une date pour réunir la famille: tout le monde est présent, et c’est ça que j’aime. On se retrouve tous et pendant trois jours, c’est le chalet qui craque! La chaleur, les lumières, la musique, l’ambiance de montagne me touchent beaucoup. Mais c’est vrai qu’avant d’y arriver c’est beaucoup de stress: finir le travail, faire les courses, finir les cadeaux… »

Joëlle Cochard, 40 ans, Vevey. 

Les tables de Noël

C’est une initiative pionnière pour la Suisse romande. Dans le canton de Vaud, ProSenectute met en lien des habitants qui souhaiteraient accueillir des seniors de leur région chez eux le temps d’un repas de fête dans certaines régions du canton de Vaud (Gros-de-Vaud, Ouest lausannois, Balcon du Jura, Grandson, Nyon et Montreux). Pour participer comme organisateur ou participant, il suffit de s’inscrire auprès de ProSenectute, un défraiement de 25 fr. par repas est versé aux organisateurs. 021 646 17 21 ou mehregan.joseph@vd.prosenectute.ch.