Portes ouvertes sur les persécutions chrétiennes

Service religieux dans la cathédrale de l'Immaculée Conception à Pékin, en Chine. / ©iStock/FangXiaNuo
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Service religieux dans la cathédrale de l'Immaculée Conception à Pékin, en Chine.
©iStock/FangXiaNuo

Portes ouvertes sur les persécutions chrétiennes

16 janvier 2019
Le nombre de violences perpétrées à l’encontre des chrétiens en Chine et en Inde est en nette augmentation, selon l’Index mondial des persécutions 2019. Une érosion de la liberté religieuse directement liée aux régimes politiques en place dans ces pays.

Un chrétien sur neuf est victime de discrimination et de persécution dans le monde et un sur trois en Asie, selon l’Index mondial des persécutions 2019, publié par l’organisation chrétienne Portes Ouvertes le 16 janvier. «La liberté religieuse est en danger, et pas seulement pour les chrétiens. J’en appelle à la communauté internationale. La situation des minorités religieuses est trop souvent ignorée. Les intérêts économiques prennent le dessus, au détriment de la défense des droits humains», s’inquiète Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes. «La recrudescence des persécutions chrétiennes en Chine et en Inde est telle qu’elle influence l’ensemble de notre évaluation et grossit le nombre global de violences», explique Philippe Fonjallaz. La Chine passe de la 43e à la 27e place du classement, tandis que l’Inde fait son apparition dans le top 10, à la dixième place.

Si globalement les pressions sociales et familiales, restent les plus fortes, elles sont exacerbées par les politiques gouvernementales. D’un côté, «il y a une faiblesse de la part de certains États qui laissent la place à des extrémistes qui déstabilisent le pays, procèdent à des nettoyages ethniques ou s’installent sur des territoires pour y imposer leur loi. C’est le cas en Afrique subsaharienne avec la propagation de l’islam radical», explique Philippe Fonjallaz. D’un autre côté, il y a une volonté de contrôle de la religion de la part de certains régimes politiques, comme observé sur le continent asiatique.

Un christianisme chinois

«La Chine cherche à museler la communauté chrétienne», constate le directeur de Portes Ouvertes. Depuis février 2018, de nouvelles lois sont entrées en vigueur dans le pays. Elles prévoient notamment de sanctionner les communautés qui organisent des activités religieuses non-déclarées. «Nous sommes face à un autoritarisme d’État qui tend à inféoder la religion», explique Philippe Fonjallaz, qui s’est rendu en Chine en octobre dernier. «Dans les Églises officielles, le drapeau national doit être placé au-dessus de la croix. Des caméras de surveillance sont installées face à l’assistance, l’hymne national doit être chanté avant chaque service religieux et les sermons des pasteurs sont soumis à la relecture d’un représentant du parti communiste», liste-t-il. Mais des réactions commencent à émaner de la part des pasteurs qui refusent notamment de passer leur sermon au crible de la censure ou de faire fi du premier commandement selon lequel Dieu est unique. Des opposants qui risquent d’être arrêtés et emprisonnés sans autre forme de procès.

Quant aux Églises non officielles, elles sont la cible de descentes de police. «La plus grande Église de maison de Pékin, Sion, forte de 1500 membres a été fermée en septembre, car elle refusait d’installer des caméras tournées vers l’assistance», communique Portes Ouvertes. «Je n’ai pas pu visiter d’Église de maison. La présence d’un occidental pourrait attirer les soupçons des autorités. Dernièrement, l’une d’entre elle a même dû se séparer en trois afin de ne pas éveiller les soupçons.» En 2018, 1131 chrétiens chinois ont été emprisonnés, contre 134 en 2017.

En Inde, c’est l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste hindou il y a cinq ans, qui est à l’origine de la hausse des violences dont sont victimes les chrétiens. «Pour être indien, il faut être de religion hindoue», lit-on dans le communiqué de Portes Ouvertes. Huit États indiens sur vingt-neuf appliquent une loi anti-conversion, qui soumet toute conversion à une autorisation de l’État. Portes Ouvertes dénombre pas moins d’une centaine d’attaques contre des églises et au moins 12'500 contre des chrétiens.

Moins de liberté religieuse

Cette année encore, et depuis 2002, la Corée du Nord occupe la première place du classement de l’Index mondial. La Fédération de Russie fait son entrée dans le classement à la 41e place. Quant à l’Algérie, qui occupe la 22e place, elle est le pays qui a connu la plus forte augmentation de son score entre l’Index 2018 et l’Index 2019. «L’hypothèse la plus plausible est qu’une plus grand audace dans la pratique de la foi a provoqué un retour de manivelle de la part de la société

L’Index mondial des persécutions 2019 est réalisé sur la base d’informations provenant de sources religieuses et laïques, récoltées dans les pays concernés. Il analyse la situation de 150 pays entre le 1er novembre 2017 et le 31 octobre 2018. Le classement recense les 50 pays dans lesquelles les persécutions des chrétiens sont les plus fortes.